MUSIQUE DE LA BSPP — Le sens de la mesure

#BrigadeInside — La Musique des sapeurs-pompiers de Paris donne le La à toutes les cérémonies de la Brigade. En parfaite harmonie entre tradition, solennité, puissance et émotion, le groupe s’attache dans ses choix musicaux à concilier, selon l’occasion, thèmes militaires traditionnels et musiques populaires. La rédaction d’ALLO DIX-HUIT a choisi de braquer les projecteurs sur ce groupe qui porte l’image de la BSPP sur le devant de la scène.

Myriam Jabal­lah —  — Modi­fiée le 21 juillet 2024 à 09 h 57 

L’histoire de la Musique des sapeurs-pompiers de Paris

Dès la créa­tion du bataillon de sapeurs-pom­piers de Paris en 1811, deux tam­bours sont répar­tis par com­pa­gnie d’incendie. Leur mis­sion consiste à exé­cu­ter les son­ne­ries régle­men­taires qui rythment la vie des casernes du réveil au couvre-feu. Avec l’ordonnance royale du 15 octobre 1840, por­tant sur la créa­tion d’une cin­quième com­pa­gnie, le bataillon dis­pose rapi­de­ment de dix tambours.

Lors de la réor­ga­ni­sa­tion du bataillon, les tam­bours sont rem­pla­cés par trois clai­rons par uni­té opé­ra­tion­nelle. Le corps compte ain­si quinze sapeurs-clai­rons et un capo­ral-clai­ron, affec­tés à l’état-major. Après la créa­tion de la sixième com­pa­gnie et le rat­ta­che­ment de l’ex-armée d’Orient en tant que sep­tième com­pa­gnie, le bataillon dis­pose de 30 sapeurs-clai­rons et d’un ser­gent-clai­ron à la fin de l’année 1855. Par décret impé­rial du 5 décembre 1866, le corps des sapeurs-pom­piers de Paris devient un régi­ment de deux bataillons de six com­pa­gnies cha­cun. Le corps dénombre alors 36 sapeurs-clai­rons aux­quels s’ajoutent un ser­gent dési­gné chef de fan­fare et un capo­ral-clai­ron affec­tés à l’état-major. Le com­man­de­ment décide alors de regrou­per régu­liè­re­ment les clai­rons répar­tis dans les com­pa­gnies d’incendie, pour des séances d’instruction mais aus­si pour pro­cé­der au contrôle de leurs connais­sances en matière de son­ne­ries et de marches régle­men­taires. Le ter­rain de manœuvre du Champs-de-Mars est dési­gné comme le pre­mier lieu de répétition.

Pen­dant la seconde guerre mon­diale, sous l’occupation, d’autres ins­tru­men­tistes viennent se joindre peu à peu à cette for­ma­tion. L’apport des bois et des cuivres abou­tit à la consti­tu­tion d’une fan­fare régi­men­taire qui comp­te­ra plus de 60 exé­cu­tants. Dès 1943, la for­ma­tion par­ti­cipe aux mani­fes­ta­tions internes du régi­ment ain­si qu’aux fêtes de la Libé­ra­tion. En 1945, les musi­ciens sont regrou­pés deux fois par semaine pour les répé­ti­tions. Cinq ans plus tard, la fan­fare régi­men­taire devient musique du Régi­ment de sapeurs-pom­piers de Paris.

En 2005, la recon­nais­sance du domaine de spé­cia­li­té « musique » à la Bri­gade entraîne la pro­fes­sion­na­li­sa­tion de la for­ma­tion musi­cale du corps. Les musi­ciens sapeurs-pom­piers quittent défi­ni­ti­ve­ment le ser­vice incen­die et de secours pour se consa­crer prin­ci­pa­le­ment aux acti­vi­tés musicales.

La Musique aujourd’hui

Aujourd’hui, nom­mé “Musique des sapeurs-pom­piers de Paris”, le groupe est consti­tué de quatre sous-offi­ciers et 51 enga­gés volon­taires spé­cia­listes « musique ». Par­tie inté­grante de la Bri­gade, il est atta­ché admi­nis­tra­ti­ve­ment au grou­pe­ment de for­ma­tion d’instruction et de secours au sein de la com­pa­gnie de com­man­de­ment et de logis­tique n°6.

Il com­prend deux for­ma­tions distinctes :

- l’orchestre d’harmonie : ensemble musi­cal réunis­sant trois familles d’instruments : les bois (pic­co­lo, flûte, haut­bois, cor anglais, bas­son, cla­ri­nette, saxo­phone), les cuivres (trom­pette, cor­net, bugle, cor, trom­bone, eupho­nium, tuba) et les per­cus­sions. Une contre­basse à cordes com­plète l’ensemble ;

- la bat­te­rie : ensemble musi­cal réunis­sant les ins­tru­ments d’ordonnance (tam­bour, clai­ron et trom­pette de cavalerie).

La poly­va­lence des membres qui la com­posent per­met éga­le­ment la consti­tu­tion de divers petits ensembles (quin­tette à vent, quin­tette de cuivres, qua­tuor de saxo­phones, qua­tuors de cla­ri­nettes, etc.).

Si la Musique est posi­tion­née à la caserne Mas­sé­na depuis le 1er août 2010, où elle dis­pose de bureaux, d’espaces de sto­ckage des ins­tru­ments et de maté­riels, ses séances de tra­vail se tiennent au théâtre Fir­min Gémier — La Pis­cine à Cha­te­nay-Mala­bry (92). Elle est pla­cée sous la direc­tion du major Domi­nique Fiau­drin, chef de musique, du ser­gent Meh­di Lou­graï­da, adjoint au chef de musique, du ser­gent-chef Julien Voi­sin, tam­bour-major et du ser­gent Pierre-Alexandre Faré, adjoint au tambour-major.

Juste après le confi­ne­ment, la Musique a lan­cé #ADLIBITUM, une série de concert en ligne…. Voi­ci Car­men Fan­tai­sie (BIZET/​Adpt. DE SARASATE /​arr. BALDEYROU)

À la Brigade et au-delà

Tout en assu­rant sa mis­sion dévo­lue au céré­mo­nial mili­taire, la Musique contri­bue au rayon­ne­ment et à l’image des sapeurs-pom­piers de Paris au tra­vers de pres­ta­tions musi­cales. Qu’il s’agisse du cadre mili­taire comme du cadre civil, elle entre­tient des échanges avec les milieux cultu­rels et péda­go­giques. Elle est un maillon du lien armée-nation et l’un des élé­ments repré­sen­ta­tifs de la BSPP en France comme à l’étranger.

La Musique par­ti­cipe en prio­ri­té à toutes les céré­mo­nies et acti­vi­tés internes qui jalonnent la vie du corps et celle de ses uni­tés. Elle s’applique à main­te­nir toute la solen­ni­té des prises d’armes et hon­neurs mili­taires ren­dus aux hautes auto­ri­tés civiles et mili­taires. En 2019, si la majo­ri­té des 188 pres­ta­tions a concer­né des céré­mo­nies Bri­gade, un quart d’entre elles a été com­man­di­té par d’autres orga­nismes mili­taires et prin­ci­pa­le­ment par le Gou­ver­neur mili­taire de Paris.

S’efforçant de main­te­nir le pres­tige et la renom­mée de la Bri­gade, la Musique est aus­si sol­li­ci­tée pour des concerts au pro­fit de muni­ci­pa­li­tés, d’associations et d’organismes divers.

En outre, elle contri­bue à la pré­ser­va­tion d’un patri­moine musi­cal abor­dant tous les styles et élar­git son réper­toire vers des œuvres ori­gi­nales com­po­sées spé­ci­fi­que­ment pour orchestre d’harmonie

Comment devenir musicien ?

Lorsqu’un poste est vacant à la Musique, un concours de recru­te­ment est orga­ni­sé. Les can­di­dats doivent alors pré­sen­ter un pro­gramme musi­cal impo­sé rele­vant d’un niveau d’études supé­rieures de conser­va­toire. Arti­cu­lé en plu­sieurs étapes sélec­tives der­rière paravent, le concours se ter­mine par un entre­tien avec le jury. Le musi­cien rete­nu est orien­té vers le centre d’information et de recru­te­ment des forces armées (CIRFA) le plus proche de son lieu de rési­dence pour y ouvrir un dos­sier de recru­te­ment d’engagé volon­taire de l’armée de terre (EVAT) « spé­cia­liste musi­cien », au titre de la BSPP.

Si sa can­di­da­ture est rete­nue, le musi­cien est incor­po­ré à l’école de for­ma­tion des sapeurs-pom­piers de Paris, au Fort de Vil­le­neuve-Saint-Georges. Il suit alors sa for­ma­tion ini­tiale (mili­taire, secou­risme, sport), pen­dant une durée de six semaines, qui est sanc­tion­née, sous réserve de réus­site, par l’attribution du cer­ti­fi­cat pra­tique de sapeur-pom­pier spécialiste.

À noter que le musi­cien par­ti­cipe à toutes les acti­vi­tés musi­cales de pré­pa­ra­tion comme de repré­sen­ta­tion. Il concourt aux mis­sions du ser­vice inté­rieur et a le sou­ci per­ma­nent de sa condi­tion phy­sique. Res­pon­sable de la qua­li­té de son inter­pré­ta­tion musi­cale, il doit entre­te­nir ses acquis et pour­suivre sa pro­gres­sion sur le plan technique.

hôtel des invalides

Portrait

“Par­ti­ci­per au rayon­ne­ment de la BSPP en musique…” Sapeur de 1CL Clo­tilde Vancina

“ Après une licence, une pré­pa­ra­tion lit­té­raire, une maî­trise d’histoire, un mas­ter 2 Droit et Science Po, et tout juste ren­trée d’un stage à Bey­routh, je cher­chais ma voie pro­fes­sion­nelle. Je n’avais que 22 ans et douze années de pra­tique du haut­bois der­nière moi. J’ai déci­dé de pour­suivre ma pas­sion pour la musique en inté­grant le centre de for­ma­tion des ensei­gnants de la musique à Rouen. Durant cette période, j’ai conti­nué de pra­ti­quer la musique par le biais de petits concerts avec mon groupe. Puis un ami musi­cien m’a par­lé de la Bri­gade et de ses musi­ciens. Ce fut une évi­dence : vivre de ma pas­sion, tout en étant au ser­vice de l’armée ! J’ai deux grands frères mili­taires, alors for­cé­ment, je savais où je met­tais les pieds. J’ai pas­sé les tests de recru­te­ment au mois de sep­tembre et, deux mois plus tard, j’enfilais mes bottes et appre­nais à mar­cher au pas au fort de Vil­le­neuve-Saint-Georges. Après dix jours de for­ma­tion mili­taire géné­rale et un mois de for­ma­tion en secours à vic­time, j’ai rejoint la Musique. Alors que je n’avais avant jamais pen­sé au secou­risme, me voi­là en uni­forme et prête à jouer ! Je fais aujourd’hui par­tie de l’orchestre d’harmonie en tant que deuxième haut­bois, cor anglais solo. J’ai le sen­ti­ment d’appartenir à une famille et de faire quelque chose de bien plus grand que sim­ple­ment jouer de mon ins­tru­ment. Par­ti­ci­per au rayon­ne­ment de la Bri­gade en musique, per­pé­tuer son his­toire et ses tra­di­tions, est un hon­neur. J’arrive au milieu de mon pre­mier contrat et je compte bien en signer un second… ! ”

ADLIBITUM 2 : Suite ame­ri­ca­na d’En­rique CRESPO

Le solo du chef de musique

Major Domi­nique Fiaudrin

“La musique des sapeurs-pom­piers de Paris est un vec­teur majeur de rayon­ne­ment pour le Corps, un ciment iden­ti­taire pour nos frères d’armes tout autant qu’un lien pri­mor­dial avec la Nation. C’est un patri­moine cultu­rel vivant qui porte un label d’excellence, ser­vi par des musi­ciennes et musi­ciens de très haut niveau qui ont la pas­sion pour ce métier très pre­nant. Toutes et tous révèlent une richesse humaine et musi­cale fabu­leuses et font de cette for­ma­tion, dont je mesure l’immense pri­vi­lège qu’il m’est don­né d’avoir à com­man­der, un joyau unique, qui tient une place toute par­ti­cu­lière dans mon cœur.

Je sou­hai­te­rais sai­sir l’occasion que m’offre ALLO DIX-HUIT pour rendre hom­mage à tous nos anciens qui ont ser­vi la fan­fare régi­men­taire, la Musique du régi­ment puis celle de la Bri­gade… Je vou­drais expri­mer, aux musi­ciennes et musi­ciens, ma plus grande recon­nais­sance pour le sens du devoir et le goût de l’engagement dont ils font preuve dans le seul but de ser­vir la pres­ti­gieuse bri­gade de sapeurs-pom­piers de Paris.”

ADLIBITUM 3 : Danses nor­vé­giennes d’Ed­ward GRIEG
ADLIBITUM 4 : My Favo­rite Things de Richard RODGERS

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