REMISE DE CASQUES ET INSIGNES — Paris les voilà !

You­na Lan­dron —  — Modi­fiée le 27 jan­vier 2025 à 02 h 22 

#BrigadeInside — Chaque mois, de nouveaux élèves de l’école des sapeurs-pompiers de Paris passent le portail du groupement de formation d’instruction et de secours (GFIS) situé à Limeil-Brévannes (94). Quatre mois plus tard, ils achèvent leur formation initiale.
Le temps est alors venu de leur remettre leur casque et leur insigne…

Au fil du temps, la céré­mo­nie de remise de casques et insignes est deve­nue un rite de pas­sage pour les nou­veaux pom­piers de Paris. Ima­gi­née de toutes pièces par l’ancien com­man­dant de la Com­pa­gnie de for­ma­tion 1 (CDF 1), le com­man­dant Laurent Durouet, ser­vant actuel­le­ment au BPAC, elle a vu le jour un ven­dre­di de sep­tembre 2013. « Avant 2013, la céré­mo­nie se dérou­lait plus discrètement, en dix minutes à peine, le tour était joué. Le côté solen­nel n’était pas très pré­sent, à l’instar des familles qui n’étaient pas conviées », se sou­vient le com­man­dant Laurent Durouet. 

La céré­mo­nie, telle que nous la connais­sons aujourd’hui, s’inspire de l’armée de Terre et du Triomphe de l’académie mili­taire de Saint-Cyr Coët­qui­dan. « Je me suis appuyé sur ce que j’ai vécu à Saint-Cyr lorsque mon frère, lui aus­si mili­taire, m’a remis mes galons de lieu­te­nant. C’était très fort. En deve­nant capi­taine de la CDF 1, j’ai repen­sé à ce moment et j’ai eu envie de valo­ri­ser la fin de for­ma­tion des pom­piers de Paris », pour­suit l’actuel chef de sec­tion au BPAC.

Chaque mois, un contin­gent, soit deux sec­tions, quitte les bancs de l’école pour rejoindre les com­pa­gnies. Afin de mar­quer la fin de leur for­ma­tion et leur réus­site aux exa­mens, la place d’armes de l’école des pom­piers de Paris reçoit les familles pour la céré­mo­nie de remise de casques et insignes. « Les parents voient avec une immense fier­té et une grande émo­tion leur enfant et leurs cama­rades ras­sem­blés, prêts à rece­voir cette récom­pense
que repré­sente le casque et l’insigne BSPP, sym­bole de réus­site et d’appartenance à l’Institution »
, entame le capi­taine Mikaël Taton, actuel capi­taine de la CDF 1. De nom­breux par­rains, mili­taires d’active ou anciens mili­taires, sont éga­le­ment conviés afin de remettre les objets sym­bo­liques de la Bri­gade à leur filleul. « Ouvrir cette céré­mo­nie à l’extérieur contri­bue à la renom­mée de la Bri­gade dans les armées. Beau­coup de mili­taires de toutes armes découvrent, lors de ces céré­mo­nies, la mili­ta­ri­té des pom­piers de Paris », lance le com­man­dant Laurent Durouet.

Rece­voir les familles au sein de l’école, la « deuxième mai­son » des jeunes pom­piers durant quatre mois, leur per­met de se pro­je­ter quelques ins­tants dans le quo­ti­dien de leurs proches, désor­mais mili­taires. « Avant le début de la céré­mo­nie, je reçois les familles afin de leur pré­sen­ter la BSPP et sur­tout le par­cours que leu­ren­fant a sui­vi durant ces quatre mois de for­ma­tion. J’aborde enfin les spé­ci­fi­ci­tés du tis­su urbain pari­sien dans lequel il évo­lue­ra une fois ven­ti­lé dans leurs com­pa­gnies d’incendie res­pec­tives », détaille le capi­taine de la CDF 1. Ce moment d’échange avec les familles per­met éga­le­ment de leur faire pas­ser des mes­sages, notam­ment sur la dif­fi­cul­té de la com­pa­gnie. « D’une manière géné­rale, ce n’est jamais facile d’arriver en com­pa­gnie quand on est jeune sapeur-pom­pier fraî­che­ment sor­ti de la for­ma­tion. La plu­part du temps, ils ont une baisse de moral quand ils arrivent en com­pa­gnie. C’est légi­time car ils laissent der­rière eux leurs cama­rades avec les­quels ils ont vécu des moments dif­fi­ciles et intenses durant les quatre der­niers mois. On pro­fite de la pré­sence des familles pour les pré­ve­nir », enchaîne le capi­taine Mikaël Taton.

Vient ensuite le moment atten­du de tous : la cérémonie. Mal­gré quelques nou­veau­tés, le fond de la cérémonie reste inchan­gé. « Ils arrivent en chan­tant « Paris nous voi­là » pour rejoindre la place d’armes. Une remise de déco­ra­tions a lieu, puis l’éthique du géné­ral Cas­so est récitée et enfin, la remise offi­cielle de casque a lieu. Les trois pre­miers de la pro­mo­tion sont mis à l’honneur et reçoivent leur casque des mains du chef de corps, du com­man­dant d’unité et de l’un de ses adjoints, tan­dis que les par­rains remettent les casques à leur filleul et les for­ma­teurs aux autres lau­réats. Ils quittent ensuite la place d’armes et défilent une der­nière fois en enton­nant leur chant de sec­tion », confie l’ancien capi­taine de la CDF 1.

Un grand moment fami­lial. Autour de nous, beau­coup de parents et de grands-parents ont les yeux embués, cueillis par l’émotion de ce moment fort. « L’émotion est encore plus intense quand ce sont d’anciens pom­piers de Paris qui remettent un casque. C’est sym­bo­lique. Il y a une notion de trans­mis­sion. Lors d’une céré­mo­nie, un arrière-grand-père ayant ser­vi durant la guerre, désor­mais en fau­teuil rou­lant, a remis le casque à son petit-fils, age­nouillé devant lui. C’était magni­fique », se remé­more le com­man­dant Laurent Durouet. La céré­mo­nie ter­mi­née, arrive le moment du cock­tail. Une salle accueille les quelque 200 per­sonnes venues célé­brer le nou­veau sta­tut de leur proche. C’est l’occasion pour les familles, les jeunes et les for­ma­teurs de se ren­con­trer et d’échanger. « J’aimais bien prendre une carte et poin­ter l’endroit d’où venait cha­cun d’entre eux. Cer­taines familles viennent de Mar­ti­nique ou même d’encore plus loin, comme de Poly­né­sie ! », relève l’ancien capi­taine de la CDF 1.

Ce temps d’échange est éga­le­ment le moment par­fait pour recueillir les émo­tions des proches encore tou­chés par ce qu’ils viennent de vivre… « Je suis très émue et hono­rée d’être ici pour sou­te­nir mon fils. Il a per­du son papa en com­men­çant sa for­ma­tion, alors, l’émotion est très forte. C’est res­pec­tueux, c’est magni­fique », raconte une maman venue assis­ter à la céré­mo­nie début août. Par­mi les autres familles pré­sentes, une seconde témoigne : « Mon fils se fait remettre son casque par mon gendre. C’est très émou­vant. C’est la fina­li­té de quelque chose et le début d’une autre. Je l’ai vu se pré­pa­rer depuis des années… », com­mence la maman avant d’être inter­rom­pue par les grands-parents du jeune homme expri­mant leur grande émotion. 

L’émotion est tout aus­si pré­sente chez les jeunes pom­piers à part entière. « C’est du stress et des heures d’entraînement mais aus­si de la fier­té et des larmes de joie. J’ai dou­té plu­sieurs fois au cours de la for­ma­tion mais quand mon par­rain m’a remis mon casque, j’ai tout oublié. C’était tout à fait incroyable », raconte le sapeur de pre­mière classe Fan­ny Vivier du contin­gent de mars 2024, aujourd’hui ven­ti­lée au centre de secours Plai­sance, au sein du troi­sième grou­pe­ment d’incendie et de secours.

texte Youna Landron — photographies Caporal-chef Marc Loukachine

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