Web-série — Organe d’aide pour le COS, le véhicule de poste de commandement tactique (VPC TAC) est un atout majeur pour la gestion de l’intervention. À sa tête, l’officier poste de commandement (OPC) est un véritable chef d’orchestre. Du grade de capitaine ou de commandant, c’est lui qui met en musique l’intervention. Le commandant Thierry Chapon, 34 ans de service, nous explique cette fonction particulière.
Le commandant Thierry Chapon, 53 ans, fait partie des anciens ! Il est né quasiment un an jour pour jour après que le régiment est devenu brigade. Qui plus est, il est né à Maisons-Alfort sur le secteur du GIS 2. Alors, la Brigade, il la connaît fort bien ! Et ce qu’il maîtrise le plus, c’est le premier groupement d’incendie et de secours (GIS 1). « J’ai été incorporé à la BSPP en janvier 1988, entame-t-il. C’est à la 26e compagnie que j’ai grandi en tant que militaire du rang ». Pierrefitte, Aubervilliers, Villemomble, puis Saint-Denis en tant que jeune sergent. Sportif accompli, il a récolté son lot de titres et de médailles sur le 800 et 1 500 mètres aux championnats annuels d’athlétisme inter-groupements. Désireux de représenter la BSPP sur les pistes d’athlétisme, il se dirige vers la filière EPMS. Moniteur sport pour les jeunes recrues, son ambition l’amène à passer le concours des OAEA, qu’il réussit en 2002.
Une riche expérience
De 2003 à 2008, « en tant que jeune lieutenant, j’ai été affecté à la 14e compagnie à Clichy-sous-Bois » se remémore-t-il. Chef de garde et officier de garde compagnie, son expérience du terrain lui permet de faire face à de nombreuses interventions. En 2007, alors officier de garde compagnie, il est le commandant des opérations de secours sur l’effondrement d’un immeuble à Noisy-le-Sec, consécutif à une explosion due au gaz. Cette intervention fait huit blessés dont cinq sapeurs-pompiers de Paris. « Cette opération restera comme une des plus marquantes de ma carrière » reconnaît l’officier. Toujours au GIS 1, il devient adjoint puis commandant d’unité de la 12e compagnie à Ménilmontant. Sa vie bascule le 26 mars 2011 lorsqu’il part sur intervention pour feu de cave 38 rue Sorbier dans le XXe arrondissement. Une explosion vient frapper les équipes sur place, le capitaine Thierry Chapon, officier de garde compagnie du jour, est très grièvement blessé avec quatre autres sapeurs et une policière. Son témoignage est poignant, « j’étais à l’extérieur en train de rassurer les badauds, lorsque l’explosion a eu lieu. J’ai pris le volet roulant métallique du bar tabac en plein tête et fait un vol plané, je n’ai rien senti, ni douleur, ni explosion… ». Le capitaine Thierry Chapon se remet de sa blessure, et quelques jours plus tard, retrouve ses fonctions de commandant d’unité. Son temps de commandement terminé, il est affecté pendant deux ans et demi comme chef de détachement au palais de justice. Quelques mutations successives au sein du BPO puis un retour dans son groupement de cœur en qualité d’adjoint du bureau opération instruction du GIS 1 à Montmartre. Sa grande expérience du terrain lui ouvre l’opportunité de devenir officier poste de commandement.
Le VPC : binôme indissociable
« L’OPC, pour moi, c’est le chef d’orchestre d’une intervention », souligne l’officier. Sur intervention l’officier poste de commandement n’est pas grand-chose sans son fidèle binôme, le véhicule poste de commandement tactique de dernière génération et son équipage composé de cinq militaires. Sous-officier « gestion des moyens », sous-officier « renseignement », opérateur, transmetteur et conducteur : tous ont une mission et un rôle bien définis. Sur intervention, l’OPC n’est pas dans la chaîne de commandement, il est placé directement sous l’autorité directe du COS et dirige le poste de commandement tactique.
Le véhicule poste de commandement tactique constitue l’organe d’aide au commandement lorsque le COS est confronté à une intervention nécessitant l’engagement de moyens importants. Il fonctionne en miroir de l’état-major opérationnel situé à Champerret. « L’OPC doit être capable de mettre en partition l’idée de manœuvre du COS qu’il soit OGC ou OSG, développe le commandant, il aide à la gestion tactique de l’intervention ». Il renchérit, « le COS donne son idée de manœuvre, ses priorités, et l’OPC met tout cela en musique » en concentrant l’information, en anticipant l’évolution de la situation, en définissant les tâches à accomplir par les secours et en coordonnant l’ensemble des moyens déployés pour l’opération de secours. Il intègre également les autres acteurs de l’intervention. Non sans ironie, il s’exclame « OPC est une fonction géniale, nous ne sommes pas le COS, mais un peu quand même…». Lorsque le COS reste au niveau de l’officier de garde compagnie, celui-ci sait qu’il peut compter sur la maturité et l’ancienneté de l’OPC.
De plus hautes fonctions
Le commandant Thierry Chapon a aujourd’hui une belle expérience en tant qu’OPC. Si bien qu’il a eu l’honneur de passer le stage COS lui permettant de devenir officier supérieur de garde (OSG). Régulièrement appelé à prendre les plus hautes fonctions sur intervention, son expérience en tant qu’OSG et son sens de l’intervention lui permettent d’être un atout majeur pour le COS lorsqu’il occupe les fonctions d’OPC. Sa carrière à la BSPP s’achèvera en 2027, ces quelques années lui offriront sûrement l’opportunité de commander encore quelques interventions particulières.
SON INTERVENTION EN TANT QU’OPC
Le 26 juillet 2018, un violent incendie s’est déclaré dans un immeuble au 17e étage d’un bâtiment R+18, 19 rue Émet à Aubervilliers. Le bilan est très lourd. Une femme enceinte et ses trois enfants sont tragiquement décédés. Officier poste de commandement ce jour-là, le commandant Thierry Chapon a dû épauler l’OSG dans tous les aspects de l’intervention, « nous avons eu à gérer le départ normal, le renfort habitation, la demande de dix engins-pompes. C’était une gestion ardue. Il fallait tout savoir, où était chaque personnel et quelle était sa mission. Une des choses les plus délicates et difficiles à gérer a été la discipline au feu. » Cette intervention a nécessité la mobilisation de 332 intervenants armant 87 engins provenant de 39 centres de secours.