Général Jean-Claude Gallet et Romain Gubert

Les rencontres d’ALLO DIX-HUIT — Nous sommes allés à la rencontre du général Jean-Claude Gallet et de Romain Gubert à l’occasion de la sortie de leur livre : Éloge du courage. Mais, c’est une nouveauté, puisque nous vous livrons l’intégralité de cette grande interview sous forme d’un podcast à écouter.

Har­ry Cou­vin —  — Modi­fiée le 25 juillet 2024 à 08 h 28 

Le cou­rage. Un sen­ti­ment, un acte, une pen­sée ? En tout état de cause, il existe en réa­li­té, assez peu d’ou­vrages sur la ques­tion. Il faut dire que le sujet n’est pas simple à trai­ter à moins d’être phi­lo­sophe, homme poli­tique ou éven­tuel­le­ment You­tu­beur !
Rien de tout ça dans ce livre qui s’ap­pa­rente plu­tôt à un dia­logue où il man­que­rait le texte d’un des deux pro­ta­go­nistes, tout en sen­tant sa pré­sence. Le pro­pos est lim­pide, basé sur des exemples, des cita­tions lit­té­raires, des situa­tions dif­fi­ciles, des moments de vie, racon­tés sans jamais être péremp­toires, sans jamais don­ner de leçon.
Cet ouvrage de 140 pages se lit vite et bien, tant la langue est à la fois directe et agréable, sin­cère et sans ambages. Fina­le­ment, ce livre nous incite à par­ta­ger des réflexions per­son­nelles. Dans ces temps incer­tains, c’est déjà un grand pas en avant. À condi­tion d’en avoir… Le courage.

Et à pro­pos de par­tage, il est à noter que l’in­té­gra­li­té des droits d’au­teur du géné­ral Gal­let seront rever­sés à l’A­DOSSPP (l’as­so­cia­tion des oeuvres sociales des sapeurs-pom­piers de Paris) et Terre Fra­ter­ni­té (sou­tien des bles­sés de l’ar­mée de Terre).

C’est donc dans les locaux de Gras­set, leur mai­son d’é­di­tion que Har­ry Cou­vin, notre rédac­teur-en-chef les a ren­con­trés. Tous à vos casques, à vos enceintes !

Le cou­rage du chef, ce n’est pas un cou­rage qui se décrète. C’est un cou­rage qui dit : « j’ai confiance dans mes hommes, je suis res­pon­sable d’eux. Quoi qu’il se passe, même s’il y a des erreurs, je suis le res­pon­sable. » Un chef n’en­voie pas à la mort. Mais à la vie. C’est dire : « on avance ensemble. En avant ! » les res­pon­sables poli­tiques disent trop sou­vent : « j’ai rai­son ». Les chefs doivent assu­mer leurs erreurs pour avancer.”

“Quand les corps des enfants du Bata­clan et des ter­rasses s’in­vitent dans mes cau­che­mars, je pense aux hommes et aux femmes de la Bri­gade. Ce soir-là, cer­tains se sont enga­gés sous le feu des ter­ro­ristes pour aller sau­ver des jeunes de leur âge. Ils ont aus­si fait des choix ter­ribles. Choi­sir les bles­sés, ceux que l’on peut sau­ver et les autres. Avec pour seul guide l’ins­tinct, l’Hu­ma­ni­té. Et deux mots dans la tête : « sau­ver ou périr », la devise de la Bri­gade. Deux mots qui per­mettent de tenir debout et de ne pas s’effondrer.”

Cette nuit-là le monde entier admire mes hommes à Notre-Dame, mais de mon côté, je repense sur­tout à ce dont on était capable deux mois plus tôt dans un immeuble, rue Erlan­ger dans le XVIe arron­dis­se­ment. Je le revois en équi­libre, défiant les lois de la gra­vi­té le long de la paroi lisse d’une façade. Je revois l’un d’entre eux, léché par les flammes por­tant un enfant dans les bras. Deux mois avant Notre-Dame, ils ont sau­vé 66 per­sonnes de la four­naise. S’il réa­lise cet exploit, c’est grâce a la force du groupe.”