PORTRAIT — Le pharmacien est dans la réserve !

Jean Flye —  — Modi­fiée le 25 juillet 2024 à 09 h 15 

#BrigadeInside — Au sein du bureau pharmacie et ingénierie biomédicale, le pharmacien en chef Fabien Bruno est un réserviste atypique. En-dehors de ses fonctions de coordonnateur des médicaments sensibles, il est aussi à la tête d’une entreprise de plus d’une centaine de salariés ! Portrait.

Sur le site de LIME, le bureau phar­ma­cie et ingé­nie­rie bio­mé­di­cale (BPIB), rat­ta­ché à la divi­sion san­té (DIVSAN), assure les déli­cates, mais néan­moins essen­tielles, mis­sions d’approvisionnement, de pré­pa­ra­tion, de contrôle, de déten­tion et de dis­pen­sa­tion des médi­ca­ments et des pro­duits de san­té, indis­pen­sables à la bonne tenue des mis­sions de la BSPP. Le BPIB est aus­si en tâche de l’achat, de la mise à dis­po­si­tion dans les engins et des opé­ra­tions de main­te­nance des maté­riels bio­mé­di­caux. Les prin­ci­paux béné­fi­ciaires des pres­ta­tions du BPIB sont les centres médi­caux et les centres de secours. Pour assu­rer cette mis­sion, le BPIB emploie pas moins de vingt mili­taires, du grade de sapeur à celui de phar­ma­cien en chef, le chef de bureau.

Stu­pé­fiants. Par­mi tous les pro­fils excep­tion­nels qui com­posent le BPIB, l’un d’eux détonne encore plus : il s’agit de celui du phar­ma­cien en chef Fabien Bru­no, réser­viste au sein du BPIB depuis 1999. Sa mis­sion ? La ges­tion des stu­pé­fiants des­ti­nés à être uti­li­sés par l’équipage des ambu­lances de réani­ma­tion (AR) sur inter­ven­tion et par les méde­cins des centres médi­caux des grou­pe­ments de la Bri­gade. « Ce sont des médi­ca­ments à ges­tion par­ti­cu­lière, témoigne le phar­ma­cien en chef Bru­no. Les médi­ca­ments stu­pé­fiants sont sécu­ri­sés, d’ailleurs, nous dis­po­sons d’un coffre avec détec­teur d’intrusion. Lorsqu’un méde­cin uti­lise une ampoule de mor­phine sur inter­ven­tion, il doit faire un compte-ren­du, puis nous lui en ren­dons une. C’est une ampoule don­née pour une ampoule consom­mée. Je suis capable de dire où est sto­ckée chaque ampoule de mor­phine dont dis­pose la BSPP » évoque l’officier. Le doc­teur en phar­ma­cie Bru­no s’efforce de réa­li­ser à la per­fec­tion la ges­tion des stu­pé­fiants à l’ampoule près. La régle­men­ta­tion en matière de sto­ckage de pro­duits stu­pé­fiants s’applique au BPIB comme à n’importe quelle pharmacie.

Sur mesure. Mais lorsque nous ne sommes pas lun­di, jour de sa réserve, le phar­ma­cien en chef Fabien Bru­no enfile un autre cos­tume. Le reste de la semaine, il est chef d’entreprise. Il dirige une phar­ma­cie qui n’est d’ailleurs pas comme toutes les autres. Celle du phar­ma­cien Bru­no a une par­ti­cu­la­ri­té : la pré­pa­ra­tion magis­trale. Reve­nons aux bases du métier de phar­ma­cien qui s’apparente à celui de druide, comme Pano­ra­mix, ou d’apothicaire, c’est-à-dire la créa­tion de médi­ca­ments sur mesure. « L’industrie phar­ma­ceu­tique ne crée pas de médi­ca­ments pour de nom­breuses mala­dies pédia­triques rares, pré­cise Fabien Bru­no. Si un méde­cin pres­crit à un enfant, vic­time de pro­blèmes car­diaques, 12 mg d’Aténolol, nous ne pou­vons pas lui don­ner des com­pri­més adultes de 50 mg. C’est alors le phar­ma­cien lui-même qui va, à par­tir de matières pre­mières ou de com­pri­més, pré­pa­rer un dosage adap­té à l’enfant ». Aujourd’hui, la phar­ma­cie de Fabien Bru­no est la réfé­rence euro­péenne de la pré­pa­ra­tion magis­trale. Dans ses 2 000 mètres car­rés de locaux situés bou­le­vard Saint-Ger­main, la cen­taine de sala­riés s’active tous les jours pour pré­pa­rer et expé­dier envi­ron 1 800 pré­pa­ra­tions sur mesure, dont près de 200 pour des enfants. Une vraie prouesse en plein Paris.

Légion d’honneur. Début mars 2020, en pleine crise de la Covid, le monde entier fait face à une rup­ture en gel hydro­al­coo­lique. L’OMS publie une recette pour pou­voir en créer. La recette est facile pour un phar­ma­cien du calibre de Fabien Bru­no. Il va donc prendre la déci­sion de créer son propre gel hydro­al­coo­lique dans ses locaux. Le nombre de com­mandes explose, Fabien Bru­no doit pro­duire énor­mé­ment pour répondre à la demande. Il finit quelques jours plus tard par inves­tir la rue et crée un labo­ra­toire à ciel ouvert. Pen­dant toute la durée de la crise, Fabien Bru­no et ses équipes pro­duisent plus de 500 000 litres de solu­tions hydro­al­coo­liques. Il en a don­né plus d’un quart à la pré­fec­ture de Police. Le 2 sep­tembre 2021, lors de la céré­mo­nie de pré­sen­ta­tion des recrues au dra­peau, le géné­ral Jean-Marie Gon­tier lui remet la Légion d’honneur pour ser­vices ren­dus à la Nation. Aujourd’hui, le phar­ma­cien en chef Bru­no fait même par­tie du conseil de l’ordre des phar­ma­ciens. Appré­cié à la Bri­gade comme dans son entre­prise pour son sens du devoir et son humi­li­té remar­quable, il mérite d’être cité en exemple 



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