Web-série — Un parcours atypique et une carrière militaire placée sous le signe de la formation et de la transmission de savoirs. Le lieutenant-colonel Gilbert Antchandiet‑N’Komah nous raconte son histoire, pleine de rebondissements.
Cette prise de fonction atteste d’une certaine cohérence dans mon parcours ». Force tranquille et bienveillance naturelle se dégagent de la voix profonde et chaleureuse de cet homme marié, père de trois enfants. Né à Libreville au Gabon en 1969, le jeune Gilbert se prédestine très tôt à porter l’uniforme. « Mes deux parents étaient officiers de l’armée gabonaise. L’horoscope paternel me préconisait donc une carrière militaire ou diplomatique. J’ai été reçu pour mon grand bonheur au Lycée militaire d’Autun, se remémore-t-il amusé. À l’âge de quinze ans, je suis arrivé en France ma valise sous le bras, très heureux et… un peu perdu ! » Élève à titre étranger, l’adolescent devient un enfant de troupe, passe son baccalauréat, intègre une prépa militaire puis Saint-Cyr en 1993. « Je passe trois années exceptionnelles, forgeant ma volonté de servir et de commander. Puis une année supplémentaire à l’École supérieure et d’application du génie (ESAG). » Sans même songer aux pompiers de Paris, il est déjà un sapeur du Génie.
Une fois sa formation achevée en 1997, le jeune lieutenant intègre l’armée gabonaise au sein de la compagnie des travaux du génie. Pourtant, un événement majeur va bouleverser sa carrière six mois plus tard. « Le Congo tombe dans une guerre civile meurtrière et l’on me désigne pour commander un détachement d’infanterie d’une cinquantaine d’hommes. » Leur mission consiste alors à sécuriser les frontières et protéger les populations. « La guerre occasionne des bouleversements démographiques, des déracinements et des drames qu’on n’imagine pas. En réalité, je ne pensais pas être confronté aux dures réalités du combat et du feu, si tôt après ma sortie d’école. »
À l’issue de cette mission, le militaire retrouve sa compagnie d’origine. Pendant un an, il réalise des manœuvres internationales dans le cadre du renforcement des capacités africaines de maintien de la paix (RECAMP). En 1999, le ministère de la Défense gabonais lui confie une tâche ambitieuse : créer une école d’enfants de troupe à Libreville. « En partant d’une feuille blanche, je m’inspire de mon expérience, de mes connaissances, de l’observation du contexte et des réalités de l’armée gabonaise pour créer cette école à vocation régionale. » Après deux ans de travail, le Prytanée militaire de Libreville sort de terre. « Elle est aujourd’hui la meilleure école publique du Gabon, se félicite-t-il. Cette étape marque les prémices de mon engagement dans l’instruction et la formation. »
Pour des raisons personnelles, l’officier démissionne de l’armée gabonaise, s’engage sous le drapeau français et intègre la BSPP. « Après certaines tribulations, je ressentais un besoin de servir autrement, je voulais aider la population civile en sachant que la BSPP correspondrait à mes attentes. » À la suite de sa formation initiale d’officier (FIO), il rejoint la 17e compagnie d’incendie et de secours. « Je découvre ainsi le métier exaltant de pompier de Paris, de chef de garde et d’officier de garde compagnie, poursuit-il. Pendant 5 ans, j’assure la fonction de 4e officier puis de 3e officier. »
Ethique et déontologie
En 2006, le militaire est affecté au GFI, futur GFIS, en qualité d’officier adjoint de l’imposant centre d’instruction des recrues (CIR). Un an plus tard, il devient le premier commandant d’unité de la compagnie de formation n°1 (CDF1). « Durant trois ans, je mets en pratique mon expérience de la formation et de l’instruction pour les recrues. De 2010 à 2013, j’effectue un passage à l’EM GFIS en qualité d’officier supérieur adjoint. » Par la suite, l’officier mute à l’état-major des armées en 2013. « Je suis affecté en qualité d’expert en prévention et protection contre les incendies et référent national des ouvrages enterrés à vocation opérationnelle. Cette mission exaltante me permet de découvrir d’autres aspects de la protection incendie. J’apporte également, dans le cadre de cette affectation, mon appui aux unités militaires, qu’elles soient en France métropolitaine, au sein des éléments français à l’étranger ou en Outre-mer ». Retour à la BSPP en 2017 pour devenir le commandant adjoint au bureau ingénierie de la formation (BIF). Deux ans plus tard, c’est au bureau ressources humaines (BORH) qu’il assure la fonction d’adjoint au chef de bureau.
En juin 2021, le lieutenant-colonel Antchandiet‑N’Komah est nommé chef de corps du 6e groupement. « Le GFIS c’est le cœur battant de la formation à la BSPP. Pour les jeunes et les moins jeunes, c’est l’école de la vie, de la première fois. Le GFIS, accueille, éduque, forme, modélise, façonne ou prépare la ressource qu’il met à disposition des unités opérationnelles pour le combat direct ou des unités de soutien pour l’emploi dans les compagnies dites métiers. » Face à la crise de la Covid-19, le groupement s’est particulièrement impliqué afin d’assurer la continuité des formations. « Je tiens à saluer le colonel Destable et ses équipes qui ont su faire face à la menace pendant la crise sanitaire. »
« Aujourd’hui, mon objectif consiste à assurer la continuité des enseignements aussi bien au niveau de la qualité que de la densité. Pour ce faire, je compte inévitablement m’appuyer sur le développement de nos enseignements numériques. J’ai également la volonté de renforcer la part faite à l’éthique et à la déontologie. Ces piliers sont essentiels dans l’accomplissement de notre beau métier, un quasi sacerdoce. » Un autre défi de taille attend également le colonel : le déménagement vers le site Limeil-Brévannes-Valenton d’ici 2022. « Je serai certainement le premier chef de corps à prendre pieds à LVV », conclut-il avec humour.
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Photos : CCH Soline LAPLACE