RÉSERVE CITOYENNE — Un engagement rayonnant

Raphaël Orlan­do —  — Modi­fiée le 16 mai 2024 à 05 h 26 

#BrigadeInside — Ni grade, ni tenue F1 à l’horizon ! Souvent méconnus, les réservistes citoyens mettent gracieusement leurs savoir-faire, expertise et connaissances au service de la BSPP ! Mais qui sont-ils vraiment ?

La bri­gade de sapeurs-pom­piers de Paris révèle un contact humain remar­quable, témoigne mon­sieur Didier Sapaut, his­to­rien diplô­mé de l’É­cole Nor­male Supé­rieure. De par mon métier, cette ins­ti­tu­tion offre une incroyable ouver­ture sur l’histoire de Paris. » Tout pre­mier réser­viste citoyen de la Bri­gade « bien que le contrat s’initie en 2018, mon enga­ge­ment débute presque dix ans aupa­ra­vant ! » témoigne-t-il ! Ses connais­sances ency­clo­pé­diques le mènent évi­dem­ment à se rap­pro­cher du musée de l’Institution qu’il consi­dère comme « un for­mi­dable ins­tru­ment de rayon­ne­ment ». Nous pro­fi­tons éga­le­ment de son savoir dans les rubriques his­to­riques de notre magazine. 

Les réser­vistes citoyens sont béné­voles, ils accom­plissent des actions défi­nies avec leur régi­ment de rat­ta­che­ment. En paral­lèle, les réser­vistes opé­ra­tion­nels inter­viennent sur le ter­rain, portent l’u­ni­forme et peuvent évo­luer dans leur grade. Ces deux seg­ments com­posent la réserve mili­taire. « Depuis plus de sept ans, j’ai l’honneur d’accompagner la Musique des pom­piers de Paris lors de nom­breux évé­ne­ments et concerts, recon­naît Can­dice Parise. Cette ami­tié s’est déve­lop­pée pro­gres­si­ve­ment avant d’être offi­cia­li­sée par ce titre de réser­viste et de chan­teuse offi­cielle de l’orchestre ! »

Sa dis­po­ni­bi­li­té, elle la démontre lors des moments de joie : le 14 juillet, la Sainte-Barbe… et par ailleurs, lors de moments de deuil en inter­pré­tant des chan­sons hom­mage. Can­dice Parise sou­ligne à de nom­breuses reprises la recon­nais­sance qu’elle a pour la BSPP. 

« ÊTRE RÉSERVISTE CITOYEN C’EST S’INTÉRESSER ET SE MOBILISER POUR LA BSPP, VOULOIR ÊTRE PARTIE PRENANTE »

Altruisme civil. Créée à la suite de la sup­pres­sion du ser­vice mili­taire en 1999, la réserve citoyenne de l’armée de Terre existe depuis 25 ans et compte 3 000 réser­vistes. La réserve citoyenne inter­vient dans cinq domaines prin­ci­paux (selon les demandes du com­man­de­ment) : pro­mo­tion de l’esprit de défense au sein de la socié­té civile, ren­for­ce­ment du lien armée-nation, contri­bu­tion au rayon­ne­ment de leur armée, apport d’expertise sur diverses pro­blé­ma­tiques et par­ti­ci­pa­tion à la rési­lience de la Nation.

Pour d’anciens mili­taires, la réserve citoyenne est un moyen de faire per­du­rer ce lien avec la BSPP. « Après 37 ans et demi de ser­vice, observe l’ad­ju­dant-chef Jean-Louis Conrard, il était impor­tant pour moi de conser­ver ce lien et je suis recon­nais­sant envers la Bri­gade de m’avoir accor­dé cette place. » Ce lien, il le cultive désor­mais avec le bureau recru­te­ment, lors des entre­tiens des Volon­taires au ser­vice civique (VSC), mais éga­le­ment lors de ceux des futures recrues à l’is­sue de leur agré­ment tech­nique. « J’ai à cœur d’accompagner les jeunes vers la vie pro­fes­sion­nelle et l’épanouissement. Par mon expé­rience, je peux leur appor­ter quelques clés pour réus­sir, mais éga­le­ment, être un garde-fou pour les mau­vais choix. »

« Être réser­viste citoyenne, c’est être par­tie pre­nante c’est-à-dire s’intéresser et s’intégrer à la bri­gade », assure Del­phine Charles-Péronne, délé­guée géné­rale de la Fédé­ra­tion des Entre­prises Immo­bi­lières et char­gée d’identifier des mécènes. Lors d’une céré­mo­nie en pré­sence de l’ensemble des réser­vistes citoyens, le géné­ral de divi­sion Joseph Dupré la Tour se réjouit que « depuis l’incendie de Notre-Dame, elle a témoi­gné un sou­tien sans faille à notre uni­té, en jouant notam­ment un rôle déci­sif durant la crise COVID. Son ami­tié fidèle envers la Bri­gade […] est très pré­cieuse ». Au-delà de ses com­pé­tences propres, Madame Del­phine Char­les­Pé­ronne fait gran­dir le vivier de la réserve citoyenne… 

Toile de rela­tion. Au cœur de cette réserve citoyenne, une toile de rela­tions s’est tis­sée, unis­sant des indi­vi­dus d’ho­ri­zons divers, mais par­ta­geant un altruisme sin­cère. « J’ai tou­jours sou­hai­té ser­vir mon pays, relate Tris­tan Bar­rès, ancien conseiller loge­ment du Pré­sident de la Répu­blique. Cette com­pli­ci­té avec la BSPP n’est pas for­tuite. Del­phine [Charles-Péronne] que je connais­sais déjà, m’a infor­mé de ma capa­ci­té à aider sur les pro­blé­ma­tiques de loge­ment aux­quelles sont confron­tés les pom­piers de Paris. Je prends plai­sir à entre­te­nir cette rela­tion, et la BSPP me le rend bien, car leur soli­da­ri­té, ils l’offrent éga­le­ment à nous, réser­vistes citoyens. » Il apporte son réseau et ses com­pé­tences pour pro­gres­ser en matière de poli­tique de logement. 

« La réserve citoyenne est com­po­sée de volon­taires, choi­sis pour leurs com­pé­tences ou leur expé­rience, pré­cise l’ad­ju­dant-chef Arnaud Parent, chef du groupe réserve spé­cia­liste du bureau ges­tion du per­son­nel. Une demande d’agrément est d’abord envoyée à la DRHAT1, puis l’agrément est déli­vré par le géné­ral com­man­dant la Bri­gade pour une durée de trois ans renou­ve­lables. À ce jour, ils sont 22 à la BSPP. » Des réser­vistes citoyens au ser­vice des jeunes recrues, mais pas que… Mon­sieur Bru­no Heron en est la preuve : la réserve citoyenne apporte aus­si son exper­tise aux futurs offi­ciers. « Ce que j’aime à la BSPP, c’est le contact ami­cal que je peux avoir avec ceux que je ren­contre, le goût de l’effort et la soif de connais­sance des mili­taires, pré­cise le poly­tech­ni­cien, qui enseigne et dis­pense des cours aux offi­ciers de demain. Les can­di­dats font preuve d’une grande culture géné­rale et d’une cer­taine moti­va­tion, c’est un plai­sir de leur appor­ter la théo­rie néces­saire aux concours ODS2, école de guerre ou encore EMIA3. »

« JE PRENDS PLAISIR À ENTRETENIR CETTE RELATION. LA BSPP ME LE REND BIEN, LEUR SOLIDARITÉ, ILS NOUS L’OFFRENT AUSSI »

Hon­neur mili­taire. « Jusqu’au 1er février 2024, un grade était déter­mi­né en fonc­tion des niveaux de res­pon­sa­bi­li­tés ou de la noto­rié­té, ajoute l’adjudant-chef Arnaud Parent. Depuis, le chef d’état-major des Armées a déci­dé de sup­pri­mer les grades hono­ri­fiques, car ils induisent une confu­sion entre les dif­fé­rents types de réserves, voire avec le per­son­nel mili­taire d’active. Doré­na­vant, ils auront tous l’appellation d’officier de la réserve citoyenne. » Le réser­viste citoyen ne porte pas l’uniforme mili­taire. Il arbore un insigne spé­ci­fique por­tant la men­tion « Ad Honores », en latin : à titre hono­ri­fique, sym­bole de son enga­ge­ment. En revanche, il a accès aux déco­ra­tions dans les ordres nationaux. 

Le mar­di 5 décembre 2023 à l’État-major Cham­per­ret, le géné­ral Joseph Dupré la Tour intro­nise un nou­veau réser­viste citoyen : Marie-Sophie Lacar­rau, jour­na­liste et pré­sen­ta­trice du jour­nal de 13 heures de TF1. « Cet échange avec la BSPP est un hon­neur pour moi, j’en suis recon­nais­sante. Les pom­piers de Paris, ce sont les mili­taires du quo­ti­dien, ils incarnent le don de soi et la proxi­mi­té avec la popu­la­tion, j’accorde un pro­fond res­pect à la céré­mo­nie qui m’a été faite et qui était un moment empreint de solen­ni­té », pré­cise-t-elle. Son enga­ge­ment est un reflet de la BSPP, elle incarne la proxi­mi­té et le quo­ti­dien des Fran­çais, dans les bons moments, comme dans les mau­vais. Elle fait rayon­ner la Bri­gade à tra­vers ses repor­tages et s’affiche aux côtés des mili­taires, notam­ment lors du défi­lé du 14 juillet. Rayon­ne­ment, amé­lio­ra­tion des condi­tions de tra­vail, for­ma­tion des pom­piers de Paris… Les réserves citoyennes sont une com­po­sante essen­tielle de la BSPP. Dans un pro­chain numé­ro, nous décou­vri­rons les réser­vistes opé­ra­tion­nels, autres acteurs de la réserve militaire ! 

Photo : caporal Antoine Joly

Sur la pho­to : Dider Sapaut, Can­dice Parise, Del­phine Char­les­Pé­ronne, géné­ral Joseph Dupré la Tour, Marie­So­phie Lacar­rau et Tris­tan Barrès.

1 : Direc­tion des res­sources humaines de l’armée de Terre. 2 : Offi­ciers des domaines de spé­cia­li­tés. 3 : École mili­taire interarmes.


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