DOSSIER SÉCURITÉ CIVILE (1/​3) — La DGSCGC, mode d’emploi

Har­ry Cou­vin —  — Modi­fiée le 2 octobre 2025 à 03 h 30 

Les rencontres d’ALLO DIX-HUIT — Au cœur du dispositif de protection des populations en France, la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC) est un acteur majeur et souvent méconnu du grand public. Rattachée au ministère de l’Intérieur, cette entité est l’architecte invisible qui coordonne l’ensemble des moyens et des actions pour faire face aux risques de toute nature, qu’ils soient naturels, technologiques ou liés à l’activité humaine. Des feux de forêt dévastateurs aux inondations subites, en passant par les interventions d’urgence quotidiennes, la DGSCGC est la pièce maîtresse d’un système complexe et performant. C’est de ce fait un interlocuteur privilégié de la BSPP.

Le concept de pro­tec­tion civile, bien qu’ayant des ori­gines anciennes, a véri­ta­ble­ment pris forme et s’est struc­tu­ré en France au cours du xxe siècle. En réponse aux défis posés par les conflits mon­diaux, puis à l’émergence de risques indus­triels et nucléaires, la Sécu­ri­té civile s’est pro­gres­si­ve­ment ins­ti­tu­tion­na­li­sée. La DGSCGC, dans sa forme actuelle, est le résul­tat de décen­nies d’adaptations et d’améliorations conti­nues, visant à répondre aux menaces contemporaines.

L’organisation de la DGSCGC est conçue pour une effi­ca­ci­té maxi­male, s’articulant autour de plu­sieurs direc­tions et sous-direc­tions clés : 

la Direc­tion des sapeurs-pom­piers (DSP) super­vise la struc­ture et la doc­trine des Ser­vices dépar­te­men­taux d’incendie et de secours (SDIS) à tra­vers le pays ;

la Sous-direc­tion de la pré­pa­ra­tion, de l’anticipation et de la ges­tion des crises (SDPAGC) est dédiée à l’élaboration des stra­té­gies de réponse aux situa­tions d’urgence et à la veille des risques ;

la sous-direc­tion des moyens natio­naux (SDMN) est res­pon­sable de la ges­tion et du déploie­ment des res­sources spé­ci­fiques de l’État, telles que les uni­tés d’instruction et d’intervention de la sécu­ri­té civile (UIISC) et la flotte aérienne ;

la Sous-direc­tion des affaires inter­na­tio­nales, des res­sources et de la stra­té­gie (SDAIRS) gère la coopé­ra­tion inter­na­tio­nale et assure la cohé­rence des moyens et des politiques.

Des enti­tés comme l’État-major de la Sécu­ri­té civile (EMSC), qui assure la coor­di­na­tion opé­ra­tion­nelle per­ma­nente, et l’Inspection géné­rale de la Sécu­ri­té civile (IGSC), garante de la per­for­mance et de l’intégrité des opé­ra­tions, com­plètent ce dispositif.

Les mis­sions de la DGSCGC sont vastes, cou­vrant l’ensemble du cycle de ges­tion des risques.

Pré­voir. La pré­ven­tion des risques est essen­tielle dans la mis­sion de sécu­ri­té civile. Elle implique l’identification des menaces, qu’elles soient natu­relles (inon­da­tions, séismes) ou tech­no­lo­giques (acci­dents indus­triels), et la mise en œuvre de mesures pour en réduire l’impact. La DGSCGC joue alors un rôle essen­tiel dans l’information et la sen­si­bi­li­sa­tion des populations.

Pla­ni­fier. Une fois les risques cer­nés, les notions de pré­pa­ra­tions et de pla­ni­fi­ca­tions deviennent la prio­ri­té. La DGSCGC éla­bore les plans de secours (plans ORSEC), orga­nise des exer­cices régu­liers et veille à la dis­po­ni­bi­li­té et à la for­ma­tion des moyens humains et maté­riels en cas de besoin. Elle défi­nit les doc­trines natio­nales en matière de sécu­ri­té civile.

Ges­tion des crises. Lors d’un évé­ne­ment majeur, la DGSCGC est le point cen­tral de coor­di­na­tion des dif­fé­rents ser­vices d’urgence (sapeurs-pom­piers, SAMU, forces de l’ordre). Le Centre opé­ra­tion­nel de ges­tion inter­mi­nis­té­rielle des crises (COGIC), inté­gré au minis­tère de l’Intérieur, est le pivot de cette coor­di­na­tion et de l’aide à la déci­sion gouvernementale.

Des moyens natio­naux d’intervention. La DGSCGC dis­pose de capa­ci­tés d’intervention spé­cia­li­sées. La flotte aérienne de la Sécu­ri­té civile (Cana­dair, Dash) est cru­ciale pour la lutte contre les feux de forêt. Les Uni­tés d’Instruction et d’Intervention de la Sécu­ri­té Civile, com­po­sées de mili­taires, apportent un ren­fort pré­cieux pour des mis­sions spé­cia­li­sées comme le sau­ve­tage-déblaie­ment ou la ges­tion des risques nucléaires, radio­lo­giques, bio­lo­giques et chi­miques (NRBC). Le ser­vice du démi­nage assure la neu­tra­li­sa­tion des explosifs.

Coopé­ra­tion inter­na­tio­nale. La France, par l’intermédiaire de la DGSCGC, est un acteur enga­gé sur la scène de la sécu­ri­té civile euro­péenne et mon­diale, par­ti­ci­pant à des mis­sions d’assistance, de for­ma­tion et d’échange d’expertise lors de catas­trophes à l’étranger.

Des inter­ven­tions mar­quantes. La DGSCGC est régu­liè­re­ment mobi­li­sée sur des évé­ne­ments de grande ampleur, démon­trant sa capa­ci­té à déployer des moyens signi­fi­ca­tifs. Les cam­pagnes annuelles de lutte contre les feux de forêt dans le sud de la France (et désor­mais, dans un sec­teur de plus en plus sep­ten­trio­nal), la ges­tion des inon­da­tions ou encore les réponses aux crises sani­taires comme celle du Covid-19, illus­trent l’importance de son rôle.

En 2023, la DGSCGC a conti­nué de moder­ni­ser ses outils, notam­ment avec le déploie­ment du sys­tème d’alerte des popu­la­tions Fr-ALERT, qui per­met de dif­fu­ser des noti­fi­ca­tions d’urgence direc­te­ment sur les télé­phones mobiles. L’investissement dans le renou­vel­le­ment de la flotte aérienne est éga­le­ment une prio­ri­té pour main­te­nir une capa­ci­té opé­ra­tion­nelle de pointe.

La DGSCGC repré­sente l’engagement de mil­liers de pro­fes­sion­nels et de volon­taires : sapeurs-pom­piers, mili­taires des UIISC, démi­neurs et per­son­nels de sou­tien. Ces indi­vi­dus sont la force motrice d’un sys­tème qui œuvre quo­ti­dien­ne­ment pour la sécu­ri­té des citoyens fran­çais. Un ave­nir tour­né vers la rési­lience. Face aux défis crois­sants liés au chan­ge­ment cli­ma­tique, aux risques tech­no­lo­giques émer­gents et à la com­plexi­té des crises modernes, la DGSCGC est en constante adap­ta­tion. L’objectif est de ren­for­cer la rési­lience des popu­la­tions, c’est-à-dire leur apti­tude à faire face, à s’adapter et à se réta­blir rapi­de­ment après un évé­ne­ment majeur. Cela passe par une amé­lio­ra­tion conti­nue de l’information, une sen­si­bi­li­sa­tion accrue aux gestes de pre­miers secours et une coor­di­na­tion tou­jours plus fine entre tous les acteurs de la sécu­ri­té civile, des col­lec­ti­vi­tés locales aux asso­cia­tions agréées. 

En somme, la Direc­tion géné­rale de la sécu­ri­té civile et de la ges­tion des crises est un acteur essen­tiel de la pro­tec­tion des popu­la­tions en France. Elle est le garant d’une réponse orga­ni­sée et effi­cace face aux risques, contri­buant de manière signi­fi­ca­tive à la sûre­té du pays et à la ges­tion des situa­tions les plus critiques.

Julien Marion, direc­teur géné­ral de la sécu­ri­té civile

Photos : SDIS 33 et DR

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