UN GRADE, UNE FONCTION (15) — Caporal-chef et réserviste

Mar­ving Esca­vo­caf —  — Modi­fiée le 25 juillet 2024 à 08 h 49 

Web-série — Peut-on travailler dans une banque d’affaires et sapeur-pompier de Paris ? Oui ! répond le caporal-chef Karim Ouabdellah, 24 ans, réserviste depuis février 2016. Il assure régulièrement des gardes à Clichy-sous-Bois (93), poste de commandement de la 14e compagnie. Focus sur un homme pleinement engagé dans (toutes) ses fonctions.

En 2011, le jeune Karim est sco­la­ri­sé au col­lège Romain Rol­land, à Cli­chy-sous-Bois (93). Comme tout élève de troi­sième, il doit réa­li­ser un stage de décou­verte pro­fes­sion­nelle. Intri­gué par le métier de sapeur-pom­pier, il pos­tule à la caserne de Livry-Gar­gan (93) mais le chef de centre répond défa­vo­ra­ble­ment à sa demande. Tou­te­fois, ce der­nier lui parle des jeunes sapeurs-pom­piers de Paris (JSPP). « Je ne connais­sais pas du tout le milieu, explique-t-il. On m’a par­lé des JSPP alors je me suis ren­sei­gné sur Inter­net ». L’adolescent effec­tue des recherches sur le web, regarde des vidéos et loca­lise les JSPP au poste de com­man­de­ment d’Aulnay-sous-Bois (93).

Le jeune Cli­chois, séduit par ses décou­vertes, décide de s’inscrire au stage de sélec­tion de février 2012 afin d’intégrer la sec­tion des JSPP à la ren­trée sui­vante. Karim réus­sit les tests et réa­lise ses pre­miers pas au sein de l’Institution en sep­tembre 2012, en paral­lèle de sa ren­trée en classe de seconde au lycée Alfred Nobel de sa ville. Ses débuts chez les jeunes sapeurs-pom­piers de Paris lui donnent envie d’intégrer la Bri­gade pour en faire son métier mais ses parents et ses pro­fes­seurs le convainquent de pour­suivre ses études. En effet, ses résul­tats sco­laires sont brillants. Il obtient son bac­ca­lau­réat ES (éco­no­mique et social) avec men­tion. Le jeune homme décide donc de pour­suivre des études supérieures.

Etu­diant la semaine, sapeur-pom­pier de Paris le week-end
Après son bac, Karim Ouab­del­lah intègre Sciences Po Paris en sep­tembre 2015. À peine majeur, il encadre à son tour les jeunes recrues de la sec­tion JSPP. Après son pre­mier semestre en école supé­rieure, il veut décou­vrir le monde opé­ra­tion­nel des sapeurs-pom­piers de Paris, en plus de ses études. Il décide donc de rejoindre la réserve de la Bri­gade au mois de février 2016. Fraî­che­ment enga­gé à ser­vir dans la réserve (ESR), le sapeur de pre­mière classe Ouab­del­lah prend des gardes à la 26e com­pa­gnie, au centre de secours de La Cour­neuve (93). Il occupe le poste de chef d’équipe au VSAV, deux à trois same­dis par mois. Au milieu de sa sco­la­ri­té, en 2017, l’étudiant part neuf mois à Toron­to (Cana­da). Ce départ l’oblige à mettre son acti­vi­té au sein de l’Institution entre paren­thèses. Dès son retour en France, Karim reprend du ser­vice, puis se lance dans le cur­sus de l’avancement. En 2018, il intègre le pelo­ton des élèves capo­raux (PEC) au centre de for­ma­tion des cadres (CFC). Il espère un jour com­man­der une inter­ven­tion de secours à vic­time. « En 2018, for­mer les ESR à deve­nir chef d’agrès VSAV n’était qu’une hypo­thèse, déclare Karim Ouab­del­lah. J’ai vou­lu aller à l’avancement au cas où les règles chan­ge­raient ». L’année sui­vante, le capo­ral Ouab­del­lah veut se rap­pro­cher de sa ville d’enfance. De ce fait, il demande sa muta­tion à la caserne de Cli­chy-sous-Bois. Il prend très vite ses marques, sa connais­sance du sec­teur et son inves­tis­se­ment l’aident à s’intégrer au sein du nou­veau groupe. « Lorsque j’étais conduc­teur au VSAV, les chefs d’agrès me fai­saient confiance, recon­naît le capo­ral. J’ai gran­di ici donc je connais le sec­teur par cœur. »

En 2020, les choses évo­luent pour Karim et ses frères d’armes ESR de la Bri­gade. Effec­ti­ve­ment, le pelo­ton d’élèves capo­raux-chefs (PECCH) s’ouvre aux réser­vistes. Ce chan­ge­ment leur per­met de suivre la for­ma­tion de chef d’agrès pour les inter­ven­tions de secours à vic­time. Le capo­ral cli­chois sai­sit l’opportunité et retourne au CFC. Il ter­mine son stage avec une moyenne supé­rieure à quinze sur vingt et se posi­tionne cin­quième sur cin­quante-trois sta­giaires au clas­se­ment géné­ral « Je comp­ta­bi­li­sais moins d’heures de pra­tique que les autres sta­giaires. J’ai donc redou­blé d’effort sur la par­tie théo­rique afin de com­bler ce manque » nous confie le capo­ral-chef réser­viste. Les études sont désor­mais ter­mi­nées pour le jeune chef d’agrès. Titu­laire d’un mas­ter, il occupe aujourd’hui un poste d’analyste en fusions-acqui­si­tions à des­ti­na­tion des entre­prises au sein d’une banque d’affaires parisienne.

« Être chef d’agrès est une grosse res­pon­sa­bi­li­té »
Le capo­ral-chef Ouab­del­lah n’est pas de nature à se repo­ser sur ses acquis et relit régu­liè­re­ment ses cours de PECCH. Le matin de garde, il com­mence par consul­ter les der­nières mises à jour et notes de ser­vice « J’ai vite com­pris qu’à la Bri­gade, il était pri­mor­dial de se remettre en ques­tion, être chef d’agrès est une grosse res­pon­sa­bi­li­té », sou­ligne le Séquano-Dionysien[1], conscient du poste occu­pé. Chaque jour­née à bord du véhi­cule de secours à vic­time au ser­vice de la popu­la­tion cli­choise est un réel plai­sir pour Karim. « Lorsque je pars en inter­ven­tion, je me sens dans mon élé­ment. Ma règle d’or c’est : rigueur et bonne humeur » nous confie-t-il, pas­sion­né par cette belle aven­ture, démar­rée il y a main­te­nant dix ans. ALLO DIX-HUIT sou­haite une très bonne conti­nua­tion au capo­ral-chef Ouabdellah !

[1] Un Séqua­no-Dio­ny­sien est un habi­tant du dépar­te­ment de la Seine-Saint-Denis.


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