Web-série — Le sapeur de première classe est un élément essentiel au bon déroulement d’une opération. D’abord, il conduit les engins de secours sur les lieux de l’intervention, puis il apporte l’eau à la lance ! Rencontre avec le distingué sapeur de première classe Chris Holtzer, du centre de secours de Rousseau.
Incorporé en août 2018, le sapeur de première classe Holtzer fête — officiellement — ses trois ans d’ancienneté. Mais il en compterait plutôt six ou huit d’après l’horloge du « remisard » qui, selon la coutume, dilate le temps et les années de service. « Toute ma famille est sapeur-pompier volontaire, chez moi, dans le Haut-Rhin, annonce fièrement le première classe Holtzer. Mais je suis le seul sapeur-pompier de Paris. » Le gazole coulant probablement dans ses veines depuis ses plus tendres années de jeune sapeur-pompier haut-rhinois, Chris aspire naturellement à devenir conducteur d’engin-pompe (CEP) au sein de notre Institution.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Toutes les formations « remise » telles que conducteur engin-pompe, échelier, nacelier, conducteur de BEA, chef
de remise ou encore officier-remise sont dispensées par le centre de formation des conducteurs d’engins (CFCE), à Voluceau !
CURSUS REMISE
« D’abord, en novembre 2019, j’ai passé le permis poids lourd, indique le première classe Holtzer. Le stage dure deux semaines et demie et se déroule au centre d’instruction élémentaire de conduite agréé (CIECA), à LVV. Ensuite, j’ai effectué mon stage MEA [1] avant le stage CEP, tout simplement car il y avait des places disponibles. » Un coup de chance pour le jeune échelier.
En effet, le premier confinement de 2020 a contraint la BSPP a adapter le service incendie, permettant ainsi au première classe Holtzer de prendre jusqu’à 96 heures de garde à l’échelle ! « J’en garde un plutôt bon souvenir, s’amuse le militaire du rang. Et finalement, en octobre 2020, j’ai suivi le stage CEP à Voluceau ! Pendant quatre jours, j’ai été formé à la mise en œuvre opérationnelle des premiers-secours de 4e et 5e génération, ainsi que des fourgons pompe tonne (FPT) en service à la Brigade. » Entre enseignement à distance, puis cours théoriques et nombreuses mises en œuvre pratiques, le stage CEP donne toutes les clés nécessaires aux stagiaires pour devenir de bons conducteurs.
GARDIEN DES LIEUX
En centre de secours, lorsqu’il est de garde, le sapeur de première classe Holtzer occupe l’essentielle et indispensable fonction de garde remise. « C’est une grande responsabilité, souligne-t-il. Le garde remise s’assure de la présence, du bon état de fonctionnement et de l’entretien de l’ensemble du matériel et des engins de son centre de secours. » L’importance de son rôle se vérifie dès les premiers instants d’une garde, lorsque le garde remise passe en revue, avec le chef de garde, le matériel de chaque sapeur-pompier de garde. « Au centre de secours Rousseau, le garde remise est toujours le conducteur échelle. »
CONNAISSANCE SECTEUR
Lorsque le ronfleur sonne, les chefs d’agrès peuvent compter sur les conducteurs de la remise pour les mener sur les lieux de l’intervention. « Connaître son secteur, c’est fondamental, assure le conducteur d’engin-pompe. Et il faut absolument se concentrer sur la conduite pour ne pas provoquer d’accident. »
L’autre mission essentielle du conducteur d’engin-pompe, notamment sur feu, est d’alimenter son engin en eau. « D’abord, il faut faire la préparation de la pompe et raccorder un tuyau de 110 mm, explique le première classe. Ensuite il faut trouver et tester la bouche incendie avant de se raccorder à l’hydrant. Lorsque tout est bon et que la pompe est alimentée, les équipes peuvent procéder à l’extinction ! » La mission du conducteur est très certainement l’une des plus déterminantes sur intervention. Son action conditionne non seulement le succès final et l’extinction de l’incendie, mais également la sécurité des sapeurs-pompiers engagés au plus près des flammes.
[1] MEA : moyen élévateur aérien
SAVOIRS DE REMISARD : LES PERTES DE CHARGES
Les pertes de charges sont bien connues du sapeur-pompier de Paris et notamment du caporal de jour, régulièrement confronté au phénomène lors des grands TIG du samedi. Mais les conducteurs d’engin-pompe en ont également leur propre définition :
« Lors de tout écoulement, il existe des frottements. Ces frottements ont lieu, pour un écoulement d’eau dans un tuyau, entre
les molécules d’eau et les parois du tuyau ; entre les molécules d’eau elles-mêmes.
Les pertes de charge sont : proportionnelles à la longueur de l’établissement ; proportionnelles au carré du débit ; diminuent lorsque le diamètre du tuyau augmente ; indépendantes de la pression ; fonction de la rugosité du tuyau. »
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Photos Nicholas Bady