SÉCURITÉ CIVILE — La Brigade en détachement en Nouvelle-Calédonie

 — Modi­fiée le 4 décembre 2024 à 11 h 55 

Contenu additionnel — Au regard d’une situation tendue dans la capitale de l’archipel, la BSPP est venue renforcer un détachement de sécurité civile. Voici le complément de l’article paru dans ALLO18 n°790 de novembre.

Interview du LCL Benoit De Joux

Le lieu­te­nant-colo­nel de Joux a com­man­dé le déta­che­ment dès son arri­vée en Nou­velle-Calé­do­nie. Il nous raconte ce qu’il a dû mettre en place.


Dr Breysse : “La mission était assez complexe d’un point de vue médical”

Le doc­teur a fait éga­le­ment par­tie du déta­che­ment. Il nous raconte dans quelles condi­tions il a du tra­vailler avec son infirmier.

Le doc­teur Guillaume Breysse, méde­cin-chef désor­mais, mais méde­cin prin­ci­pal au moment de la mis­sion, a 38 ans. Mili­taire depuis ses 18 ans, son par­cours a débu­té au sein de l’école de ser­vice san­té des armées. Il pos­sède un diplôme d’État de méde­cine géné­rale et une capa­ci­té de méde­cine d’urgence. Affec­té en 2015 à l’antenne médi­cale du 2ᵉ régi­ment d’infanterie de marine, il fait quatre départs, dont trois, au Mali, notam­ment lors des opé­ra­tions Bar­khane. Arri­vé à la BSPP il y a trois ans à Ménil­mon­tant où ses acti­vi­tés le conduisent sur ambu­lance de réani­ma­tion ou à la coor­di­na­tion médi­cale. Avec la BSPP, il est par­ti en Tur­quie sur le séisme, puis une semaine au Liban, et en fin, en Nouvelle-Calédonie.

En arri­vant sur place, quelle était la mis­sion initiale ?

Pour la mis­sion, j’a­vais été dési­gné le soir à 21 heures et nous sommes par­tis de Cham­per­ret le len­de­main à 7 heures. L’objectif du déta­che­ment, qui était fina­le­ment un mélange de BSPP, BMPM et SDIS, sous le com­man­de­ment de la BSPP, était de ren­for­cer la capa­ci­té incen­die sur la ville de Nou­méa, des casernes locales. Pour cela, trois méde­cins et trois infir­miers avaient été gref­fés au déta­che­ment dont j’al­lais être le méde­cin-chef. La mis­sion numé­ro 1 pour nous, était le sou­tien de la force de ren­fort incen­die sur le ter­rain, le rôle du méde­cin-chef s’inscrivait éga­le­ment dans le binôme COS avec le chef de déta­che­ment qui était le lieu­te­nant-colo­nel de Joux. Nous sommes par­tis avec peu d’informations. Nous savions qu’il y avait beau­coup de dégâts, mais nous n’en savions pas beau­coup plus que ce qui était dans la presse. Pour l’équipe médi­cale, notre rôle allait être le sou­tien sani­taire opé­ra­tion­nel (SSO), donc nous sommes par­tis avec un méde­cin et un infir­mier BSPP et nous avions emme­né l’équivalent du maté­riel pré­sent dans une AR, pour être en mesure de prendre en charge deux urgences abso­lues, intu­bés et ventilés.

Y avait-il eu des défis logis­tiques à relever ?

En effet, la mis­sion était assez com­plexe d’un point de vue médi­cal et se scin­dait en plu­sieurs phases. Quand nous sommes arri­vés, l’hôpital de Nou­méa n’était pas acces­sible, car des bar­rages sur l’ensemble de la ville en blo­quaient l’accès et les voies ter­restres de com­mu­ni­ca­tion n’étaient pas per­mises les 10 – 15 pre­miers jours. Les seules éva­cua­tions pos­sibles se fai­saient par voie aérienne avec un héli­co­ptère du SAMU, ou par l’armée pour les états cri­tiques. Nous sommes donc arri­vés dans ce contexte, et nous nous sommes ins­tal­lés dans le poste médi­cal avan­cé de la sécu­ri­té civile locale, qui, à ce stade, était dépour­vu de maté­riel. Nous avons été alors les pre­miers à arri­ver avec du maté­riel de réani­ma­tion pré­hos­pi­ta­lière et nous avons armé un véhi­cule prê­té par la sécu­ri­té civile locale. L’idée numé­ro 1 était de por­ter secours à un éven­tuel pom­pier bles­sé, mais nous avons rapi­de­ment élar­gi ce sou­tien aux forces de l’ordre, essen­tiel­le­ment à la police natio­nale pré­sente sur ce sec­teur. L’un des méde­cins du déta­che­ment, issu du SDIS 13, a été déta­ché pour toute la mis­sion au pro­fit du RAID. Dans cette pre­mière phase, nous avons ren­for­cé le PMA sur les urgences vitales où nous avons pris en charge, deux ACR, un coup de cou­teau et un OAP, entre autres. Lors de la deuxième phase, l’hôpital était de nou­veau acces­sible et les voies ter­restres libé­rées. Nous avons donc réar­ti­cu­lé le dis­po­si­tif et axé le sou­tien sur un nou­veau sec­teur, plus sen­sible au nord de Nou­méa. Dans ce sec­teur-là, nous avons assis­té ponc­tuel­le­ment le PMA de la sécu­ri­té civile au pro­fit des civils en par­te­na­riat avec trois uni­tés médi­cales mili­taires, BSPP, BMPM et l’UIISC7 de Nogent-le-Rotrou en nous relayant. Et notre autre axe de tra­vail a été le ser­vice de sou­tien opé­ra­tion­nel aux pom­piers et aux forces de l’ordre. De manière glo­bale, nous avions fait un peu de méde­cine au début, puis notre mis­sion s’est orien­tée vers du conseil. En col­la­bo­ra­tion avec le doc­teur Los­tie de Kerhor de la sécu­ri­té civile qui avait une exper­tise en méde­cine de catas­trophe, nous avions fait notam­ment l’audit des hôpi­taux et des dif­fé­rentes struc­tures pour pro­po­ser des solu­tions d’adaptation pour l’État et d’anticipation de dégradation.

Rete­nez-vous un moment mar­quant de cette mission ?

Si je devais rete­nir un moment… Cer­tai­ne­ment la relève que nous avons assu­rée lors de notre arri­vée pour les gens qui étaient sur le PMA depuis une semaine. Ce qui m’a mar­qué, c’est l’épuisement des per­sonnes que nous avons ren­con­trées. Ils avaient dû tra­vailler non-stop les dix pre­miers jours avant notre arri­vée, sans relève et avec les moyens du bord. Leur force d’adaptation m’avait par­ti­cu­liè­re­ment impres­sion­né. Lors de notre arri­vée le dimanche, le niveau d’épuisement était très impor­tant. La mis­sion se résu­mait presque à ça, notre rôle était de les rele­ver, la plu­part d’ailleurs ne vou­laient pas de relève, car ils avaient l’impression d’abandonner leur tra­vail. Nous nous sommes posi­tion­nés en sup­port, soit en les conseillant, soit en récu­pé­rant un peu de leur charge de tra­vail très impor­tante. Au début, nous étions par­tis pour quinze jours, puis nous avons été pro­lon­gés d’un mois. Il était clair que la situa­tion ne se serait pas réta­blie en si peu de temps.

Propos recueillis par le 1CL Raphaël Orlando

Interview du LCL Christophe Perdrisot

Le lieu­te­nant-colo­nel Per­dri­sot a, quant à lui, fer­mé le déta­che­ment. Il nous livre ses impres­sions au moment de quit­ter Nouméa.


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