Grands formats — Cet été, trois officiers supérieurs ont pris le commandement d’un groupement de la Brigade : le colonel Laurent Viguier, le lieutenant-colonel Nicolas Pleis et le colonel Roland Perfetta. ALLO DIX-HUIT vous propose de découvrir le parcours de ces trois militaires.
COLONEL LAURENT VIGUIER « SACHE VOULOIR, FAIS CE QUE DOIS * »
Le colonel Laurent Viguier est chef de corps du groupement de soutiens et de secours (GSS) depuis le 28 juin 2022. Comme la Brigade en son temps, l’officier est passé de l’arme de l’Infanterie à celle du Génie avec adresse.
“Commander le groupement de soutiens et de secours n’est pas une surprise pour moi, confie le colonel Viguier, car c’est ce qui était prévu lorsque je suis arrivé à la Brigade en 2018. En revanche, en tant que fantassin et commandant d’unité d’une compagnie de combat, la surprise… C’était d’arriver à la Brigade ! » Plus jeune, le nouveau chef de corps du 5e groupement avait effectivement d’autres aspirations.
En 2003, lorsque le lieutenant Viguier obtient son diplôme d’ingénieur à la prestigieuse école spéciale militaire (ESM) de Saint-Cyr**, son esprit est plutôt « guerrier ». Après une année à l’école d’application de l’Infanterie de Montpellier, le jeune officier est affecté à Brive-la-Gaillarde, en Corrèze (19). Plus exactement, au 126e régiment d’Infanterie (126e RI).
« FIER ET VAILLANT »
Telle est la devise du régiment du bison blanc. Pendant six ans, le lieutenant Viguier s’exerce à l’art du commandement au sein de son unité, mais aussi sur le terrain, notamment en opération extérieure. D’abord en République de Côte‑d’Ivoire, puis deux fois en Afghanistan et, enfin, au Kosovo : « J’ai eu la chance de participer à toutes les opérations majeures du moment, souligne le colonel. Être fantassin en OPEX, avec ses hommes et une mission, est quelque chose de particulièrement marquant. On passe des mois ensemble. On devient une famille, pour le meilleur et pour le pire. » Le capitaine Viguier quitte le 126e RI en 2010, après avoir commandé la 3e compagnie de combat. Direction : l’OTAN.
Ou plutôt, Lille. « Pendant deux ans, j’ai été officier traitant au sein du corps de réaction rapide — France, poursuit le colonel. J’ai découvert le milieu de l’OTAN en même temps que le Nord, moi qui suis originaire du Sud-Ouest ! » Mais la parenthèse lilloise est de courte durée, puisque le capitaine Viguier réussit le concours de l’École de Guerre et rejoint la capitale. À l’issue de sa scolarité***, il sert en région parisienne comme officier programme à la section technique de l’armée de Terre (STAT), au sein du groupement renseignement, à Versailles.
Dans la ville royale, le désormais chef de bataillon Viguier développe des programmes d’armement très variés. « Je ne me suis pas ennuyé un instant, reconnaît le chef de corps. De la géographie militaire à l’optronique, c’est-à-dire les moyens de vision nocturne à intensification de lumière, en passant par la désignation laser ou encore le nouveau camouflage brun “Terre de France”… » À cet instant, l’officier supérieur est loin d’imaginer que son affectation suivante le fera passer du kaki au bleu marine et du brun « Terre de France » au rouge vermillon.
À l’été 2018, Laurent Viguier obtient le grade de lieutenant-colonel et intègre la Brigade. « Je m’attendais à retrouver un régiment de combat, admet-il. Mais j’ai relevé le défi qui m’était proposé et je ne le regrette pas. » L’officier s’implique immédiatement, que ce soit sur intervention ou en état-major, en tant qu’officier PC ou encore initiateur des insignes COS. Le lieutenant-colonel « découvre la formidable machine qu’est la BSPP. D’abord au 3e groupement, puis au BEP et, enfin, au GSS ».
« SEMPER ET UBIQUE »
Telle est la devise du groupement de la louve. « J’aborde les deux prochaines années sans rupture avec le colonel d’Astorg, indique le chef de corps. Je souhaite notamment asseoir notre esprit de corps. Je veux que les sapeurs-pompiers du GSS soient fiers de leur appartenance au groupement, comme je le suis de porter la boucle de la louve. » Tout un symbole.
* : Paul Doumer « Le livre de mes fils, 1906 »
** : Promotion « Général Béthouart »
*** : Promotion « Ceux de 14 »
Texte et photo : SGT Nicholas Bady
LIEUTENANT-COLONEL NICOLAS PLEIS « UNE VIE DE CHEF ! »
Le lieutenant-colonel Nicolas Pleis est le chef de corps du groupement des appuis et de secours (GAS) depuis le 29 juin 2022. Une belle ascension pour cet ancien appelé du contingent.
« C’est l’exercice des responsabilités qui a créé ma vocation. » Assurance, expérience et bienveillance transparaissent dans le regard de l’officier, marié et père de trois enfants. Alsacien pure souche, il grandit dans la ville de Colmar et effectue ses études à Strasbourg. À l’âge de 23 ans, le jeune Nicolas démarre son temps sous les drapeaux comme appelé. « À l’époque, j’ai été frappé par l’image prestigieuse de la cavalerie, ce qui a évidemment orienté mon choix. » Il intègre donc l’armée de Terre en qualité d’élève officier de réserve (EOR), ce qui le conduira plus tard à s’engager comme officier de réserve en situation d’activité (ORSA).
Dès son affectation en régiment, Nicolas reçoit des responsabilités comme chef de peloton. D’abord au 2e régiment de Dragons (2e RD), où il commande un peloton de chars en escadron de combat, puis au 1er — 11e régiment de Cuirassiers (1er — 11e RC) et enfin au 1er régiment de Chasseurs d’Afrique (1er RCA). Rapidement, après avoir échangé avec des officiers de la Brigade, le jeune officier ambitionne de rejoindre la BSPP. « Dans cette optique, j’intègre l’école militaire interarmes en 2000. Puis je rejoins le 1er régiment du Génie à Illkirch-Graffenstaden. » Il achève cette première partie de carrière par une opération extérieure (OPEX) au Liban, à la tête de sa section.
Faire ses armes
En 2005, Nicolas Pleis rejoint enfin la Brigade ! Affecté directement au 3e groupement au sein de la 6e compagnie. Le jeune officier y reste six ans, temps de commandement inclus. Un laps de temps rarement aussi long pour un officier dans une même compagnie. « Pour nous, officiers, c’est un temps fort. C’est ici que l’on fait ses armes, à la fois comme pompier et comme premier grand chef. Avant, nous sommes surtout en phase de construction. » Au terme de son passage en compagnie, il rejoint l’état-major du 3e groupement. Comme chef de la section logistique dans un premier temps, puis en tant que chef de la section commandement. En 2015, il réussit le concours du diplôme technique.
Bien connaitre le groupement
Par la suite, Nicolas Pleis retourne un an sur les bancs à l’École nationale supérieure des arts et métiers (ENSAM) où il obtient un mastère spécialisé en management global des risques. L’officier est ensuite affecté à l’état-major du service militaire volontaire* (SMV) pendant trois ans. Il y assure de multiples missions : recrutement, formation, insertion, sécurité et opérations, entre autres. En 2019, de retour à la Brigade, il est affecté au BOPO comme adjoint du chef de bureau où il découvre le fonctionnement de l’état-major central. Puis, l’opportunité de seconder le lieutenant-colonel Gabriel Plus, chef de corps du GAS, en vue de devenir son successeur, se présente. « Ce tuilage m’a véritablement donné l’occasion de prendre mes marques et de bien connaître le groupement que je commande désormais. »
L’aspiration principale du lieutenant-colonel pour son groupement ? Préserver le modèle légué par son prédécesseur. Mais, aussi, consolider la capacité à la projection des spécialistes. Il souhaite notamment une pratique accrue de l’anglais opérationnel et compte, pour cela, sur les progrès et l’implication des officiers afin de faciliter le travail à l’international. « Je devrais également prendre en compte le défi des Jeux Olympiques de 2024 pour lequel le GAS sera mis à contribution. Une opportunité unique pour cette jeune unité de figurer en bonne place ! » conclut le nouveau chef de corps.
*: le SMV est une contribution du ministère des Armées dans le domaine de l’insertion citoyenne et professionnelle de jeunes Français de métropole et de l’étranger âgés de 18 à 25 ans, exclus du marché de l’emploi.
Texte et photo : 1CL Maxime Grimaud
COLONEL ROLAND PERFETTA « PARISIEN PUR BEURRE »
Le colonel Roland Perfetta est devenu chef de corps du deuxième groupement d’incendie et de secours le 30 juin 2022. De Kaboul à Paris, itinéraire d’un enfant du Génie.
« Mon enfance, je l’ai passée sur le secteur du deuxième groupement d’incendie et de secours. Alors, en prendre le commandement aujourd’hui est, pour moi, tout un symbole. » Enfant, très jeune, il s’imagine servir sous le drapeau français. Pour lui, c’est une vocation dont il ne maîtrise pas la source. Les militaires de la famille ? Peut-être bien…
Alors direction le Lycée militaire de Saint-Cyr‑l’École, puis les bancs de l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr à Coëtquidan. Le 1er août 2002, le jeune élève officier Roland devient le lieutenant Perfetta. Désireux de rejoindre la BSPP, il choisit le Génie. Mais le parcours d’un officier des armes peut être parfois sinueux : il intègre le 19e régiment du Génie à Besançon en tant que chef d’une section de combat ! En août 2004, il rejoint l’Afghanistan avec sa section lors de l’opération Pamir. « À Kaboul, notre mission consistait à repérer, enlever puis détruire les munitions retrouvées dans les rues, les champs, voire les habitations. Une vraie mission de sapeur ! Durant ce mandat, nous avons ainsi détruit près de 150 tonnes de mines et munitions. »
« À mon retour d’OPEX, j’ai pu rejoindre la BSPP. J’ai fait mes premières armes au Plessis-Clamart, puis j’ai rejoint la 27e compagnie, que j’ai eu le bonheur de commander. Ces deux années de temps de commandement ont été très riches humainement, j’ai particulièrement apprécié la « famille » de la 27, l’enthousiasme et le professionnalisme de ces hommes et femmes, extrêmement attachés à leur unité et faisant preuve d’un esprit de camaraderie peu commun ! »
Un passage par le Quai d’Orsay
À l’issue de son temps de commandement, le capitaine Perfetta est muté à la préfecture de Police de Paris en tant que chef du centre opérationnel de zone. En parallèle, il passe et réussit brillamment le concours de l’École de Guerre.
Après sa scolarité, le désormais lieutenant-colonel Perfetta est affecté durant trois ans à la DRHAT. « J’ai intégré une section chargée de penser les parcours de carrière des officiers, avant de m’occuper de ceux des sous-officiers. » Une fonction qu’il quitte à l’été 2018 pour rejoindre le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. « En tant que rédacteur Tchad, je coordonnais les initiatives et les projets de la France au profit de ce pays, ainsi que les relations avec les ambassades de France et du Tchad. » Son passage au Quai d’Orsay lui ouvre à nouveau les portes de l’École de Guerre, mais cette fois-ci en qualité de professeur afin de transmettre son expérience aux jeunes officiers brevetés.
Comprendre au mieux nos jeunes sapeurs
Neuf ans qu’il a quitté la BSPP. Il désire plus que tout y revenir. À l’été 2021, Il est nommé chef du bureau études et prospectives de la BSPP. L’année est dense pour l’officier supérieur, car les travaux sont nombreux : cycle de prospective stratégique, développement du système diphasique, deuxième édition du colloque de sciences appliquées aux sapeurs-pompiers, salons MILIPOL et Eurosatory, innovation en matière de robotique, de drones, intelligence artificielle…
Aujourd’hui, « je suis prêt, je mesure le grand honneur et la chance de prendre le commandement du deuxième groupement d’incendie et de secours ». À la tête des 1 700 hommes et femmes du GIS2 depuis cet été, le colonel Roland Perfetta s’est fixé l’objectif de « comprendre au mieux nos jeunes sapeurs afin de leur donner envie de grandir et de s’ancrer durablement au sein de notre institution ».
La force de la BSPP réside dans la cohésion de ses unités. « Le jeune sapeur bénéficie, ici, d’un esprit de corps qu’il ne trouvera nulle part ailleurs, alors il nous faut cultiver cette particularité. C’est dans les moments forts liés à notre histoire, comme lors de la Sainte-Barbe ou des bals du 14 juillet, que la cohésion se forge entre les sapeurs. » Après deux années compliquées, il est effectivement vital de renouer avec ces traditions qui font l’essence même de notre vocation. Nous lui souhaitons plein de courage et de réussite tant sur le plan humain que sur opération !
Texte et photo : CPL Jean Flye