RUGBY — Championnes du monde !

Jean Flye —  — Modi­fiée le 8 mars 2023 à 12 h 18 

#BrigadeInside — En cette journée internationale des droits des femmes et en cette année de Coupe du monde de rugby en France, il nous a semblé opportun de rendre hommage à nos deux championnes du monde militaire.

Non, vous ne rêvez pas, le XV de France est cham­pion du monde ! En revanche, Antoine Dupont et Romain Nta­mak n’étaient pas de la par­tie, mais le capo­ral Marie Hamon et le sapeur de pre­mière classe Fan­ny Seninge, oui…
Nous sommes le 25 octobre 2022. Fan­ny et Marie deve­naient cham­pionnes du monde de rug­by mili­taire fémi­nin. C’est his­to­rique ! Non seule­ment parce qu’aucune autre équipe de France ne l’a jamais été, mais sur­tout parce qu’il s’agissait là de la pre­mière coupe du monde de rug­by mili­taire fémi­nin de l’histoire !

Fan­ny Seninge est ori­gi­naire de Lyon.

Le capo­ral Marie Hamon a 25 ans. « Je pra­tique le rug­by depuis mes 14 ans, j’ai gran­di à Rennes et com­men­cé le rug­by au Stade Ren­nais. J’ai tout fait à Rennes, comme une vraie Bre­tonne ! », évoque-t-elle fiè­re­ment. Le sapeur de pre­mière classe Fan­ny Seninge, quant à elle, est une vraie Lyon­naise. « J’ai décou­vert le rug­by sur le tard, cela fait à peine cinq ans que je joue. »
Un par­cours jon­ché d’embuches. Les deux filles du pre­mier grou­pe­ment d’incendie ont incor­po­ré la Bri­gade au même moment. Elles ont depuis déve­lop­pé une belle ami­tié « Je ne pour­rais jamais jouer contre toi », dit Fan­ny avec une cer­taine ten­dresse. Pour arri­ver jusqu’au titre de cham­pionnes du monde, nos deux Bleues sont pas­sées par un par­cours jon­ché d’embuches. Une fois sélec­tion­nées dans le groupe France, elles ont eu le droit à une pré­pa­ra­tion Coupe du monde. « Au mois de sep­tembre, nous ne connais­sions per­sonne, nous avons dû apprendre à nous connaître, à créer un esprit de groupe avec beau­coup de cohé­sion », relate Marie. Le début de la com­pé­ti­tion a été plu­tôt rude pour nos Bleues, « Le tour­noi a débu­té à peine quatre jours après notre arri­vée en Nou­velle-Zélande, avec le déca­lage horaire, nous étions assez fati­guées. Le pre­mier match était contre la Nou­velle-Zélande, le pays hôte. C’est une équipe très phy­sique et tech­nique », raconte Marie. « Nous avons été mal­me­nées et nous avons ren­con­tré quelques pépins phy­siques. La défaite 22 à 10 nous a fait mal à la tête, car nous avions une ambi­tion réelle de gagner le tour­noi. Nous avions per­du notre carte chance, nous n’avions plus le droit à l’erreur et c’est cela qui nous a mis dans la com­pé­ti­tion », conti­nue Fanny.

Marie Hamon pra­tique le rug­by depuis plus de dix ans.

Une quin­zaine de mélées. La com­pé­ti­tion a été dense, elles ont enchaî­né cinq matchs en trois semaines, « Chaque match, nous l’avons pris comme une finale », pré­cise Marie. Nos Fran­çaises se sont retrou­vées dans le groupe de la Nou­velle-Zélande, des redou­tables îles Ton­ga et des novices Îles Vanua­tu. Après la défaite inau­gu­rale contre le pays hôte, nos Bleues ont mis en route le trac­teur et ont rou­lé sur toute la concur­rence. D’abord sur les Ton­giennes (51 – 0), puis sur les Vanua­taises (137 – 5). Fan­ny relate avec émo­tion ce der­nier match « Les Vanua­tu viennent tout juste de créer une équipe de rug­by et les joueuses étaient vrai­ment novices. Nous avions l’impression de jouer contre de gen­tilles “mamans”. Pour elles, ce n’était qu’un jeu et elles n’arrivaient pas à nous pla­quer. Ce match nous a pro­cu­ré beau­coup d’émotions ». La qua­li­fi­ca­tion est en poche, en route pour la demi-finale ! Une équipe fid­jienne très rapide et phy­sique. Un match entre cos­tauds avec plus d’une quin­zaine de mêlées jouées. Les orga­nismes sont mis à rude épreuve. La France conclut vic­to­rieu­se­ment sur la plus petite des marques (6 – 5), « Nous avons gagné la demi-finale sur le fil. À 30 secondes de la fin, nous avons béné­fi­cié d’une péna­li­té en face des poteaux, notre buteuse n’a pas trem­blé, c’était vrai­ment la libé­ra­tion lorsque l’arbitre a sif­flé la fin du match », se remé­more Marie.

« Même le CEMAT nous a envoyé un mes­sage : “Bra­vo : à jamais les premières !” »

Une finale indé­cise jusqu’à la der­nière minute. Après trois semaines de com­pé­ti­tion achar­née, nos Bleues arrivent au but ultime. Avec un esprit revan­chard, elles croisent le fer avec leurs meilleures enne­mies, les Black Ferns. L’ultime Mar­seillaise de la com­pé­ti­tion résonne dans le stade. Le tra­di­tion­nel haka d’avant match est impres­sion­nant, mais les Fran­çaises sont remon­tées comme des pen­dules et sont prêtes à en découdre, « Nous étions prêtes pour le com­bat » sou­ligne Fan­ny. Le match est de très haute inten­si­té, nous sommes à la 78e minute, les Blacks mènent 8 à 6. Mais, alors que les Fran­çaises tiennent le bal­lon, l’une d’elles se fait pla­quer dan­ge­reu­se­ment au-des­sus des épaules, sous la pres­sion des sup­por­teurs locaux, l’arbitre ne tremble pas et siffle péna­li­té pour la France face aux poteaux. Le stress est à son comble. Emma Cou­dert, demie d’ouverture, prend tout son temps pour poser déli­ca­te­ment le bal­lon sur le tee. Elle prend quelques pas de recul et s’apprête à tirer. Avec sang-froid, la jeune joueuse de 23 ans botte le bal­lon qui passe en plein milieu des perches, la France passe devant et mène 9 à 8. Les Néo-Zélan­daises engagent, mais à la récep­tion, l’une des Bleues com­met un en-avant. « L’arbitre siffle une mêlée dans nos 22 m. S’il y avait une mêlée à gagner, c’était celle-là. C’était la mêlée de la vic­toire », nous raconte Marie avec pas­sion. « On pousse à l’impact et on fait l’effort, les Néo-Zélan­daises par­viennent à sor­tir le bal­lon, mais nous finis­sons par le récu­pé­rer grâce au tra­vail extra­or­di­naire de nos piliers. Une fois dans nos mains, on ne l’a plus jamais lâché. Notre demie de mêlée tape en touche (ndr : pour que l’arbitre siffle la fin du match, le bal­lon doit sor­tir des limites du ter­rain), mais l’arbitre ne réagit pas. Il lui a fal­lu attendre au moins dix secondes pour sif­fler la fin du match. » Elles sont cham­pionnes du monde. Ça y est, elles l’ont fait. « Au coup de sif­flet, tout est sor­ti, des cris, des pleurs de joie, nous avions trop de sen­ti­ments », relate Fan­ny non sans émo­tion. Place à la troi­sième mi-temps et à la fête. Sur leur télé­phone, les mes­sages pleuvent « Même le CEMAT nous a envoyé un mes­sage : “Bra­vo : à jamais les pre­mières !” » s’exclame Marie avec fierté.

Bra­vo : à jamais les premières !” 

L’autre Coupe du monde. Pour nos Fran­çaises, “The job’s done1” ! Mais au-delà de l’aspect com­pé­ti­tion, c’est une incroyable aven­ture humaine que nos Fran­çaises ont vécu pen­dant toute la durée de leur séjour. « Nous avons décou­vert des cultures incroyables, nous avons créé une vraie rela­tion ami­cale avec les Néo-Zélan­daises, elles nous ont beau­coup appris sur la culture Mao­ri » conclut Fan­ny.
En paral­lèle de leur com­pé­ti­tion se jouait la Coupe du monde fémi­nine de rug­by à XV, éga­le­ment en Nou­velle-Zélande. Si les Fran­çaises n’ont pas gagné, elles ont fait belle figure. Une troi­sième place pour nos Bleues qui avaient per­du en demi-finale sur le score étri­qué de 25 à 24 face à… la Nou­velle-Zélande.
La rédac­tion d’ALLO 18 adresse toutes ses féli­ci­ta­tions à l’ensemble des joueuses des dif­fé­rentes équipes de France pour leur par­cours. Main­te­nant, place à l’équipe de France mas­cu­line qui devra batailler fort sur son sol lors de la pro­chaine Coupe du monde en 2023 ! 

  1. Le tra­vail est fait.

Pho­tos : CPL Nico­las Breiner


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