#BrigadeInside — Il était attendu avec impatience et une pointe d’appréhension, à cause de ses dimensions. Le BEA 42 mètres est arrivé le 1er février 2022 à Masséna. Attachez vos ceintures et montez à bord de cet engin d’exception !
à Masséna, le ronfleur sonne suivi de trois sonneries courtes. Il n’y a aucun doute, le BEA 42 mètres décale. Son démarrage brutal fait éjecter automatiquement la prise à laquelle il était branché dans la remise. L’engin Scania de 410 chevaux ne passe pas inaperçu dans les rues de Paris : 10,50 mètres de long, 2,55 mètres de large et 3,8 mètres de haut. Les autres BEA n’ont que deux essieux, lui en a trois… dont deux directionnels. L’engin au bras de 42 mètres a ainsi un rayon de braquage de 9,7 mètres. Pratique dans certaines rues étroites de la capitale !
À l’épreuve du feu. Le BEA est équipé pour combattre les incendies. Il possède deux raccords de 110 millimètres et une colonne sèche de 80 millimètres, permettant ainsi un meilleur débit. La lance canon du BEA 42 mètres est télécommandée et projette 4 700 litres d’eau par minute. Une lance de 500 litres d’eau par minute est à la disposition des pompiers dans la nacelle. Sa vanne électronique se met en sécurité en se fermant de trois quart lorsque les 15 bars sont dépassés. « À Masséna, nous faisons partie des compagnies test pour le nouveau système à batterie électrique HR libervit, explique le sergent-chef Pierre Lévêque, référent du BEA à la deuxième compagnie. Ce dispositif d’ouvre-porte hydraulique est en dotation dans le BEA 42 mètres. » Un ventilateur maître, un ventilateur auxiliaire relai et un appareil respiratoire isolant complètent l’équipement incendie de l’engin.
Le microprocesseur du BEA 42 mètres est une pièce maîtresse de l’engin. Grâce à son système d’ascenseur intelligent, il simplifie grandement les sauvetages en hauteur. « Imaginez que nous soyons confrontés à une situation d’urgence au sixième étage d’un immeuble. Il nous suffit d’activer le mode ascenseur et d’abaisser le levier pour que la nacelle à l’extrémité du bras atteigne le sixième étage, en suivant la façade avec une grande précision. Mieux encore, poursuit le sous-officier, lors de multiples sauvetages au même étage, le microprocesseur mémorise les mouvements, nous permettant ainsi d’effectuer des sauvetages successifs, et tout cela à une vitesse bien supérieure à une intervention manuelle. »
Microprocesseur de pointe. Enregistrer les mouvements est une autre prouesse de ce microprocesseur. Par exemple, en phase de déblaiement sur un incendie, il apprend le trajet optimal pour transporter efficacement les charges à évacuer. De plus, il conserve un historique complet de chaque opération, ce qui facilite les retours en arrière pour des actions telles que le passage d’un brancard par une fenêtre. Enfin, la fonction de levage offre une indication en temps réel de la charge soulevée. Avec une précision au millimètre près et des fonctionnalités inégalées, ce microprocesseur confère au BEA 42 mètres un avantage indiscutable par rapport à ses homologues.
Les missions du BEA sont variées. D’abord, il se déplace en cas d’incendie à la fois pour effectuer des sauvetages mais aussi pour faire des reconnaissances. En effet, il permet un tour du feu plus efficace pour le chef de garde. Peu importe le risque d’explosion ou d’effondrement, le BEA peut s’élever à 42 mètres de hauteur, sans personne dans la nacelle, grâce à une caméra thermique et une caméra pouvant être reliée à un écran de surveillance situé en bas. Cette dernière impressionne toujours par sa précision. Imaginez pouvoir lire un texte écrit sur une feuille A4 disposée à 600 mètres de vous. Impossible, pensez-vous… Pourtant, la caméra du BEA 42 mètres le permet !
Une autre mission de l’engin est le brancardage d’une victime inconsciente, jusqu’à 250 kilos ; opération qui requiert une précision et une sécurité maximales. Le BEA est fréquemment sollicité pour cette tâche car sa conception articulée lui permet de passer au-dessus d’une barre d’immeuble pour atteindre une fenêtre et déposer le brancard à l’intérieur. Par cette action, il assure que la victime ne soit jamais suspendue dans le vide. Avec cette capacité, le BEA peut réaliser un brancardage jusqu’au 14e étage, dans sa condition optimale. Ainsi, le BEA 42 mètres peut effectuer des missions de portage des victimes et de grue, sans la présence du Groupe d’intervention en milieu périlleux (GRIMP). Toutefois, le BEA 42 mètres est conçu pour travailler avec le GRIMP. La capacité de brancardage maximale atteint alors une tonne. La nacelle, disposant d’un crochet d’appréhence de précaution et d’une potence de rappel, permet au GRIMP de travailler en toute sécurité.
La galerie
Mise en route. Avant sa mise en service, un travail interne a été fait pour savoir si le BEA 42 mètres était en capacité de partir pour un départ normal (DN) ou s’il devait partir uniquement sur demande. Il a même été question d’un départ accompagné d’une voiture pour lui ouvrir la voie. « Les 15 premiers jours, nous avons appréhendé le BEA 42 mètres en roulant sur tout le secteur pour vérifier que son envergure et ses 27 tonnes passent dans toutes les rues, se remémore le sergent-chef Lévêque. Puis, nous nous sommes rendus sur tous les lieux d’intervention des DN des mois précédents, pour estimer le temps que nous mettions pour nous présenter. » Après cette phase de test, il a été convenu de déployer le BEA 42 mètres en premier départ. Pour préparer les chefs‑d’agrès et les conducteurs à appréhender cet engin, une formation informatique est dispensée en plus de la formation initiale sur le BEA 32 mètres. Entre janvier et septembre 2023, le BEA 42 mètres a déjà décalé 338 fois… et a encore une longue route devant lui !