#BrigadeInside — À la Brigade, il y a beaucoup de fonctions rares et originales, celle du caporal Saint-Chely est parmi les plus méconnues. Découvrons ensemble de quoi il s’agit.
Le caporal Sébastien Saint-Chely est un sapeur-pompier heureux. Ça se voit au premier coup d’œil. Il est très fier de nous accueillir dans son nouvel antre situé dans une alcôve du bâtiment du GSS de l’école des sapeurs-pompiers de Paris à Limeil. Le caporal Sébastien Saint-Chely est un pompier indispensable, car quand il y a un pète au casque, il intervient. S’il y en a qui bossent, Sébastien débosse. Il débosse les casques de tradition, qui servent lors de toutes les cérémonies de la Brigade. Il est d’ailleurs présent à chacune d’entre elles pour équiper les pompiers en parade. « Je prends toujours quelques casques supplémentaires, car je sais qu’au dernier moment, il peut y avoir soit un casque qui se détériore, soit du personnel supplémentaire non prévu au départ. »
Casques, haches et plastrons. Le caporal est arrivé dans cette fonction un peu par hasard après avoir roulé sa « bosse » de la 14e à la 7e compagnie et de Villeneuve à Limeil en passant par Masséna. Après avoir commencé dans un bureau, assez peu adapté au maniement des outils, il a enfin un lieu « digne de ce nom » pour entretenir les vieux casques, qui souffrent autant du maniement parfois peu scrupuleux que tout simplement de l’usure du temps. Dans ce bureau où flottent quelques notes de jazz et de soul music, il conserve 360 casques « non-refaits » et 120 en état de « service ». Mais pas seulement, car il doit gérer, également, tous les effets de tradition, les ceinturons, les haches et les plastrons.
« Chaque casque est différent. La forme n’est jamais tout à fait la même. Il faut savoir improviser. » Pour parvenir à un tel degré de précision, il a commencé par un stage d’une semaine aux ateliers de la Garde républicaine, nec plus ultra en la matière. « En regardant leurs casques où tous les éléments sont confectionnés à la main, on comprend tout de suite que l’on a à faire à des orfèvres du métier. J’ai tout appris à leur contact. »
La commande du général. S’il confesse son côté bricoleur, la minutie et la patience sont de mise dans cette fonction peu connue, mais ultra-importante dans le rayonnement de la Brigade lors des grandes cérémonies comme le défilé du 14 juillet. D’ailleurs, le commandement a pris la mesure de l’impact, puisque le général a lui-même fait accélérer la commande d’une machine spéciale pour faciliter le travail du caporal Saint-Chely.
Mais la carrière du débosseleur à la Brigade touche à sa fin et il souhaite partir en province pour poursuivre de nouvelles aventures professionnelles. « C’est un poste très sympa, nous confie-t-il. En ce moment, je suis en train de le structurer pour que ceux qui vont me succéder bientôt soient dans les meilleures conditions de travail. »
Il ne manque plus grand-chose pour que cette petite entité soit au top. Le matériel et l’outillage sont en place, le local va bientôt disposer de nouvelles étagères lumineuses pour mettre les casques en valeur, reste maintenant à accueillir de nouveaux débosseleurs. « C’est un job qui demande, outre de l’adresse manuelle, d’avoir un bon sens de l’organisation pour préparer les cérémonies. Il faut aussi savoir improviser parfois… » Il avoue que lors des
cérémonies, il peut parfois être un peu dirigiste dans le maniement de ses « protégés ». « Certains ne se rendent pas compte qu’un casque endommagé peut me demander plus de 20 heures de travail pour le récupérer. » Pour retrouver son calme, notre débosseleur a l’habitude de mettre ses chaussures de randonnée et de partir seul dans la campagne ou battre les sentiers de montagne. « C’est vraiment comme ça que je décompresse, nous dit l’artiste. Seul au milieu de la nature, je retrouve toute ma sérénité. »
Le caporal Saint-Chely est un pompier heureux et ça se voit encore plus lorsqu’il nous raconte qu’il a demandé sa femme en mariage, lors d’un défilé du 14 juillet au milieu de ses casques préférés.