NOUVELLE APPROCHE — Gestion de l’humain à destination des chefs d’agrès

 — Modi­fiée le 25 juillet 2024 à 08 h 44 

#BrigadeInside — Dans un climat parfois dégradé, influencé par de nombreuses contraintes cognitives, les chefs d’agrès se retrouvent de plus en plus souvent confrontés à la détresse psychologique ainsi que l’instabilité comportementale. Il semble essentiel d’avoir une réflexion novatrice sur ce genre de situation.

Les lun­di 21 et mar­di 22 février, la 8e com­pa­gnie d’incendie et de secours a orga­ni­sé une for­ma­tion sur le thème de la ges­tion de l’humain à des­ti­na­tion des chefs d’agrès de l’unité. Cette for­ma­tion avait pour but de sen­si­bi­li­ser cette caté­go­rie de per­son­nel sur la pré­pa­ra­tion et la ges­tion men­tale indi­vi­duelle et col­lec­tive à tra­vers divers outils. Le pre­mier jour, ont été abor­dés la ges­tion de soi, la prise de déci­sion et la ges­tion de l’information en situa­tion de satu­ra­tion cog­ni­tive. Les chefs d’agrès ont d’abord assis­té à une confé­rence à la Gaî­té lyrique sur les thèmes du stress, de la pré­pa­ra­tion men­tale et des Tech­niques d’Optimisation de Potentiel. 

Vous avez dit stress ?

Ce volet du sémi­naire s’est dérou­lé en deux phases. Tout d’a­bord, une confé­rence a nour­ri la par­tie théo­rique. Dif­fé­rents inter­ve­nants de tous hori­zons ont pré­sen­té le stress comme une réac­tion phy­sio­lo­gique et psy­cho­lo­gique nor­ma­li­sée, issue de la sur­charge cog­ni­tive ren­con­trée lors d’un évé­ne­ment oppo­sant une contrainte à l’individu. Pour gérer cet état, plu­sieurs outils ont été mis en avant :

  • la res­pi­ra­tion (tech­niques d’inspirations et d’expirations sur dif­fé­rents rythmes, cohé­rence car­diaque, cana­li­sa­tion de l’information par la cana­li­sa­tion de la res­pi­ra­tion etc.) ;
  • mais aus­si l’imagerie men­tale à tra­vers la pré­pa­ra­tion, la répé­ti­tion men­tale des actions à mener, se basant beau­coup sur l’imagination des sen­sa­tions res­sen­ties durant le dérou­le­ment men­tal de l’action, des odeurs, des matières tou­chées, des images qui appa­raissent etc ;
  • la visua­li­sa­tion chro­no­lo­gique de l’événement vécu pour amé­lio­rer le compte ren­du après une inter­ven­tion ou une action intense.

Focus sur la concentration

Vient ensuite une par­tie pra­tique basée dans un pre­mier temps, sur un par­cours nau­tique où l’on a pri­vé les par­ti­ci­pants de la vue pour les plon­ger dans un milieu sans leurs repères habi­tuels. Ils doivent affron­ter une sur­charge cog­ni­tive auto­ma­tique néces­si­tant une concen­tra­tion accrue pour mener des actions plus ou moins simples. Ceci per­met de géné­rer natu­rel­le­ment une situa­tion de stress afin de res­ti­tuer, ou au moins, expé­ri­men­ter per­son­nel­le­ment une situa­tion de mise en dif­fi­cul­té consen­tie. Ce par­cours était consti­tué d’éléments à rete­nir, d’apnées, de récu­pé­ra­tion de man­ne­quin, ou encore d’un saut du plongeoir.

Un tir à objectif

Pour com­plé­ter l’ex­pé­ri­men­ta­tion, un par­cours de tir à la cara­bine en paral­lèle de l’écoute d’un mes­sage de ren­sei­gne­ment. L’objectif était de for­cer le sujet à se concen­trer sur le tir et sur les infor­ma­tions pour ten­ter de res­ti­tuer un nombre maxi­mum d’informations recueillies.

Ils ont ensuite mis en appli­ca­tion ces outils au cours d’un par­cours aqua­tique et ter­restre avec pri­va­tion de sens afin de pro­vo­quer une satu­ra­tion cognitive. 

Déve­lop­per une autre forme d’empathie, un autre angle d’approche plus fin et plus sub­til

Le deuxième jour a été axé autour de la ges­tion de l’autre, à tra­vers les choix de pos­ture, l’abordage d’urgence et des élé­ments de réflexion face à l’instabilité com­por­te­men­tale des vic­times. Cette par­tie a été dis­pen­sée par Laurent Com­bal­bert sur son cam­pus de for­ma­tion The Trus­ted Agen­cy. Il nous a appor­té, à tra­vers son expé­rience et son savoir-faire, la cer­ti­fi­ca­tion HERMIONE, un module d’outils éla­bo­ré par ses soins afin de confé­rer aux sapeurs-pom­piers, la capa­ci­té d’employer des tech­niques de dia­logue construc­tif avec les pro­fils com­plexes. Ceci dans l’objectif d’améliorer notre rôle de pri­mo inter­ve­nant sur les per­sonnes au pro­fils sui­ci­daires, instables, sous stu­pé­fiants. Cela peut être éga­le­ment uti­li­sé tout sim­ple­ment dans les pro­ces­sus de recherche d’objectifs com­muns, comme dans les cas de per­sonnes refu­sant les bilans ou les soins. 

Un autre angle d’ap­proche vers la victime

Cette jour­née riche en ensei­gne­ment nous a per­mis de déve­lop­per une autre forme d’empathie, un autre angle d’approche plus fin et plus sub­til à tra­vers la lec­ture de com­por­te­ments et d’émotions, dans un pre­mier temps sur une pré­sen­ta­tion étayée et ensuite sur des ate­liers de cas concrets. L’occasion d’échanger avec une poin­ture et un pion­nier de si haute volée dans le domaine a engen­dré un échange engoué des par­ti­ci­pants tant le sujet fut cap­ti­vant. Une suite est envi­sa­gée pour déve­lop­per ces outils par la suite.

Texte et pho­tos : BSPP


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