Web-série — Ils ont débuté artilleur, chef de garde à la BSPP ou chef de section de combat. La Brigade a découvert cet été trois nouveaux chefs de corps. Trois profils pour trois groupements dont l’identité diffère mais qui font l’essence même de la BSPP. Trois fanions, trois chefs, trois parcours. Premier portrait de la série le colonel Thomas Brucker qui prend en charge le GIS 2.
Le colonel Thomas Brucker a pris le commandement du deuxième groupement d’incendie et de secours (2e GIS) le 30 juin dernier dans la cour de l’état-major de Champerret. C’est dans des conditions particulières que le colonel Ronan de Blignières lui a transmis le fanion du groupement, symbole de son histoire, de son vécu opérationnel et de la fraternité d’armes qui le caractérisent.
La crise sanitaire liée à la Covid-19 a bousculé la cérémonie mais n’a, en aucun cas, déprécié l’éclat ni la superbe de la mission confiée ce jour-là. « C’est un honneur pour moi que de me voir confier le commandement d’un groupement fort de 1 650 sapeurs-pompiers de Paris » évoque dignement le nouveau chef de corps du 2e GIS.
Âgé de 42 ans, marié et père de deux garçons, le colonel Thomas Brucker connaît parfaitement bien la BSPP. Seize années ont passé depuis qu’il a poussé les portes du centre de secours Montmartre en tant que lieutenant et jeune chef de garde. Tout juste sorti de l’école spéciale militaire de Saint-Cyr à Coëtquidan, il fait ses armes au premier groupement d’incendie et de secours (GIS 1). Mais son premier temps de commandement aura lieu de l’autre côté de l’océan atlantique, en Guyane, au centre national d’études spatiales (CNES) de Kourou. Alors capitaine, il sert au sein de la 39e compagnie de 2006 à 2010. Ces quatre années intenses verront l’arrivée progressive des lanceurs Soyouz et Vega qui ont fait entrer le CNES dans une nouvelle dimension. De 2010 à 2012, il devient adjoint du chef de la section opérations instruction du GIS 1, en charge de la prévision opérationnelle, tout en obtenant le diplôme d’état-major et préparant l’École de Guerre. Justement, c’est ce dernier concours qu’il réussit brillamment en 2012. L’obtention du brevet de l’École de Guerre est une condition sine qua non pour le commandement d’un groupement d’incendie et de secours. Brevet d’études militaires supérieures en poche, il est affecté successivement à l’OTAN à Bruxelles, au centre interarmées de défense NRBC à Saumur (49) et à l’ONU au Mali dans le cadre de la MINUSMA. En 2018, il retrouve son premier amour, la BSPP. Cette fois ci, c’est au sein du bureau opérations instruction du 2e GIS, en qualité de chef de bureau. « Ces deux années ont été marquées par une intense séquence opérationnelle avec des opérations d’ampleur et le début des manifestations revendicatives » se souvient-il. Elles auront aussi terriblement marqué la Brigade avec le décès de quatre sapeurs-pompiers de Paris en opération sur le secteur du 2e GIS. C’est en juin 2020, après deux années intenses que le colonel Brucker prend les rênes du groupement. « Se voir confier un groupement est un moment fort dans une carrière que l’on se doit de savourer à chaque instant ».
« Le 2e GIS est un théâtre d’opération qui est aussi sollicitant qu’exigeant » souligne le colonel. Deux millions d’habitants, douze arrondissements de Paris et plus d’une quarantaine de communes du Val de Marne, voici le secteur du deuxième groupement d’incendie et de secours. D’importants monuments et bâtiments sensibles s’y trouvent notamment : de Notre-Dame de Paris au Louvre, de Beaubourg à la BNF ou du MIN de Rungis aux gares de Lyon, d’Austerlitz ou de l’aéroport d’Orly. Ce secteur présente de nombreux sites d’intérêt national et concentre les risques sociétaux, naturels ou technologiques des grandes mégapoles. En outre, « le développement du Grand Paris provoque une grande mutation du secteur, les interventions souterraines sont plus profondes et plus complexes » insiste le récent chef de corps.
Le deuxième groupement d’incendie et de secours est symbole de robustesse. « C’est un groupement aguerri qui a été durement éprouvé ces dernières années, mais qui poursuit sa mission sans faillir. Il est équilibré et brille entre une forte sollicitation opérationnelle et un entraînement dynamique performant » souligne le colonel. Devenu le chef de corps de 1 650 sapeurs-pompiers de Paris, le colonel Brucker aspire à ce que chacun « trouve sa place et s’épanouisse dans ses fonctions et responsabilités ». Son ambition pour le groupement est de « mener une préparation opérationnelle la plus réaliste possible pour préparer au mieux ses militaires notamment en qui concerne les interventions liées au chantier du Grand Paris Express ». Son plus grand défi ? « Que le 2e GIS soit au rendez-vous de chacune des quelques 300 000 interventions qui marqueront mon temps de commandement : de la plus petite à la plus dimensionnante ».
LES GRANDES ETAPES DE SA CARRIÈRE
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PHOTOS : CPL Jean-Marc Robert et BSPP