Web-série — Au plus haut niveau du Commandant des Opérations de Secours (COS), l’Officier Supérieur de Garde (OSG) constitue un des derniers acteurs du commandement face aux situations d’exception. Le lieutenant-colonel Frédéric Leborgne nous dévoile les rouages de cette fonction. Rendez-vous au sommet de la pyramide !
Force tranquille et sens aigu des responsabilités se dégagent naturellement du lieutenant-colonel Frédéric Leborgne. Pour lui, la Brigade était une évidence ! « J’ai toujours été passionné par le métier et ses valeurs. De nombreux membres de ma famille sont passés par la BSPP ou sont devenus pompiers professionnels » raconte-t-il avec enthousiasme.
En bon fils de militaire, Frédéric intègre l’école militaire de Saint-Cyr en 2001 après ses années d’hypokhâgne et de khâgne. Son objectif est déjà très clair : obtenir les meilleurs résultats afin d’intégrer la BSPP. S’il doit rejoindre dans un premier temps le 1er régiment du génie, son rêve se réalise enfin en 2006 après ses tests de sélection. Une fois la formation initiale des officiers (FIO) réussie, le jeune lieutenant entame son parcours de pompier à Saint-Maur-des-Fossés (94) puis à Créteil où il reste cinq ans en qualité d’adjoint, puis de commandant d’unité. Déjà un bel accomplissement ! Pourtant, le militaire ne s’arrête pas en si bon chemin. Après son temps de commandement au cours duquel il prend dix-sept fois le commandement des opérations de secours (COS) sur intervention, il rejoint le centre opérationnel de gestion interministérielle des crises (COGIC). Parallèlement, il réussit le concours de l’École de Guerre. Ce succès lui permet d’occuper la fonction de chef de la planification et des opérations et celle de chef CO au COGIC. « Ce poste, en prise directe avec les plus hautes autorités de l’Etat, m’a permis de conduire ou de coordonner plus de 300 crises majeures de sécurité civile au niveau national, européen et international. Avec le recul, je mesure aujourd’hui la richesse de notre système de sécurité civile que beaucoup nous envient. » Ses interventions les plus marquantes ? L’ouragan Irma, les crashs de la Germanwings et d’Air Algérie, le séisme de 2015 au Népal ou les campagnes « feux » de forêts estivales particulièrement complexes, notamment sur l’année 2017. Après cinq années passées au COGIC, le lieutenant-colonel Leborgne intègre l’École de Guerre Terre puis l’École de Guerre et devient, à sa sortie, le chef du bureau opérations instruction (BOI) au deuxième groupement d’incendies et de secours.
LE STAGE COS/DSM, UN ABOUTISSEMENT
En 2020, le lieutenant-colonel réalise le stage COS pour devenir officier supérieur de garde groupement (OSG). En d’autres termes, atteindre l’ultime échelon de commandement sur intervention. « Cette qualification repose sur cinq semaines de formation au cours desquelles les officiers se préparent à commander dans des situations d’exception ou à faire face à des cas non-conformes. Celle-ci n’offre pas de solutions toutes faites ou de schémas pré-établis mais elle force le raisonnement tactique, imposant des prises de décision dans l’urgence fondées sur une stratégie opérationnelle ». À ce stade, les stagiaires déjà expérimentés enrichissent leurs capacités d’adaptation au travers de RETEX, d’expertises ou d’échanges à haut niveau. Surtout, ils s’exercent sur de nombreux cas concrets recensés en France ou à l’international à partir d’exercices sur table ou réalisés en réel au cœur de Paris. Bien évidemment, la richesse de cette formation repose sur l’intégration des directeurs des secours médicaux (DSM), d’officiers sapeurs-pompiers en provenance de pays étrangers et de services publics. Notamment la police, le SAMU, les associations agréées de sécurité civile, les structures hospitalières, le laboratoire central de la préfecture de police, etc. Depuis sa réussite au stage COS, le lieutenant-colonel assure des gardes en qualité d’OSG au 2e groupement. Aux côtés du chef de corps et de son adjoint, il prend à son compte cinq gardes par mois en plus des remplacements.
COMMANDANT DES OPÉRATIONS DE SECOURS SUR INTERVENTION
Les raisons poussant l’OSG à se rendre sur intervention sont variables : volumes d’engins demandé, nature des messages radio laissant présager une situation complexe ou encore contact direct avec l’OGC. « Dans un premier temps, nous pouvons agir en qualité de conseiller auprès du COS. Dès lors que l’OSG commence à prendre beaucoup d’initiatives, c’est signe qu’il doit prendre le commandement des opérations de secours » détaille l’officier supérieur.
Ce passage de relais s’exécute bien souvent pour assurer la prise en compte de situations complexes dont les enjeux et impacts dépassent l’événement. Concrètement, l’OGC est formé pour assurer la lutte directe d’un sinistre. Il est en revanche plus difficile pour lui d’intégrer dans sa manœuvre l’ensemble des conséquences directes et indirectes en résultant. En endossant la fonction de COS, l’OSG prend alors davantage de recul et construit une idée de manœuvre qui intègre de nombreux acteurs civils et militaires agissant simultanément sous un commandement unique. Il place alors l’OGC dans la fonction de directeur des secours incendie et sauvetage (DSIS) pour coordonner les actions de lutte contre le sinistre. Le DSM assure, quant à lui, la prise en charge des nombreuses victimes. Enfin, en fonction des besoins et de la manœuvre souhaitée, des secteurs plus spécialisés, destinés à faciliter l’action des secours, peuvent être envisagés. La force de l’OSG repose donc essentiellement sur sa capacité à englober, dans une manœuvre d’ensemble, les forces vives du secours et les acteurs agissant en parfaite synergie dans des délais contraints.
En attendant de prendre le COS sur une intervention majeure, le lieutenant-colonel Leborgne assure la préparation opérationnelle et l’évaluation des 24 centres de secours dont il a la responsabilité. Fait original, ce père de deux enfants est aussi marié à une officier sapeur-pompier professionnelle affectée à la DGSCGC. « Nos discussions tournent effectivement parfois autour du travail. C’est ce qui me permet de garder les pieds sur terre et d’être meilleur au quotidien, confie-il avec humour. C’est une passion en commun qui ne nous quittera sans doute jamais ! »
L’INFO EN PLUS
L’École de Guerre prépare les meilleurs officiers supérieurs des armées françaises, amies et alliées à devenir les chefs militaires de demain. Chaque année 150 à 200 officiers supérieurs la rejoignent au terme d’un processus particulièrement sélectif.