Portrait — L’HOMME DU PÈTE AU CASQUE

Har­ry Cou­vin —  — Modi­fiée le 3 février 2025 à 09 h 31 

#BrigadeInside — À la Brigade, il y a beaucoup de fonctions rares et originales, celle du caporal Saint-Chely est parmi les plus méconnues. Découvrons ensemble de quoi il s’agit.

Le capo­ral Sébas­tien Saint-Che­ly est un sapeur-pom­pier heu­reux. Ça se voit au pre­mier coup d’œil. Il est très fier de nous accueillir dans son nou­vel antre situé dans une alcôve du bâti­ment du GSS de l’école des sapeurs-pom­piers de Paris à Limeil. Le capo­ral Sébas­tien Saint-Che­ly est un pom­pier indis­pen­sable, car quand il y a un pète au casque, il inter­vient. S’il y en a qui bossent, Sébas­tien débosse. Il débosse les casques de tra­di­tion, qui servent lors de toutes les céré­mo­nies de la Bri­gade. Il est d’ailleurs pré­sent à cha­cune d’entre elles pour équi­per les pom­piers en parade. « Je prends tou­jours quelques casques sup­plé­men­taires, car je sais qu’au der­nier moment, il peut y avoir soit un casque qui se dété­riore, soit du per­son­nel sup­plé­men­taire non pré­vu au départ. »

Casques, haches et plas­trons. Le capo­ral est arri­vé dans cette fonc­tion un peu par hasard après avoir rou­lé sa « bosse » de la 14e à la 7e com­pa­gnie et de Vil­le­neuve à Limeil en pas­sant par Mas­sé­na. Après avoir com­men­cé dans un bureau, assez peu adap­té au manie­ment des outils, il a enfin un lieu « digne de ce nom » pour entretenir les vieux casques, qui souffrent autant du maniement par­fois peu scru­pu­leux que tout sim­ple­ment de l’usure du temps. Dans ce bureau où flottent quelques notes de jazz et de soul music, il conserve 360 casques « non-refaits » et 120 en état de « ser­vice ». Mais pas seule­ment, car il doit gérer, éga­le­ment, tous les effets de tra­di­tion, les cein­tu­rons, les haches et les plastrons.

S’IL Y EN A QUI BOSSENT, SÉBASTIEN DÉBOSSE…

« Chaque casque est dif­fé­rent. La forme n’est jamais tout à fait la même. Il faut savoir impro­vi­ser. » Pour par­ve­nir à un tel degré de pré­ci­sion, il a com­men­cé par un stage d’une semaine aux ate­liers de la Garde répu­bli­caine, nec plus ultra en la matière. « En regar­dant leurs casques où tous les élé­ments sont confec­tion­nés à la main, on com­prend tout de suite que l’on a à faire à des orfèvres du métier. J’ai tout appris à leur contact. »

La com­mande du géné­ral. S’il confesse son côté bri­co­leur, la minu­tie et la patience sont de mise dans cette fonc­tion peu connue, mais ultra-impor­tante dans le rayon­ne­ment de la Bri­gade lors des grandes céré­mo­nies comme le défi­lé du 14 juillet. D’ailleurs, le commandement a pris la mesure de l’impact, puisque le géné­ral a lui-même fait accé­lé­rer la com­mande d’une machine spé­ciale pour faci­li­ter le tra­vail du capo­ral Saint-Che­ly.
Mais la car­rière du débos­se­leur à la Bri­gade touche à sa fin et il sou­haite par­tir en pro­vince pour pour­suivre de nou­velles aven­tures pro­fes­sion­nelles. « C’est un poste très sym­pa, nous confie-t-il. En ce moment, je suis en train de le struc­tu­rer pour que ceux qui vont me suc­cé­der bien­tôt soient dans les meilleures condi­tions de travail. »

Éta­bli du capo­ral Saint-Chely

Il ne manque plus grand-chose pour que cette petite enti­té soit au top. Le maté­riel et l’outillage sont en place, le local va bien­tôt dis­po­ser de nou­velles éta­gères lumineuses pour mettre les casques en valeur, reste maintenant à accueillir de nou­veaux débos­se­leurs. « C’est un job qui demande, outre de l’adresse manuelle, d’avoir un bon sens de l’organisation pour pré­pa­rer les céré­mo­nies. Il faut aus­si savoir impro­vi­ser par­fois… » Il avoue que lors des
céré­mo­nies, il peut par­fois être un peu diri­giste dans le manie­ment de ses « pro­té­gés ». « Cer­tains ne se rendent pas compte qu’un casque endom­ma­gé peut me deman­der plus de 20 heures de tra­vail pour le récu­pé­rer. » Pour retrou­ver son calme, notre débos­se­leur a l’habitude de mettre ses chaus­sures de ran­don­née et de par­tir seul dans la cam­pagne ou battre les sen­tiers de mon­tagne. « C’est vrai­ment comme ça que je décom­presse, nous dit l’artiste. Seul au milieu de la nature, je retrouve toute ma sérénité. »

LORS DES CÉRÉMONIES, IL PEUT PARFOIS ÊTRE UN PEU DIRIGISTE DANS LE MANIEMENT DE SES « PROTÉGÉS »

Le capo­ral Saint-Che­ly est un pom­pier heu­reux et ça se voit encore plus lorsqu’il nous raconte qu’il a deman­dé sa femme en mariage, lors d’un défi­lé du 14 juillet au milieu de ses casques préférés.


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