Secours à victime — La bronchiolite aigue du nourrisson est une infection respiratoire basse. Elle est due le plus souvent au Virus Respiratoire Syncitial (VRS). Elle atteint les nourrissons de moins de 2 ans et sévit dès l’automne pour menacer les plus petits. Mais attention, il ne faut pas relâcher la vigilance jusqu’à l’hiver. Voici comment reconnaître les symptômes pour agir dans les meilleurs délais et les meilleures conditions.
Epidémiologie
La bronchiolite est fréquente chez des enfants de 2 à 8 mois. En France elle touche chaque hiver 30% des nourrissons de moins de 2 ans. L’épidémie commence en septembre et connait un pic en Décembre pour se terminer à la fin de l’hiver.
Physiopathologie
Quel que soit l’agent viral en cause, la transmission du virus est interhumaine par voie directe (toux et éternuements) ou par voie indirecte (mains et matériel souillé). Le virus survit 30 minutes sur la peau et 6 à 7 heures sur les objets (jouets, table à langer) ou sur le linge. Ceci explique que la vie en collectivité est un facteur de risque de contamination. La durée de contagiosité est d’environ 3 semaines. Après une période d’incubation de 2 à 8 jours, le virus se multiple dans la muqueuse nasale, diffuse rapidement et gagne les bronchioles terminales.
La bronchiolite est une atteinte inflammatoire obstructive des bronchioles. L’obstruction des bronchioles est due à différentes choses : les cellules de la paroi bronchique nécrosent (mort cellulaire) ce qui provoque un œdème de la paroi et les sécrétions bronchiques sont augmentées d’où la création de bouchons muqueux (mucus). Toutes ces lésions sont potentiellement réversibles. L’évolution se fait généralement spontanément par l’évacuation des bouchons muqueux, par la régression de l’inflammation et par la régénération des cellules de la paroi bronchique. Il faut cependant 3 à 4 semaines pour que ces lésions soient parfaitement réparées.
Le nourrisson est particulièrement fragile et donc sensible à l’infection par le VRS. En effet, à cet âge, les bronches sont de très petite taille et la moindre hypersécrétion provoque l’obstruction de la bronchiole. Les défenses immunitaires ne sont pas optimales. Et, si l’enfant est un ancien prématuré, il existe des séquelles respiratoires (bronchodysplasie) qui favorisent les infections. Le tabagisme passif favoriserait également l’infection.
L’évolution est bénigne, mais dans de rares cas, la bronchiolite peut mettre en jeu le pronostic vital par détresse respiratoire aiguë.
Diagnostic
Le diagnostic est clinique. Elle peut faire suite à une rhinopharyngite peu fébrile avec toux sèche. Les signes sont une dyspnée avec une tachypnée et/ou des signes de lutte. A l’auscultation on entend des sibilants et ou des crépitants principalement à l’expiration. Cette dyspnée entraine fréquemment une baisse de la prise alimentaire.
La maladie est le plus souvent bénigne permettant une prise en charge ambulatoire. L’évolution est le plus souvent favorable en 8 à 10 jours. Une toux résiduelle peut persister une quinzaine de jours.
Les complications existantes sont l’apparition d’une détresse respiratoire d’intensité variable, une surinfection bactérienne pulmonaire ou ORL (otite,sinusite), une déshydratation par mauvaise prise alimentaire.
Les critères d’hospitalisations
- Etat général : teint gris, enfant geignard, comportement inhabituel, somnolent
- Etat respiratoire : FR > 60/min, signes de lutte (figure ci-dessous : 1=tirage sus-sternal, 2=creux xiphoïdien, 3=balancement thoraco-abdominal), Saturation pulsée en oxygène < 94% en air ambiant après désobstruction rhinopharyngée, apnée et ou cyanose
- Terrain fragile : Age < 6 semaines ou prématuré < 32 SA et âge corrigé < 3 mois ; pathologie sous-jacente à risque de décompensation : pathologie pulmonaire, cardiopathie ischémique, pathologie neuromusculaire, difficultés psycho sociales
- Troubles digestifs : prise de moins de la moitié de la ration habituelle ou vomissements itératifs
Le traitement
Pour une prise en charge ambulatoire :
- désobstruction rhinopharyngée autant de fois que nécessaire, elle permet de désobstruer les voies aériennes supérieures,
- nutrition fractionnée : proposer plusieurs fois par jour des petites quantités de nourriture ou biberons,
- position déclive à 30° afin de faciliter les écoulements,
- arrêt du tabagisme passif et bonne aération des lieux de vie,
- kiné respiratoire à discuter.
La désobstruction rhinopharyngée ne doit pas être traumatique. Il faut cependant qu’elle soit efficace afin de permettre la bonne libération des voies aériennes supérieurs. Le nourrisson doit être positionné sur le côté. La désobstruction commence par la narine supérieure à l’aide d’une pipette de sérum physiologique. Après l’avoir vidée entièrement, la narine doit être obstruée afin que le liquide accompagné des secrétions sortent du côté controlatéral. La même opération doit être effectuée de l’autre côté. Et ceci autant de fois que nécessaire en insistant avant les repas et les couchers.
Si la prise en charge est hospitalière en cas de signe de gravité : désobstruction rhinopharyngée, nutrition par sonde gastrique si mauvaise prise alimentaire, oxygénothérapie si Saturation pulsée en oxygène < 94%, aérosols de sérum physiologique, kiné respiratoire.
Prévention
Des mesures simples sont recommandées en période épidémique :
- Lavage simple des mains à l’eau et au savon
- Décontamination quotidienne des objets et des surfaces en collectivité
- Des antiviraux (Anticorps anti VRS) existent mais sont réservés aux nourrissons très fragiles, anciens prématurés ou porteurs de bronchodysplasie