Web-série — Peut-on travailler dans une banque d’affaires et sapeur-pompier de Paris ? Oui ! répond le caporal-chef Karim Ouabdellah, 24 ans, réserviste depuis février 2016. Il assure régulièrement des gardes à Clichy-sous-Bois (93), poste de commandement de la 14e compagnie. Focus sur un homme pleinement engagé dans (toutes) ses fonctions.
En 2011, le jeune Karim est scolarisé au collège Romain Rolland, à Clichy-sous-Bois (93). Comme tout élève de troisième, il doit réaliser un stage de découverte professionnelle. Intrigué par le métier de sapeur-pompier, il postule à la caserne de Livry-Gargan (93) mais le chef de centre répond défavorablement à sa demande. Toutefois, ce dernier lui parle des jeunes sapeurs-pompiers de Paris (JSPP). « Je ne connaissais pas du tout le milieu, explique-t-il. On m’a parlé des JSPP alors je me suis renseigné sur Internet ». L’adolescent effectue des recherches sur le web, regarde des vidéos et localise les JSPP au poste de commandement d’Aulnay-sous-Bois (93).
Le jeune Clichois, séduit par ses découvertes, décide de s’inscrire au stage de sélection de février 2012 afin d’intégrer la section des JSPP à la rentrée suivante. Karim réussit les tests et réalise ses premiers pas au sein de l’Institution en septembre 2012, en parallèle de sa rentrée en classe de seconde au lycée Alfred Nobel de sa ville. Ses débuts chez les jeunes sapeurs-pompiers de Paris lui donnent envie d’intégrer la Brigade pour en faire son métier mais ses parents et ses professeurs le convainquent de poursuivre ses études. En effet, ses résultats scolaires sont brillants. Il obtient son baccalauréat ES (économique et social) avec mention. Le jeune homme décide donc de poursuivre des études supérieures.
Etudiant la semaine, sapeur-pompier de Paris le week-end
Après son bac, Karim Ouabdellah intègre Sciences Po Paris en septembre 2015. À peine majeur, il encadre à son tour les jeunes recrues de la section JSPP. Après son premier semestre en école supérieure, il veut découvrir le monde opérationnel des sapeurs-pompiers de Paris, en plus de ses études. Il décide donc de rejoindre la réserve de la Brigade au mois de février 2016. Fraîchement engagé à servir dans la réserve (ESR), le sapeur de première classe Ouabdellah prend des gardes à la 26e compagnie, au centre de secours de La Courneuve (93). Il occupe le poste de chef d’équipe au VSAV, deux à trois samedis par mois. Au milieu de sa scolarité, en 2017, l’étudiant part neuf mois à Toronto (Canada). Ce départ l’oblige à mettre son activité au sein de l’Institution entre parenthèses. Dès son retour en France, Karim reprend du service, puis se lance dans le cursus de l’avancement. En 2018, il intègre le peloton des élèves caporaux (PEC) au centre de formation des cadres (CFC). Il espère un jour commander une intervention de secours à victime. « En 2018, former les ESR à devenir chef d’agrès VSAV n’était qu’une hypothèse, déclare Karim Ouabdellah. J’ai voulu aller à l’avancement au cas où les règles changeraient ». L’année suivante, le caporal Ouabdellah veut se rapprocher de sa ville d’enfance. De ce fait, il demande sa mutation à la caserne de Clichy-sous-Bois. Il prend très vite ses marques, sa connaissance du secteur et son investissement l’aident à s’intégrer au sein du nouveau groupe. « Lorsque j’étais conducteur au VSAV, les chefs d’agrès me faisaient confiance, reconnaît le caporal. J’ai grandi ici donc je connais le secteur par cœur. »
En 2020, les choses évoluent pour Karim et ses frères d’armes ESR de la Brigade. Effectivement, le peloton d’élèves caporaux-chefs (PECCH) s’ouvre aux réservistes. Ce changement leur permet de suivre la formation de chef d’agrès pour les interventions de secours à victime. Le caporal clichois saisit l’opportunité et retourne au CFC. Il termine son stage avec une moyenne supérieure à quinze sur vingt et se positionne cinquième sur cinquante-trois stagiaires au classement général « Je comptabilisais moins d’heures de pratique que les autres stagiaires. J’ai donc redoublé d’effort sur la partie théorique afin de combler ce manque » nous confie le caporal-chef réserviste. Les études sont désormais terminées pour le jeune chef d’agrès. Titulaire d’un master, il occupe aujourd’hui un poste d’analyste en fusions-acquisitions à destination des entreprises au sein d’une banque d’affaires parisienne.
« Être chef d’agrès est une grosse responsabilité »
Le caporal-chef Ouabdellah n’est pas de nature à se reposer sur ses acquis et relit régulièrement ses cours de PECCH. Le matin de garde, il commence par consulter les dernières mises à jour et notes de service « J’ai vite compris qu’à la Brigade, il était primordial de se remettre en question, être chef d’agrès est une grosse responsabilité », souligne le Séquano-Dionysien[1], conscient du poste occupé. Chaque journée à bord du véhicule de secours à victime au service de la population clichoise est un réel plaisir pour Karim. « Lorsque je pars en intervention, je me sens dans mon élément. Ma règle d’or c’est : rigueur et bonne humeur » nous confie-t-il, passionné par cette belle aventure, démarrée il y a maintenant dix ans. ALLO DIX-HUIT souhaite une très bonne continuation au caporal-chef Ouabdellah !
[1] Un Séquano-Dionysien est un habitant du département de la Seine-Saint-Denis.