#BrigadeInside — En cette journée internationale des droits des femmes et en cette année de Coupe du monde de rugby en France, il nous a semblé opportun de rendre hommage à nos deux championnes du monde militaire.
Non, vous ne rêvez pas, le XV de France est champion du monde ! En revanche, Antoine Dupont et Romain Ntamak n’étaient pas de la partie, mais le caporal Marie Hamon et le sapeur de première classe Fanny Seninge, oui…
Nous sommes le 25 octobre 2022. Fanny et Marie devenaient championnes du monde de rugby militaire féminin. C’est historique ! Non seulement parce qu’aucune autre équipe de France ne l’a jamais été, mais surtout parce qu’il s’agissait là de la première coupe du monde de rugby militaire féminin de l’histoire !
Le caporal Marie Hamon a 25 ans. « Je pratique le rugby depuis mes 14 ans, j’ai grandi à Rennes et commencé le rugby au Stade Rennais. J’ai tout fait à Rennes, comme une vraie Bretonne ! », évoque-t-elle fièrement. Le sapeur de première classe Fanny Seninge, quant à elle, est une vraie Lyonnaise. « J’ai découvert le rugby sur le tard, cela fait à peine cinq ans que je joue. »
Un parcours jonché d’embuches. Les deux filles du premier groupement d’incendie ont incorporé la Brigade au même moment. Elles ont depuis développé une belle amitié « Je ne pourrais jamais jouer contre toi », dit Fanny avec une certaine tendresse. Pour arriver jusqu’au titre de championnes du monde, nos deux Bleues sont passées par un parcours jonché d’embuches. Une fois sélectionnées dans le groupe France, elles ont eu le droit à une préparation Coupe du monde. « Au mois de septembre, nous ne connaissions personne, nous avons dû apprendre à nous connaître, à créer un esprit de groupe avec beaucoup de cohésion », relate Marie. Le début de la compétition a été plutôt rude pour nos Bleues, « Le tournoi a débuté à peine quatre jours après notre arrivée en Nouvelle-Zélande, avec le décalage horaire, nous étions assez fatiguées. Le premier match était contre la Nouvelle-Zélande, le pays hôte. C’est une équipe très physique et technique », raconte Marie. « Nous avons été malmenées et nous avons rencontré quelques pépins physiques. La défaite 22 à 10 nous a fait mal à la tête, car nous avions une ambition réelle de gagner le tournoi. Nous avions perdu notre carte chance, nous n’avions plus le droit à l’erreur et c’est cela qui nous a mis dans la compétition », continue Fanny.
Une quinzaine de mélées. La compétition a été dense, elles ont enchaîné cinq matchs en trois semaines, « Chaque match, nous l’avons pris comme une finale », précise Marie. Nos Françaises se sont retrouvées dans le groupe de la Nouvelle-Zélande, des redoutables îles Tonga et des novices Îles Vanuatu. Après la défaite inaugurale contre le pays hôte, nos Bleues ont mis en route le tracteur et ont roulé sur toute la concurrence. D’abord sur les Tongiennes (51 – 0), puis sur les Vanuataises (137 – 5). Fanny relate avec émotion ce dernier match « Les Vanuatu viennent tout juste de créer une équipe de rugby et les joueuses étaient vraiment novices. Nous avions l’impression de jouer contre de gentilles “mamans”. Pour elles, ce n’était qu’un jeu et elles n’arrivaient pas à nous plaquer. Ce match nous a procuré beaucoup d’émotions ». La qualification est en poche, en route pour la demi-finale ! Une équipe fidjienne très rapide et physique. Un match entre costauds avec plus d’une quinzaine de mêlées jouées. Les organismes sont mis à rude épreuve. La France conclut victorieusement sur la plus petite des marques (6 – 5), « Nous avons gagné la demi-finale sur le fil. À 30 secondes de la fin, nous avons bénéficié d’une pénalité en face des poteaux, notre buteuse n’a pas tremblé, c’était vraiment la libération lorsque l’arbitre a sifflé la fin du match », se remémore Marie.
« Même le CEMAT nous a envoyé un message : “Bravo : à jamais les premières !” »
Une finale indécise jusqu’à la dernière minute. Après trois semaines de compétition acharnée, nos Bleues arrivent au but ultime. Avec un esprit revanchard, elles croisent le fer avec leurs meilleures ennemies, les Black Ferns. L’ultime Marseillaise de la compétition résonne dans le stade. Le traditionnel haka d’avant match est impressionnant, mais les Françaises sont remontées comme des pendules et sont prêtes à en découdre, « Nous étions prêtes pour le combat » souligne Fanny. Le match est de très haute intensité, nous sommes à la 78e minute, les Blacks mènent 8 à 6. Mais, alors que les Françaises tiennent le ballon, l’une d’elles se fait plaquer dangereusement au-dessus des épaules, sous la pression des supporteurs locaux, l’arbitre ne tremble pas et siffle pénalité pour la France face aux poteaux. Le stress est à son comble. Emma Coudert, demie d’ouverture, prend tout son temps pour poser délicatement le ballon sur le tee. Elle prend quelques pas de recul et s’apprête à tirer. Avec sang-froid, la jeune joueuse de 23 ans botte le ballon qui passe en plein milieu des perches, la France passe devant et mène 9 à 8. Les Néo-Zélandaises engagent, mais à la réception, l’une des Bleues commet un en-avant. « L’arbitre siffle une mêlée dans nos 22 m. S’il y avait une mêlée à gagner, c’était celle-là. C’était la mêlée de la victoire », nous raconte Marie avec passion. « On pousse à l’impact et on fait l’effort, les Néo-Zélandaises parviennent à sortir le ballon, mais nous finissons par le récupérer grâce au travail extraordinaire de nos piliers. Une fois dans nos mains, on ne l’a plus jamais lâché. Notre demie de mêlée tape en touche (ndr : pour que l’arbitre siffle la fin du match, le ballon doit sortir des limites du terrain), mais l’arbitre ne réagit pas. Il lui a fallu attendre au moins dix secondes pour siffler la fin du match. » Elles sont championnes du monde. Ça y est, elles l’ont fait. « Au coup de sifflet, tout est sorti, des cris, des pleurs de joie, nous avions trop de sentiments », relate Fanny non sans émotion. Place à la troisième mi-temps et à la fête. Sur leur téléphone, les messages pleuvent « Même le CEMAT nous a envoyé un message : “Bravo : à jamais les premières !” » s’exclame Marie avec fierté.
L’autre Coupe du monde. Pour nos Françaises, “The job’s done1” ! Mais au-delà de l’aspect compétition, c’est une incroyable aventure humaine que nos Françaises ont vécu pendant toute la durée de leur séjour. « Nous avons découvert des cultures incroyables, nous avons créé une vraie relation amicale avec les Néo-Zélandaises, elles nous ont beaucoup appris sur la culture Maori » conclut Fanny.
En parallèle de leur compétition se jouait la Coupe du monde féminine de rugby à XV, également en Nouvelle-Zélande. Si les Françaises n’ont pas gagné, elles ont fait belle figure. Une troisième place pour nos Bleues qui avaient perdu en demi-finale sur le score étriqué de 25 à 24 face à… la Nouvelle-Zélande.
La rédaction d’ALLO 18 adresse toutes ses félicitations à l’ensemble des joueuses des différentes équipes de France pour leur parcours. Maintenant, place à l’équipe de France masculine qui devra batailler fort sur son sol lors de la prochaine Coupe du monde en 2023 !
- Le travail est fait.
Photos : CPL Nicolas Breiner