RENTRÉE — GSS, GAS, GIS2, Les nouveaux chefs de corps

 — Modi­fiée le 25 juillet 2024 à 08 h 52 

Grands formats — Cet été, trois officiers supérieurs ont pris le commandement d’un groupement de la Brigade : le colonel Laurent Viguier, le lieutenant-colonel Nicolas Pleis et le colonel Roland Perfetta. ALLO DIX-HUIT vous propose de découvrir le parcours de ces trois militaires.

COLONEL LAURENT VIGUIER « SACHE VOULOIR, FAIS CE QUE DOIS * »

Le colo­nel Laurent Viguier est chef de corps du grou­pe­ment de sou­tiens et de secours (GSS) depuis le 28 juin 2022. Comme la Bri­gade en son temps, l’officier est pas­sé de l’arme de l’Infanterie à celle du Génie avec adresse.

“Com­man­der le grou­pe­ment de sou­tiens et de secours n’est pas une sur­prise pour moi, confie le colo­nel Viguier, car c’est ce qui était pré­vu lorsque je suis arri­vé à la Bri­gade en 2018. En revanche, en tant que fan­tas­sin et com­man­dant d’unité d’une com­pa­gnie de com­bat, la sur­prise… C’était d’arriver à la Bri­gade ! » Plus jeune, le nou­veau chef de corps du 5e grou­pe­ment avait effec­ti­ve­ment d’autres aspirations.

En 2003, lorsque le lieu­te­nant Viguier obtient son diplôme d’ingénieur à la pres­ti­gieuse école spé­ciale mili­taire (ESM) de Saint-Cyr**, son esprit est plu­tôt « guer­rier ». Après une année à l’école d’application de l’Infanterie de Mont­pel­lier, le jeune offi­cier est affec­té à Brive-la-Gaillarde, en Cor­rèze (19). Plus exac­te­ment, au 126e régi­ment d’Infanterie (126e RI).

« FIER ET VAILLANT »
Telle est la devise du régi­ment du bison blanc. Pen­dant six ans, le lieu­te­nant Viguier s’exerce à l’art du com­man­de­ment au sein de son uni­té, mais aus­si sur le ter­rain, notam­ment en opé­ra­tion exté­rieure. D’abord en Répu­blique de Côte‑d’Ivoire, puis deux fois en Afgha­nis­tan et, enfin, au Koso­vo : « J’ai eu la chance de par­ti­ci­per à toutes les opé­ra­tions majeures du moment, sou­ligne le colo­nel. Être fan­tas­sin en OPEX, avec ses hommes et une mis­sion, est quelque chose de par­ti­cu­liè­re­ment mar­quant. On passe des mois ensemble. On devient une famille, pour le meilleur et pour le pire. » Le capi­taine Viguier quitte le 126e RI en 2010, après avoir com­man­dé la 3e com­pa­gnie de com­bat. Direc­tion : l’OTAN.

Ou plu­tôt, Lille. « Pen­dant deux ans, j’ai été offi­cier trai­tant au sein du corps de réac­tion rapide — France, pour­suit le colo­nel. J’ai décou­vert le milieu de l’OTAN en même temps que le Nord, moi qui suis ori­gi­naire du Sud-Ouest ! » Mais la paren­thèse lil­loise est de courte durée, puisque le capi­taine Viguier réus­sit le concours de l’École de Guerre et rejoint la capi­tale. À l’issue de sa sco­la­ri­té***, il sert en région pari­sienne comme offi­cier pro­gramme à la sec­tion tech­nique de l’armée de Terre (STAT), au sein du grou­pe­ment ren­sei­gne­ment, à Versailles.

Dans la ville royale, le désor­mais chef de bataillon Viguier déve­loppe des pro­grammes d’armement très variés. « Je ne me suis pas ennuyé un ins­tant, recon­naît le chef de corps. De la géo­gra­phie mili­taire à l’optronique, c’est-à-dire les moyens de vision noc­turne à inten­si­fi­ca­tion de lumière, en pas­sant par la dési­gna­tion laser ou encore le nou­veau camou­flage brun “Terre de France”… » À cet ins­tant, l’officier supé­rieur est loin d’imaginer que son affec­ta­tion sui­vante le fera pas­ser du kaki au bleu marine et du brun « Terre de France » au rouge vermillon.

À l’été 2018, Laurent Viguier obtient le grade de lieu­te­nant-colo­nel et intègre la Bri­gade. « Je m’attendais à retrou­ver un régi­ment de com­bat, admet-il. Mais j’ai rele­vé le défi qui m’était pro­po­sé et je ne le regrette pas. » L’officier s’implique immé­dia­te­ment, que ce soit sur inter­ven­tion ou en état-major, en tant qu’officier PC ou encore ini­tia­teur des insignes COS. Le lieu­te­nant-colo­nel « découvre la for­mi­dable machine qu’est la BSPP. D’abord au 3e grou­pe­ment, puis au BEP et, enfin, au GSS ».

« SEMPER ET UBIQUE »
Telle est la devise du grou­pe­ment de la louve. « J’aborde les deux pro­chaines années sans rup­ture avec le colo­nel d’Astorg, indique le chef de corps. Je sou­haite notam­ment asseoir notre esprit de corps. Je veux que les sapeurs-pom­piers du GSS soient fiers de leur appar­te­nance au grou­pe­ment, comme je le suis de por­ter la boucle de la louve. » Tout un symbole.

* : Paul Dou­mer « Le livre de mes fils, 1906 »
** : Pro­mo­tion « Géné­ral Béthouart »
*** : Pro­mo­tion « Ceux de 14 »

Texte et pho­to : SGT Nicho­las Bady


LIEUTENANT-COLONEL NICOLAS PLEIS « UNE VIE DE CHEF ! »

Le lieu­te­nant-colo­nel Nico­las Pleis est le chef de corps du grou­pe­ment des appuis et de secours (GAS) depuis le 29 juin 2022. Une belle ascen­sion pour cet ancien appe­lé du contingent.

« C’est l’exercice des res­pon­sa­bi­li­tés qui a créé ma voca­tion. » Assu­rance, expé­rience et bien­veillance trans­pa­raissent dans le regard de l’officier, marié et père de trois enfants. Alsa­cien pure souche, il gran­dit dans la ville de Col­mar et effec­tue ses études à Stras­bourg. À l’âge de 23 ans, le jeune Nico­las démarre son temps sous les dra­peaux comme appe­lé. « À l’époque, j’ai été frap­pé par l’image pres­ti­gieuse de la cava­le­rie, ce qui a évi­dem­ment orien­té mon choix. » Il intègre donc l’armée de Terre en qua­li­té d’élève offi­cier de réserve (EOR), ce qui le condui­ra plus tard à s’engager comme offi­cier de réserve en situa­tion d’activité (ORSA).

Dès son affec­ta­tion en régi­ment, Nico­las reçoit des res­pon­sa­bi­li­tés comme chef de pelo­ton. D’abord au 2e régi­ment de Dra­gons (2e RD), où il com­mande un pelo­ton de chars en esca­dron de com­bat, puis au 1er — 11e régi­ment de Cui­ras­siers (1er — 11e RC) et enfin au 1er régi­ment de Chas­seurs d’Afrique (1er RCA). Rapi­de­ment, après avoir échan­gé avec des offi­ciers de la Bri­gade, le jeune offi­cier ambi­tionne de rejoindre la BSPP. « Dans cette optique, j’intègre l’école mili­taire inter­armes en 2000. Puis je rejoins le 1er régi­ment du Génie à Ill­kirch-Graf­fens­ta­den. » Il achève cette pre­mière par­tie de car­rière par une opé­ra­tion exté­rieure (OPEX) au Liban, à la tête de sa section.

Faire ses armes
En 2005, Nico­las Pleis rejoint enfin la Bri­gade ! Affec­té direc­te­ment au 3e grou­pe­ment au sein de la 6e com­pa­gnie. Le jeune offi­cier y reste six ans, temps de com­man­de­ment inclus. Un laps de temps rare­ment aus­si long pour un offi­cier dans une même com­pa­gnie. « Pour nous, offi­ciers, c’est un temps fort. C’est ici que l’on fait ses armes, à la fois comme pom­pier et comme pre­mier grand chef. Avant, nous sommes sur­tout en phase de construc­tion. » Au terme de son pas­sage en com­pa­gnie, il rejoint l’état-major du 3e grou­pe­ment. Comme chef de la sec­tion logis­tique dans un pre­mier temps, puis en tant que chef de la sec­tion com­man­de­ment. En 2015, il réus­sit le concours du diplôme technique.

Bien connaitre le grou­pe­ment
Par la suite, Nico­las Pleis retourne un an sur les bancs à l’École natio­nale supé­rieure des arts et métiers (ENSAM) où il obtient un mas­tère spé­cia­li­sé en mana­ge­ment glo­bal des risques. L’officier est ensuite affec­té à l’état-major du ser­vice mili­taire volon­taire* (SMV) pen­dant trois ans. Il y assure de mul­tiples mis­sions : recru­te­ment, for­ma­tion, inser­tion, sécu­ri­té et opé­ra­tions, entre autres. En 2019, de retour à la Bri­gade, il est affec­té au BOPO comme adjoint du chef de bureau où il découvre le fonc­tion­ne­ment de l’état-major cen­tral. Puis, l’opportunité de secon­der le lieu­te­nant-colo­nel Gabriel Plus, chef de corps du GAS, en vue de deve­nir son suc­ces­seur, se pré­sente. « Ce tui­lage m’a véri­ta­ble­ment don­né l’occasion de prendre mes marques et de bien connaître le grou­pe­ment que je com­mande désormais. »

L’aspiration prin­ci­pale du lieu­te­nant-colo­nel pour son grou­pe­ment ? Pré­ser­ver le modèle légué par son pré­dé­ces­seur. Mais, aus­si, conso­li­der la capa­ci­té à la pro­jec­tion des spé­cia­listes. Il sou­haite notam­ment une pra­tique accrue de l’anglais opé­ra­tion­nel et compte, pour cela, sur les pro­grès et l’implication des offi­ciers afin de faci­li­ter le tra­vail à l’international. « Je devrais éga­le­ment prendre en compte le défi des Jeux Olym­piques de 2024 pour lequel le GAS sera mis à contri­bu­tion. Une oppor­tu­ni­té unique pour cette jeune uni­té de figu­rer en bonne place ! » conclut le nou­veau chef de corps.

*: le SMV est une contri­bu­tion du minis­tère des Armées dans le domaine de l’insertion citoyenne et pro­fes­sion­nelle de jeunes Fran­çais de métro­pole et de l’étranger âgés de 18 à 25 ans, exclus du mar­ché de l’emploi.

Texte et pho­to : 1CL Maxime Grimaud


COLONEL ROLAND PERFETTA « PARISIEN PUR BEURRE »

Le colo­nel Roland Per­fet­ta est deve­nu chef de corps du deuxième grou­pe­ment d’incendie et de secours le 30 juin 2022. De Kaboul à Paris, iti­né­raire d’un enfant du Génie.

« Mon enfance, je l’ai pas­sée sur le sec­teur du deuxième grou­pe­ment d’incendie et de secours. Alors, en prendre le com­man­de­ment aujourd’hui est, pour moi, tout un sym­bole. » Enfant, très jeune, il s’imagine ser­vir sous le dra­peau fran­çais. Pour lui, c’est une voca­tion dont il ne maî­trise pas la source. Les mili­taires de la famille ? Peut-être bien…

Alors direc­tion le Lycée mili­taire de Saint-Cyr‑l’École, puis les bancs de l’École Spé­ciale Mili­taire de Saint-Cyr à Coët­qui­dan. Le 1er août 2002, le jeune élève offi­cier Roland devient le lieu­te­nant Per­fet­ta. Dési­reux de rejoindre la BSPP, il choi­sit le Génie. Mais le par­cours d’un offi­cier des armes peut être par­fois sinueux : il intègre le 19e régi­ment du Génie à Besan­çon en tant que chef d’une sec­tion de com­bat ! En août 2004, il rejoint l’Afghanistan avec sa sec­tion lors de l’opération Pamir. « À Kaboul, notre mis­sion consis­tait à repé­rer, enle­ver puis détruire les muni­tions retrou­vées dans les rues, les champs, voire les habi­ta­tions. Une vraie mis­sion de sapeur ! Durant ce man­dat, nous avons ain­si détruit près de 150 tonnes de mines et munitions. »

« À mon retour d’OPEX, j’ai pu rejoindre la BSPP. J’ai fait mes pre­mières armes au Ples­sis-Cla­mart, puis j’ai rejoint la 27e com­pa­gnie, que j’ai eu le bon­heur de com­man­der. Ces deux années de temps de com­man­de­ment ont été très riches humai­ne­ment, j’ai par­ti­cu­liè­re­ment appré­cié la « famille » de la 27, l’enthousiasme et le pro­fes­sion­na­lisme de ces hommes et femmes, extrê­me­ment atta­chés à leur uni­té et fai­sant preuve d’un esprit de cama­ra­de­rie peu commun ! »

Un pas­sage par le Quai d’Orsay
À l’issue de son temps de com­man­de­ment, le capi­taine Per­fet­ta est muté à la pré­fec­ture de Police de Paris en tant que chef du centre opé­ra­tion­nel de zone. En paral­lèle, il passe et réus­sit brillam­ment le concours de l’École de Guerre.

Après sa sco­la­ri­té, le désor­mais lieu­te­nant-colo­nel Per­fet­ta est affec­té durant trois ans à la DRHAT. « J’ai inté­gré une sec­tion char­gée de pen­ser les par­cours de car­rière des offi­ciers, avant de m’occuper de ceux des sous-offi­ciers. » Une fonc­tion qu’il quitte à l’été 2018 pour rejoindre le Minis­tère de l’Europe et des Affaires étran­gères. « En tant que rédac­teur Tchad, je coor­don­nais les ini­tia­tives et les pro­jets de la France au pro­fit de ce pays, ain­si que les rela­tions avec les ambas­sades de France et du Tchad. » Son pas­sage au Quai d’Orsay lui ouvre à nou­veau les portes de l’École de Guerre, mais cette fois-ci en qua­li­té de pro­fes­seur afin de trans­mettre son expé­rience aux jeunes offi­ciers brevetés.

Com­prendre au mieux nos jeunes sapeurs
Neuf ans qu’il a quit­té la BSPP. Il désire plus que tout y reve­nir. À l’été 2021, Il est nom­mé chef du bureau études et pros­pec­tives de la BSPP. L’année est dense pour l’officier supé­rieur, car les tra­vaux sont nom­breux : cycle de pros­pec­tive stra­té­gique, déve­lop­pe­ment du sys­tème dipha­sique, deuxième édi­tion du col­loque de sciences appli­quées aux sapeurs-pom­piers, salons MILIPOL et Euro­sa­to­ry, inno­va­tion en matière de robo­tique, de drones, intel­li­gence artificielle…

Aujourd’hui, « je suis prêt, je mesure le grand hon­neur et la chance de prendre le com­man­de­ment du deuxième grou­pe­ment d’incendie et de secours ». À la tête des 1 700 hommes et femmes du GIS2 depuis cet été, le colo­nel Roland Per­fet­ta s’est fixé l’objectif de « com­prendre au mieux nos jeunes sapeurs afin de leur don­ner envie de gran­dir et de s’ancrer dura­ble­ment au sein de notre institution ».

La force de la BSPP réside dans la cohé­sion de ses uni­tés. « Le jeune sapeur béné­fi­cie, ici, d’un esprit de corps qu’il ne trou­ve­ra nulle part ailleurs, alors il nous faut culti­ver cette par­ti­cu­la­ri­té. C’est dans les moments forts liés à notre his­toire, comme lors de la Sainte-Barbe ou des bals du 14 juillet, que la cohé­sion se forge entre les sapeurs. » Après deux années com­pli­quées, il est effec­ti­ve­ment vital de renouer avec ces tra­di­tions qui font l’essence même de notre voca­tion. Nous lui sou­hai­tons plein de cou­rage et de réus­site tant sur le plan humain que sur opération !

Texte et pho­to : CPL Jean Flye


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