Web-série — Objectif : “Prendre soin de soi… ” La psychologue de classe normale (PCN) Julie Corfmat, réserviste à la BSPP depuis six ans, fait partie de la section médico-psychologique. Deux jours par semaine, elle travaille sous les ordres du psychologue hors classe (PSYHC) Matthieu Petitclerc. Aujourd’hui, c’est elle qui se confie à ALLO DIX-HUIT et elle nous explique sa fonction.
Julie Corfmat, après l’obtention de son bac en 2002, veut devenir psychologue. Deux cursus de formation s’offrent à elle : la faculté de psychologie ou l’école de psychologues praticiens. Après une première année, la jeune femme n’apprécie pas le rythme de la fac et préfère s’orienter vers l’école de psychologues praticiens, une institution basée à Paris et Lyon. L’étudiante, originaire de Bretagne, choisit d’intégrer l’établissement d’Île-de-France. Sa période de formation de cinq ans se termine en 2008. Fraîchement diplômée, elle met rapidement en pratique ses nouvelles compétences de psychologue à l’établissement public de santé de Ville-Evrard, localisé à Saint-Denis (93) jusqu’en 2011. L’année suivante, la jeune femme rejoint un cabinet spécialisé dans les risques psychosociaux et la gestion de crise en entreprise. En 2015, la psychologue quitte son emploi pour voler de ses propres ailes. Elle ouvre, à Montreuil (93), son propre cabinet dans la même spécialité. En parallèle, elle intègre la brigade de sapeurs-pompiers de Paris pour « prendre en charge les secouristes qui, eux, s’occupent des victimes ». À son entrée à la Brigade, la PCN Julie Corfmat prend l’initiative de passer le diplôme universitaire de psychotraumatologie à l’université Paris Descartes. Cette formation dure un an et lui permet d’adapter ses compétences à sa nouvelle population de patients.
« Une intervention peut se révéler marquante psychologiquement »
La PCN Corfmat retrouve tous les lundis et mardis matins son bureau de Port-Royal (3e cie) dans le XIIIe arrondissement. Elle complète l’effectif de la section médico-psychologique (SMPSY), composée de trois permanents dont le PSYHC Matthieu Petitclerc, chef de la section, et cinq autres réservistes. Dans cette unité où la cohésion est au rendez-vous, ils ont, entre autres, pour missions d’honorer des cours de prévention lors des stages d’avancement, tout grade confondu, et d’assurer des formations tout au long des carrières des sapeurs-pompiers. « De l’entrée à Villeneuve-Saint-Georges jusqu’au stage DSM (directeur des secours médicaux), les psychologues interviennent au cours des stages pour sensibiliser les sapeurs-pompiers de Paris aux enjeux de l’abord relationnel de la victime et de la préservation du potentiel mental des intervenants, en prenant en compte les risques psychologiques auxquels ils sont exposés » explique la PCN Corfmat. Ils sont également amenés à intervenir lors d’interventions importantes comme les attentats. « L’objectif primordial est de faire baisser la tension ressentie lors d’une intervention particulièrement sensible » déclare l’officier réserviste. Les membres de la section sont également chargés de veiller à la santé mentale des soldats du feu après la gestion d’une intervention délicate. « Une intervention peut paraître anodine et se révéler pour autant marquante psychologiquement » souligne la PCN Corfmat.
Lorsqu’elle n’est pas chez les sapeurs-pompiers de Paris, la psychologue exerce dans son cabinet et à l’extérieur. Elle anime notamment des groupes d’analyse de pratiques professionnelles auprès de soignants/accompagnants dans des structures médico-sociales, et gère également des situations de crise au sein des entreprises (décès brutal d’un collaborateur, braquages, etc.). Elle donne également des cours de psychologie clinique au sein d’une école de masseurs-kinésithérapeutes.
« Rester seul n’est pas la meilleure option »
Être et durer sont des principes fondamentaux à la brigade de sapeurs-pompiers de Paris. Ces mots donnent du sens aux conseils de la psychologue. Effectivement, pour elle, il est primordial de prendre soin de sa santé, mentale et physique, pour gagner en sérénité tout au long de sa carrière et même de sa vie. « Tout le monde doit prendre soin de soi, estime la capitaine psychologue. Histoire de tenir dans la durée. »
À propos de notre Institution basée sur la camaraderie, elle préconise de ne pas hésiter à se rapprocher d’un frère d’arme lorsque les choses ne vont pas au travail ou dans la vie privée. « Rester seul lorsqu’on ne va pas bien, n’est pas la meilleure option » ajoute la capitaine Julie Corfmat.
Un conseil à méditer du sapeur aux plus hauts gradés de la Brigade.