Web-série — Urgences collectives, renforts techniques ou interventions particulières, les missions du directeur des secours médicaux (DSM) sont vastes et variées. Aujourd’hui, il effectue sa première garde en tant que DSM : le médecin-chef Clément Derkenne dissèque pour nous ses nouvelles fonctions. Portrait.
Certains m’appellent “Docteur”, d’autres “Mon colonel”, dans la Marine nationale on m’appelle “monsieur le médecin” et les anciens m’appellent Toubib » entame le médecin-chef Clément Derkenne, chef de l’antenne médicale de Courbevoie. Lyonnais de cœur, le docteur est en réalité parisien. Il y est né et y a grandi jusqu’à ses 17 ans, « j’aimerais bien croire que je suis originaire des Alpes mais en réalité, ce n’est pas le cas ! ». Le Parisien rêve de montagne : passionné de ski de randonnée, il passe son temps libre à faire des raids en vallée de Maurienne.
L’homme de grande taille au physique svelte est médecin militaire de carrière. Il a intégré le service de santé des armées en 2002. Après six ans d’études de médecine et trois ans en internat de médecine générale à l’hôpital Desgenettes à Lyon, il décide de se spécialiser en médecine d’urgence. Sa première affectation a été au centre médical du 4e régiment de chasseur à Gap, « pendant cette affectation j’ai soutenu des chasseurs alpins et des gendarmes de haute montagne » développe le médecin-chef. « Ce sont des expériences très riches car nous soutenons des populations très diverses. » Cette première expérience se concrétise par trois départs en opération extérieure (OPEX), entre 2011 et 2014. Un départ en Côte d’Ivoire dans le cadre de l’opération Licorne puis deux autres au Mali dans le cadre des opérations Serval puis Barkhane.
Après diverses expériences de médecine d’armée, du sport et d’urgence, en montagne puis en OPEX, le docteur Clément Derkenne débarque le 1er janvier 2016 à la BSPP. Aujourd’hui, il est médecin en chef de l’antenne médicale de Courbevoie. Depuis peu, il occupe la fonction de directeur des secours médicaux. « La fonction de DSM se déroule sur une garde de 24 heures tenue par un médecin sur liste préfectorale » continue-t-il. « Elle existe dans tous les départements mais le secteur BSPP est la seule zone où le DSM couvre quatre départements, c’est pourquoi, il est de garde à T 0* ».
Pour le DSM, il existe plusieurs types de missions : urgences collectives, renforts techniques ou situations particulières. « Le DSM à un spectre de mission qui est extrêmement large » souligne le docteur Derkenne. Lors d’un incendie, il commande la partie médicale du dispositif et peut décaler lors d’un renfort habitation ou d’un renfort secours. Il occupe les fonctions opérationnelles les plus importantes en termes de commandement médical. « Placé sous l’autorité du commandant des opérations des secours, le DSM dirige et organise l’ensemble de la chaîne médicale des secours de l’avant jusqu’à l’évacuation » explique le médecin-chef. Il attribue les missions au personnel placé sous son commandement par le biais du CMO SAN (voir encadré), il organise la chaîne médicale des secours et exploite les ressources de tous les moyens BSPP, SAMU et les associations agréées de Sécurité civile (AASC). Son rôle est aussi de veiller à l’optimisation opérationnelle des ressources médicales et logistiques. « Le DSM doit avoir une certaine faculté d’analyse d’une intervention, pour pouvoir anticiper une éventuelle montée en puissance de la chaîne médicale. »
Une formation d’un très bon niveau
Le DSM peut se déplacer sur intervention pour un renfort technique. Lorsque, par exemple, le premier médecin de l’ambulance de réanimation éprouve une difficulté pour intuber une victime. « Le renfort technique médical est de la responsabilité exclusive du DSM » précise le médecin-chef. Le DSM peut aussi décaler pour des situations particulières, notamment lors d’une prise d’otage, d’un événement NRBC ou de la prise en charge d’un VIP. « Il est l’interlocuteur unique du COS pour l’ensemble de la chaîne Santé. »
« La formation du DSM est très complète et d’un très bon niveau détaille le médecin-chef. Les futurs DSM de la Brigade effectuent le stage commandant des opérations de secours ». « Évoluer avec les futurs commandants des opérations de secours est extrêmement intéressant » enchaîne-t-il. Mais depuis peu, cette formation est complétée par un stage de trois semaines mixte entre l’école nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers (ENSOSP) et l’école des hautes études en santé publique (EHESP). Le médecin-chef Derkenne conclut en expliquant que « la fonction de DSM est très riche, notre objectif principal est de soulager le COS de la partie médicale, enjeu majeur de l’intervention ».
*Être de garde à T 0 signifie : être prêt à partir sur intervention immédiatement.
Le CMO SAN : maillon indispensable de la chaîne de commandement
Le centre de mise en œuvre santé (CMO SAN) est le poste de commandement du DSM. C’est une structure d’aide au commandement pouvant être activée dès lors que la chaîne « Santé » est lancée. Il permet d’organiser le secteur médical au profit du DSM et de s’intégrer dans la chaîne d’aide au commandement. En fonction des directives du COS et selon les types d’opérations, le CMO SAN est nominalement déployé et engagé au plus près du poste médical avancé ou bien en zone de poste de commandement. Ce véhicule permet d’organiser un poste de commandement médical très rapidement sur les lieux d’une intervention.
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