#BrigadeInside — Chaque mois, de nouveaux élèves de l’école des sapeurs-pompiers de Paris passent le portail du groupement de formation d’instruction et de secours (GFIS) situé à Limeil-Brévannes (94). Quatre mois plus tard, ils achèvent leur formation initiale.
Le temps est alors venu de leur remettre leur casque et leur insigne…
Au fil du temps, la cérémonie de remise de casques et insignes est devenue un rite de passage pour les nouveaux pompiers de Paris. Imaginée de toutes pièces par l’ancien commandant de la Compagnie de formation 1 (CDF 1), le commandant Laurent Durouet, servant actuellement au BPAC, elle a vu le jour un vendredi de septembre 2013. « Avant 2013, la cérémonie se déroulait plus discrètement, en dix minutes à peine, le tour était joué. Le côté solennel n’était pas très présent, à l’instar des familles qui n’étaient pas conviées », se souvient le commandant Laurent Durouet.
La cérémonie, telle que nous la connaissons aujourd’hui, s’inspire de l’armée de Terre et du Triomphe de l’académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan. « Je me suis appuyé sur ce que j’ai vécu à Saint-Cyr lorsque mon frère, lui aussi militaire, m’a remis mes galons de lieutenant. C’était très fort. En devenant capitaine de la CDF 1, j’ai repensé à ce moment et j’ai eu envie de valoriser la fin de formation des pompiers de Paris », poursuit l’actuel chef de section au BPAC.
Chaque mois, un contingent, soit deux sections, quitte les bancs de l’école pour rejoindre les compagnies. Afin de marquer la fin de leur formation et leur réussite aux examens, la place d’armes de l’école des pompiers de Paris reçoit les familles pour la cérémonie de remise de casques et insignes. « Les parents voient avec une immense fierté et une grande émotion leur enfant et leurs camarades rassemblés, prêts à recevoir cette récompense
que représente le casque et l’insigne BSPP, symbole de réussite et d’appartenance à l’Institution », entame le capitaine Mikaël Taton, actuel capitaine de la CDF 1. De nombreux parrains, militaires d’active ou anciens militaires, sont également conviés afin de remettre les objets symboliques de la Brigade à leur filleul. « Ouvrir cette cérémonie à l’extérieur contribue à la renommée de la Brigade dans les armées. Beaucoup de militaires de toutes armes découvrent, lors de ces cérémonies, la militarité des pompiers de Paris », lance le commandant Laurent Durouet.
Recevoir les familles au sein de l’école, la « deuxième maison » des jeunes pompiers durant quatre mois, leur permet de se projeter quelques instants dans le quotidien de leurs proches, désormais militaires. « Avant le début de la cérémonie, je reçois les familles afin de leur présenter la BSPP et surtout le parcours que leurenfant a suivi durant ces quatre mois de formation. J’aborde enfin les spécificités du tissu urbain parisien dans lequel il évoluera une fois ventilé dans leurs compagnies d’incendie respectives », détaille le capitaine de la CDF 1. Ce moment d’échange avec les familles permet également de leur faire passer des messages, notamment sur la difficulté de la compagnie. « D’une manière générale, ce n’est jamais facile d’arriver en compagnie quand on est jeune sapeur-pompier fraîchement sorti de la formation. La plupart du temps, ils ont une baisse de moral quand ils arrivent en compagnie. C’est légitime car ils laissent derrière eux leurs camarades avec lesquels ils ont vécu des moments difficiles et intenses durant les quatre derniers mois. On profite de la présence des familles pour les prévenir », enchaîne le capitaine Mikaël Taton.
Vient ensuite le moment attendu de tous : la cérémonie. Malgré quelques nouveautés, le fond de la cérémonie reste inchangé. « Ils arrivent en chantant « Paris nous voilà » pour rejoindre la place d’armes. Une remise de décorations a lieu, puis l’éthique du général Casso est récitée et enfin, la remise officielle de casque a lieu. Les trois premiers de la promotion sont mis à l’honneur et reçoivent leur casque des mains du chef de corps, du commandant d’unité et de l’un de ses adjoints, tandis que les parrains remettent les casques à leur filleul et les formateurs aux autres lauréats. Ils quittent ensuite la place d’armes et défilent une dernière fois en entonnant leur chant de section », confie l’ancien capitaine de la CDF 1.
Un grand moment familial. Autour de nous, beaucoup de parents et de grands-parents ont les yeux embués, cueillis par l’émotion de ce moment fort. « L’émotion est encore plus intense quand ce sont d’anciens pompiers de Paris qui remettent un casque. C’est symbolique. Il y a une notion de transmission. Lors d’une cérémonie, un arrière-grand-père ayant servi durant la guerre, désormais en fauteuil roulant, a remis le casque à son petit-fils, agenouillé devant lui. C’était magnifique », se remémore le commandant Laurent Durouet. La cérémonie terminée, arrive le moment du cocktail. Une salle accueille les quelque 200 personnes venues célébrer le nouveau statut de leur proche. C’est l’occasion pour les familles, les jeunes et les formateurs de se rencontrer et d’échanger. « J’aimais bien prendre une carte et pointer l’endroit d’où venait chacun d’entre eux. Certaines familles viennent de Martinique ou même d’encore plus loin, comme de Polynésie ! », relève l’ancien capitaine de la CDF 1.
Ce temps d’échange est également le moment parfait pour recueillir les émotions des proches encore touchés par ce qu’ils viennent de vivre… « Je suis très émue et honorée d’être ici pour soutenir mon fils. Il a perdu son papa en commençant sa formation, alors, l’émotion est très forte. C’est respectueux, c’est magnifique », raconte une maman venue assister à la cérémonie début août. Parmi les autres familles présentes, une seconde témoigne : « Mon fils se fait remettre son casque par mon gendre. C’est très émouvant. C’est la finalité de quelque chose et le début d’une autre. Je l’ai vu se préparer depuis des années… », commence la maman avant d’être interrompue par les grands-parents du jeune homme exprimant leur grande émotion.
L’émotion est tout aussi présente chez les jeunes pompiers à part entière. « C’est du stress et des heures d’entraînement mais aussi de la fierté et des larmes de joie. J’ai douté plusieurs fois au cours de la formation mais quand mon parrain m’a remis mon casque, j’ai tout oublié. C’était tout à fait incroyable », raconte le sapeur de première classe Fanny Vivier du contingent de mars 2024, aujourd’hui ventilée au centre de secours Plaisance, au sein du troisième groupement d’incendie et de secours.