#BrigadeInside — Les parcours professionnels à la Brigade sont parfois tortueux, mais toujours particuliers. Celui du capitaine Nicolas Lux est finalement assez rare, même s’il devrait se rencontrer plus souvent. Il est le premier JSPP à atteindre ce poste de commandement.
Mon capitaine, pourriez-vous vous présenter ?
Je suis le capitaine Nicolas Lux, 34 ans, marié, deux enfants. Je suis le commandant d’unité de la 11e compagnie depuis juin 2023 et je suis issu des Jeunes Sapeurs-Pompiers de Paris (JSPP).
Mon cursus pompier commence en 2006 avec les JSPP. J’y intègre la section affectée à la 15e compagnie à Champigny (94), pendant deux ans. À l’issue de ces deux années, je signe un contrat de réserviste (ESR) et fait partie des premiers réservistes à la Brigade puisque le dispositif est très récent. Dans un premier temps, j’intègre le centre de secours Champigny, puis à la suite d’une restructuration, je suis muté à la Compagnie de Commandement et de Logistique n°2 (CCL2). En parallèle de ces réserves, je suis un master en transport et logistique que je réalise sur la plaque parisienne. En 2015, master en poche, je m’engage dans l’armée au CIRFA de Paris. Je vais suivre la formation d’officier sous contrat (OSC) d’un an à Saint-Cyr et ensuite, j’opte pour la division d’application du Génie à Angers. À l’issue de cette année en 2017, j’ai l’honneur de choisir la Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris et je poursuis avec la Formation Initiale des Officiers (FIO) pendant un an avant d’être affecté à la 23e compagnie que je ne vais pas quitter pendant quatre ans. En 2021, je suis muté à la 11e compagnie pour deux ans de commandant d’unité adjoint dont une opération extérieure, et je deviens CDU le 9 juin 2023.
Pourriez-vous nous parler des JSPP ?
Le dispositif JSPP est un programme que la Brigade a lancé en 2005. Cela s’inspire de ce que réalisent les SDIS depuis longtemps. L’idée, c’est de recruter des ados de 14 – 15 ans et de les former tous les samedis de l’année, directement dans une caserne.
Pendant cette formation, l’ensemble du spectre pompier est balayé. On y apprend la lutte contre les incendies, les sauvetages, le secours à victimes. Mais pas que ! On leur apprend aussi des bases de la vie militaire, on leur donne des cours de culture générale, d’éducation civique, et bien sûr, on y fait également du sport orienté sur la cohésion.
Le but, est de les préparer pour qu’ils puissent intégrer la Brigade plus tard, tout en attirant des jeunes qui viennent de milieux très différents.
Votre parcours en tant que JSPP vous a‑t-il motivé ou donné des inspirations à devenir officier ?
Au début de mon aventure en tant que JSPP, je ne me suis pas dit que j’allais devenir officier. Je pense que c’est un mélange de plusieurs choses qui m’y ont guidé. D’un côté, ma situation familiale m’a poussé à faire de grandes études de l’autre, cette attirance pour l’armée, la rigueur militaire, l’aventure, cet esprit d’altruisme.
En parallèle, j’ai toujours gardé cette passion pour les pompiers, c’était quelque chose qui faisait partie de moi. Petit à petit, je me suis dit que devenir officier pourrait vraiment me correspondre. Et d’autant plus si j’arrivais à choisir la BSPP.
Comment cela est perçu par les hommes et femmes de votre compagnie que d’avoir un chef ancien JSPP ?
Dès ma première présentation à la 11e compagnie, j’ai exposé mon parcours chez les JSPP et dans la réserve opérationnelle. C’était important pour moi de montrer à mes femmes et hommes que je peux comprendre leur quotidien, la gestion des interventions, qu’elles soient difficiles ou au contraire plus positives, la fatigue, le secours à toute heure…. Même si je ne vis pas leur quotidien à 100 %, je connais ce milieu, je l’ai déjà pratiqué. Et puis, il faut le dire, j’étais réserviste dans les années 2010. Depuis, la Brigade a beaucoup évolué, et elle est devenue encore plus attentive et bienveillante envers ses hommes.
Votre parcours a‑t-il influencé votre commandement ?
Oui, mon parcours joue inévitablement dans ma manière de commander. C’était un rêve d’enfant que de devenirs pompiers, et cela s’est transformé. Je m’appuie beaucoup sur cette passion, mais aussi sur l’exemplarité et la bienveillance. Pour moi, c’est essentiel de montrer l’exemple, de rester proche des équipes et de comprendre ce qu’elles vivent. Ce parcours, avec toutes les étapes que j’ai franchies, m’aide à légitimer mon rôle et ma fonction. Ça m’a aussi permis de façonner ma manière de commander, de trouver un équilibre entre exigence et une certaine empathie.
Avez-vous une anecdote à nous raconter en tant que JSPP ou autre ?
Quand j’étais JSPP, j’avais mes formateurs, mais une fois arrivé au bout du dispositif, on s’est un peu perdus de vue, ce qui est normal. Et puis quand je suis revenu à la Brigade en tant que lieutenant, forcément, les retrouvailles ont été assez originales, voire un peu loufoques ! Ils étaient ravis de mon parcours.
Et puis le phénomène s’est reproduit pendant ma formation initiale des officiers, car l’un de mes formateurs est ensuite devenu mon chef de centre. C’était assez particulier comme situation, mais vraiment sympa.
Pouvez-vous nous parler des classes Défense, et ce parrainage a‑t-il été influencé par votre parcours en tant que premier officier issu des JSPP ?
Les classes Défenses constituent un autre dispositif jeunesse, à part des jeunes sapeurs-pompiers de Paris. L’idée, c’est de toucher un autre public, des jeunes qui ont besoin d’être guidés et qui s’orientent souvent vers des métiers liés à la sécurité. Comme pour les JSPP, le programme est centré sur la jeunesse. Inévitablement, le projet me tient à cœur. Le but est de leur montrer que même si les études peuvent être compliquées ou si l’école ne leur correspond pas, à la BSPP, il existe des opportunités. On met en avant les perspectives de carrière, les possibilités d’évolution, et surtout, le fait que l’on exerce un métier extraordinaire. Je trouve ça super important d’accompagner nos jeunes, peu importe leur milieu ou leurs capacités, pour les aider à entrer dans le monde du travail. En plus, ce dispositif permet de démystifier un peu notre métier. Souvent, ils imaginent que c’est une vie militaire hyper stricte, ou cet aspect de « surhomme » qui peut leur sembler inaccessible. Avec ce programme, on leur montre une autre facette : la vie de cohésion, l’entraide collective, et surtout, le fait qu’on est là pour aider les autres au quotidien. On leur donne des clés pour mieux comprendre le métier et passer les sélections : on parle formation, contenu du travail, salaire, avancement, et tout ce qui peut les intéresser. Pour aller plus loin, on a même organisé une manœuvre dans leur lycée. Ils ont participé avec nous, dans les rôles de victimes ou de requérants, pour qu’ils se sentent vraiment au cœur du métier.
Mon capitaine, avez-vous un message à ajouter ?
Même si je n’aime pas trop le dire, oui, je suis le premier commandant d’unité issu du dispositif des JSPP. Mais ce que je veux surtout mettre en exergue, c’est que ce programme est vraiment une clé de réussite. Il apporte beaucoup à la BSPP et peut permettre de former de futurs pompiers de Paris, qu’ils deviennent militaires du rang, sous-officier ou officier. Les JSPP, sont comme un incubateur, un endroit où l’on peut vraiment miser pour l’avenir de la Brigade.