#BrigadeInside — Mobile, prioritaire, interopérable ou encore sécurisé. En quelques mots, les contours du réseau radio du futur (RRF) sont dessinés. Le système de communication actuel des services de secours ANTARES vieillit et les coûts d’entretien et de maintenance sont colossaux. Cette nouvelle technologie numérique se veut être la réponse proportionnée pour les pompiers de Paris et les acteurs de la sécurité civile. #Allo18 a assisté à la présentation au 1er groupement d’incendie et de secours.
L’enjeu est de taille. Dès 2017, le programme RRF est lancé par le Président de la République en personne, à l’occasion de son discours aux forces de sécurité. Imaginé par un polytechnicien un an auparavant, le compte à rebours est désormais lancé. À son habitude, M. Emmanuel Macron a défini une date de déploiement en premier objectif : ce sera 2022. C’est-à-dire demain.
Le système actuel ANTARES sera frappé d’obsolescence dans les années à venir. Son arrêt définitif est prévu en 2030. Il y a donc urgence à trouver une solution en accord avec les besoins des sapeurs-pompiers de Paris.
Une sécurité connectée
Actuellement, les réseaux radio, utilisés par les forces de sécurité au sens large, s’appuient sur une technologie de bas débit (2G) et dont l’interopérabilité est absente. Alors que de nouvelles menaces ont émergées ou se sont renforcées ces dernières années (terrorisme, évènements climatiques, pandémies, etc.), la sollicitation des services de secours a fortement augmenté. Un outil de communication adapté et moderne est nécessaire afin de rester en accord avec l’évolution technologique de la société. La connectivité offerte devra donc inclure l’accès à la 4G dans un premier temps (puis à la 5G) ainsi que des fonctionnalités en ligne dont on ne peut plus se passer (accès internet, messagerie instantanée, documentation numérique, etc.).
Aujourd’hui, les infrastructures sont de plus en plus complexes et dimensionnantes, les réseaux se font plus nombreux et le besoin tout simplement de communiquer est une attente forte de tous les acteurs. Le tournant numérique dans le domaine de la communication, visible depuis quelques années, n’est pas à manquer. Ce réseau doit donc embrasser le terme de résilience, fort de sens pour une institution militaire.
“Je demande…”
La Coupe du monde de rugby en 2023 mais surtout les Jeux olympiques en 2024 sont les deux évènements majeurs qui fixent un cap d’opérabilité de RRF. C’est un impératif. C’est pourquoi un première expérimentation a été lancée en avril 2021 auprès de deux compagnies du 1er groupement d’incendie et de secours (quatre centres de secours au total) : la 9e CIS (Montmartre/Boursault) et la 26e CIS (Saint-Denis/Pierrefitte). Cette première étape appelle deux objectifs principaux.
Tout d’abord, il s’agit d’identifier la répartition la plus judicieuse des équipements afin d’exprimer un besoin quantitatif. En d’autres termes, faut-il un smartphone, une tablette, un ordinateur ? Qui devrait en bénéficier ?
Ensuite, cette expérimentation permet de vérifier la couverture radio 4G, aussi bien en indoor (infrastructures, parcs de stationnement couverts, tunnels, sous-sols, etc.) qu’en outdoor. Il faut profiter de cette période pour détecter les difficultés de transmission et de couverture sur les secteurs concernés.
Dessine-moi un réseau radio du futur
Les capacités du RRF sont bien supérieures au précédent et devraient transformer l’approche de la communication entre les services de secours et de sécurité. On peut ainsi s’appuyer sur six points-clés que le lieutenant-colonel Alain Albarez de la DGSCGC et l’ingénieur Alain Dominguez nous ont commentés dans la vidéo ci-dessous.
Le premier est la robustesse du matériel. Les interventions quotidiennes mettent à rude épreuve les terminaux (téléphones et tablettes) et les accessoires associés. L’exigence des utilisateurs doit permettre de répondre aux contraintes exercées par le terrain, l’autonomie liée à un usage intensif ou encore concernant la connectivité assez étendue.
Le deuxième est la résilience. En effet, ce réseau de communication opérationnelle en continu, dans un environnement où les interventions sur l’ensemble du secteur de la BSPP sont souvent au-dessus de 1200 par jour, doit être garanti sans coupure et ce, quelles que soient les conditions du terrain. Le fait de passer à l’avenir par les quatre grands opérateurs nationaux, et de manière prioritaire, est un gage de force du projet. Un contrepied à d’autres pays étrangers ayant un peu d’avance dans ce domaine, ne fonctionnant que sur un seul opérateur, n’est pas pour déplaire à l’efficience du RRF.
Le troisième point-clé est l’interopérabilité. De fait, les différents services doivent aujourd’hui davantage communiquer, notamment dans le cadre d’interventions d’envergure. Leur coordination, à tous les niveaux, est une nécessité.
Le quatrième point touche à l’environnement multimédia. Il s’agit ici d’enrichir le partage d’informations par le biais de fonctionnalités de communication modernes (messagerie, géolocalisation, documentation, etc.).
Le cinquième élément se caractérise par sa capacité à évoluer technologiquement. Et on pense immanquablement à l’accès à des réseaux de nouvelle génération, comme la 5G. Ce réseau étant amené prioritairement aux entreprises et grands acteurs nationaux afin d’intégrer toute l’intelligence artificielle actuelle et à venir.
Enfin, le dernier point-clé permet à lui seul de résumer les cinq précédents : un système tout en un. Une solution unique de réseau de communication critique, un réseau mobile et un accès, via internet, aux applications métiers sur un seul terminal.
Une logique utilisateur
Cette expérimentation est chargée de répondre aux défis opérationnels. La démarche conduite est ainsi centrée sur l’utilisateur final, à savoir le sapeur-pompier de Paris dans le cas présent. C’est pourquoi cette première phase revêt une importance capitale afin d’exprimer les besoins précis. Le retour d’expérience prend ici toute sa place afin de déterminer les pratiques récurrentes mais aussi les cas d’usage spécifiques.
La mise en place du RRF s’appuie sur un calendrier certes ambitieux mais cohérent avec la perspective de compétitions sportives internationales sur la capitale à partir de 2023. En quelque sorte, la fin justifie pleinement les moyens…