Web-série — Conducteur d’ambulance de réanimation (AR), il se donne sans compter pour secourir et accompagner les victimes jusqu’à leur prise en charge dans un hôpital. Rencontre avec le caporal Patrice B. de l’antenne médicale du G3.
Originaire de Cahors dans le Sud-Ouest, le caporal B. rentre en 2001 en tant que pompier volontaire dans son département du Lot (46), et intègre la Brigade en mai 2005. Il fait six ans en compagnie d’incendie : trois ans à la caserne de Colombier (VIe), puis il est muté au centre de secours de Malar (VIIe). Patrice est incorporé à l’antenne médicale du G3 en tant que conducteur AR à partir de mars 2011. « Dans notre métier, la plupart des interventions est du secours à victimes, à la BSPP c’est environ 80 %. Je voulais évoluer dans cette branche-là », précise le caporal B.. Aujourd’hui, il a dix-sept ans de service dont onze années passées au service médical.
Les deux frères
Le frère aîné du caporal B. a passé dix-neuf années à la Brigade, de 2000 à 2019. Après avoir passé six ans en compagnie d’incendie à Colombier, il rentre “aux AR” en 2007 et y reste douze ans. Intéressé par le métier de son frère, Patrice le questionne sur les plus infimes détails. Séduit par les descriptions faites, le caporal postule lorsqu’une place se libère, est reçu, puis embauché. Les deux frangins travaillent alors dans le même service de 2011 à 2019. À peine son frère avait quitté la BSPP, que son neveu a pris la relève : il est à Grenelle depuis six mois !
Le parcours d’un conducteur
Contrairement à la procédure des pompiers civils, les formations à la conduite d’une AR viennent après avoir postulé. Elles peuvent durer entre deux et quatre ans. « On attaque par deux mois de doublure, explique le caporal. Pendant les trois premières semaines, on est permanent et garde-remise, on fait de la doublure avec un conducteur, souvent le plus ancien, qui nous guide. » Durant cette période, le jeune conducteur doit prendre connaissance du secteur et apprendre par cœur l’emplacement des hôpitaux et services. En effet, le travail du conducteur AR ne s’arrête pas juste aux urgences, il peut transporter la victime dans tous les hôpitaux de Paris (intra ou extramuros) ; pour cela, il doit en connaître tous les services. Ces trois semaines passées, il prend ses premières AR en doublure avec un conducteur déjà formé. Au bout de deux mois, il doit valider une épreuve où lui sont posées des questions sur le travail du conducteur, le secteur et les hôpitaux. Il est aussi interrogé pendant les heures de service.
S’il est apte, il peut prendre à son compte les prochaines gardes. S’ensuit la formation d’auxiliaire ambulancier de quinze jours au camp de La Valbonne, près de Lyon. Il doit par la suite passer le diplôme d’état ambulancier (DEA) sur une durée de six mois et, subséquemment, effectuer la formation d’adaptation à l’emploi des structures mobiles d’urgence et de réanimation (FAE SMUR). À l’issue de ces stages, les nouveaux conducteurs AR s’engagent à servir trois ans minimum à la Brigade.
Pour se sentir réellement à l’aise dans une AR, le caporal nous révèle qu’il faut au moins trois à quatre ans d’ancienneté. Il convient d’apprendre et de connaître tout le matériel et son emplacement, différent du VSAV.
Un conducteur polyvalent
Actuellement, Patrice est permanent, il est donc adjoint à la remise : « Je m’occupe des engins, je me charge de déposer si besoin les camions aux ateliers. On va dire que je fais tout ce qui est paperasse » plaisante-t-il.
En règle générale, il y a toujours un conducteur de garde sur l’AR de Champerret, un sur l’AR du Plessis-Clamart et un garde-remise qui reste en permanence en cas de panne du véhicule ou du matériel. D’astreinte Brigade, ils arment le véhicule rapide médicalisé (VRM), véhicule du président de la République dans lequel ils suivent ses déplacements à Paris ou en petite couronne, sur demande de l’Elysée. Ils sont aussi en charge du véhicule du directeur des secours médicaux (DSM), basé à Champerret, destiné au médecin allant sur les grosses interventions.
Comparé à un VSAV, lorsqu’un conducteur AR décale, l’intervention peut durer jusqu’à trois heures en raison de la prise en charge particulière nécessitant des médicaments, des perfusions, la mise sous respiration, l’intubation, etc. La durée du trajet compte aussi ; il emmène la victime dans n’importe quel hôpital de Paris, accompagnée par l’équipe de l’AR du début à la fin.
On embauche !
Aujourd’hui, le caporal doit encore deux ans et demi de service avant la fin de son contrat avec la Brigade. Avisé, il songe déjà à retrouver un emploi dans un SMUR, chez lui, dans le Sud-Ouest de la France. Bien qu’heureux de retrouver le soleil, le caporal B. nous confie que “pour [son] retour dans le Sud-Ouest, la Brigade va [lui] manquer. C’est une très bonne école et je ne regrette rien de ma carrière. » Dix-neuf ans et demi à décaler, c’est pour lui un rêve qui s’est réalisé.
Après onze années aux AR, Patrice considère que les qualités d’un conducteur sont la patience, le sens de l’orientation et la curiosité. Il est aussi apte à anticiper car certaines interventions nécessitent un matériel spécifique. Quant aux compétences requises pour être recruté, le futur conducteur doit avoir son permis poids lourd, avoir entre quatre et treize ans de service, et bien évidemment, être sérieux et motivé.
Photos : 1CL Maxime Grimaud