Planète Brigade — Le monument aux morts pour la France en opérations extérieures est un mémorial inauguré en 2019 dans le jardin Eugénie-Djendi, parc André Citroën dans le XVe arr.. Dans le cadre du 170e anniversaire de la création de la médaille militaire, le jeudi 17 novembre 2022 à 9 heures, notre section des médaillés militaires pompiers de Paris, actifs et retraités, a participé à cette commémoration avec dépôt de gerbe de la SNEMM sous la présidence de Madame Patricia Miralles, secrétaire d’État auprès du ministre des Armées, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire.
Le monument est impressionnant. Six soldats anonymes (cinq hommes et une femme) portent un cercueil invisible. Les statues de soldats, réalisées en bronze, sont à taille réelle, fixées à même le sol, l’un d’eux est de type polynésien. Les différentes coiffes en usage dans les forces armées sont représentées : casquette, calot, képi, béret, bâchi et tricorne.
La sculpture a été réalisée par l’agence Pièces-montées et l’artiste Stéphane Vigny, à l’origine du projet. Cette symbolique reprend l’esprit d’un soldat inconnu, bien qu’ici les noms soient connus et gravés sur plaques à l’exception des militaires des services spécialisés de renseignements morts pour la France en opérations extérieures, regroupés sous cette seule expression. Beaucoup parmi les participants de cette cérémonie ont découvert avec émotion ce monument.
Il est donc situé dans le parc André Citroën, inauguré en 1992, 2 rue Cauchy dans le XVe arr., sur l’emplacement de l’ancienne usine parisienne de Citroën. Le monument aux morts du jardin Eugénie-Djendi honore la mémoire des soldats morts pour la France en opérations extérieures. Le Journal officiel du samedi 7 décembre 2019 fixant la liste des hauts lieux de la mémoire nationale du ministère des Armées en ajoute son nom, au même titre que le Mont Valérien, le mémorial des martyrs de la Déportation dans l’Ile de la Cité ou l’ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof…
Une naissance difficile
Sa réalisation et son emplacement ont été un parcours du… combattant ! Nous sommes en France et la politique n’est jamais très loin. Le projet d’un monument rendant hommage aux soldats morts en opérations extérieures a été confié en 2011 au général Thorette, alors CEMAT. Le projet prévoyait une localisation du monument près des Invalides (place Vauban), mais le refus de la maire du VIIe arr. et de l’architecte des bâtiments de France, ont perturbé le plan initial. Les familles des soldats victimes ont vu, souvent avec consternation, le projet décrié, déplacé, repoussé…mais heureusement jamais abandonné. Après de nombreuses péripéties politico-économico-juridiques, l’inauguration n’a donc pas eu lieu, comme prévu le 11 novembre 2018 pour le centenaire de l’Armistice, mais bien, un an plus tard, le 11 novembre 2019 par le président Macron.
Un emplacement, fortement symbolique puisque la sous-lieutenant Eugénie Malika Manon Djendi, dont le jardin porte le nom, avait 20 ans quand elle s’est portée volontaire pour être parachutée en France en avril 1944. Arrêtée par la police, elle sera ensuite déportée au camp de Ravensbrück avant d’y être exécutée. Un destin incroyable, pour une combattante pourtant longuement oubliée par la mémoire collective.
Pour l’inauguration, les noms de 549 militaires (2 femmes, 547 hommes) morts en opérations extérieures depuis 1963 ont été gravés sur un mur comportant 37 plaques en laiton. Les noms des militaires sont regroupés par théâtres d’opérations (17 au jour de l’inauguration), puis classés par date de décès. Un l’espace est laissé libre pour graver d’autres futures victimes d’OPEX en cours et futures.
Cette histoire est rédigée en leur honneur et permettra à chacun d’entre nous, présent à un moment ou un autre, d’en être imprégnée. Nous savons ce que représente pour nous, pompiers de Paris, un tel mémorial.
Patrice Havard, président honoraire de la section.