UN GRADE, UNE FONCTION (8) — Sapeur de 1CL et conducteur d’engin-pompe

Nicho­las Bady —  — Modi­fiée le 25 juillet 2024 à 08 h 41 

Web-série — Le sapeur de première classe est un élément essentiel au bon déroulement d’une opération. D’abord, il conduit les engins de secours sur les lieux de l’intervention, puis il apporte l’eau à la lance ! Rencontre avec le distingué sapeur de première classe Chris Holtzer, du centre de secours de Rousseau.

Incor­po­ré en août 2018, le sapeur de pre­mière classe Holt­zer fête — offi­ciel­le­ment — ses trois ans d’ancienneté. Mais il en comp­te­rait plu­tôt six ou huit d’après l’horloge du « remi­sard » qui, selon la cou­tume, dilate le temps et les années de ser­vice. « Toute ma famille est sapeur-pom­pier volon­taire, chez moi, dans le Haut-Rhin, annonce fiè­re­ment le pre­mière classe Holt­zer. Mais je suis le seul sapeur-pom­pier de Paris. » Le gazole cou­lant pro­ba­ble­ment dans ses veines depuis ses plus tendres années de jeune sapeur-pom­pier haut-rhi­nois, Chris aspire natu­rel­le­ment à deve­nir conduc­teur d’engin-pompe (CEP) au sein de notre Institution.

LE SAVIEZ-VOUS ?

Toutes les for­ma­tions « remise » telles que conduc­teur engin-pompe, éche­lier, nace­lier, conduc­teur de BEA, chef
de remise ou encore offi­cier-remise sont dis­pen­sées par le centre de for­ma­tion des conduc­teurs d’engins (CFCE), à Voluceau !

CURSUS REMISE
« D’abord, en novembre 2019, j’ai pas­sé le per­mis poids lourd, indique le pre­mière classe Holt­zer. Le stage dure deux semaines et demie et se déroule au centre d’instruction élé­men­taire de conduite agréé (CIECA), à LVV. Ensuite, j’ai effec­tué mon stage MEA [1] avant le stage CEP, tout sim­ple­ment car il y avait des places dis­po­nibles. » Un coup de chance pour le jeune échelier.

En effet, le pre­mier confi­ne­ment de 2020 a contraint la BSPP a adap­ter le ser­vice incen­die, per­met­tant ain­si au pre­mière classe Holt­zer de prendre jusqu’à 96 heures de garde à l’échelle ! « J’en garde un plu­tôt bon sou­ve­nir, s’amuse le mili­taire du rang. Et fina­le­ment, en octobre 2020, j’ai sui­vi le stage CEP à Volu­ceau ! Pen­dant quatre jours, j’ai été for­mé à la mise en œuvre opé­ra­tion­nelle des pre­miers-secours de 4e et 5e géné­ra­tion, ain­si que des four­gons pompe tonne (FPT) en ser­vice à la Bri­gade. » Entre ensei­gne­ment à dis­tance, puis cours théo­riques et nom­breuses mises en œuvre pra­tiques, le stage CEP donne toutes les clés néces­saires aux sta­giaires pour deve­nir de bons conducteurs.


GARDIEN DES LIEUX
En centre de secours, lorsqu’il est de garde, le sapeur de pre­mière classe Holt­zer occupe l’essentielle et indis­pen­sable fonc­tion de garde remise. « C’est une grande res­pon­sa­bi­li­té, sou­ligne-t-il. Le garde remise s’assure de la pré­sence, du bon état de fonc­tion­ne­ment et de l’entretien de l’ensemble du maté­riel et des engins de son centre de secours. » L’importance de son rôle se véri­fie dès les pre­miers ins­tants d’une garde, lorsque le garde remise passe en revue, avec le chef de garde, le maté­riel de chaque sapeur-pom­pier de garde. « Au centre de secours Rous­seau, le garde remise est tou­jours le conduc­teur échelle. »

la pres­sion, c’est dans les pneus !

CONNAISSANCE SECTEUR
Lorsque le ron­fleur sonne, les chefs d’agrès peuvent comp­ter sur les conduc­teurs de la remise pour les mener sur les lieux de l’intervention. « Connaître son sec­teur, c’est fon­da­men­tal, assure le conduc­teur d’engin-pompe. Et il faut abso­lu­ment se concen­trer sur la conduite pour ne pas pro­vo­quer d’accident. »

L’autre mis­sion essen­tielle du conduc­teur d’engin-pompe, notam­ment sur feu, est d’alimenter son engin en eau. « D’abord, il faut faire la pré­pa­ra­tion de la pompe et rac­cor­der un tuyau de 110 mm, explique le pre­mière classe. Ensuite il faut trou­ver et tes­ter la bouche incen­die avant de se rac­cor­der à l’hydrant. Lorsque tout est bon et que la pompe est ali­men­tée, les équipes peuvent pro­cé­der à l’extinction ! » La mis­sion du conduc­teur est très cer­tai­ne­ment l’une des plus déter­mi­nantes sur inter­ven­tion. Son action condi­tionne non seule­ment le suc­cès final et l’extinction de l’incendie, mais éga­le­ment la sécu­ri­té des sapeurs-pom­piers enga­gés au plus près des flammes.

[1] MEA : moyen élé­va­teur aérien

SAVOIRS DE REMISARD : LES PERTES DE CHARGES

Les pertes de charges sont bien connues du sapeur-pom­pier de Paris et notam­ment du capo­ral de jour, régu­liè­re­ment confron­té au phé­no­mène lors des grands TIG du same­di. Mais les conduc­teurs d’engin-pompe en ont éga­le­ment leur propre défi­ni­tion :
« Lors de tout écou­le­ment, il existe des frot­te­ments. Ces frot­te­ments ont lieu, pour un écou­le­ment d’eau dans un tuyau, entre
les molé­cules d’eau et les parois du tuyau ; entre les molé­cules d’eau elles-mêmes.
Les pertes de charge sont : pro­por­tion­nelles à la lon­gueur de l’établissement ; pro­por­tion­nelles au car­ré du débit ; dimi­nuent lorsque le dia­mètre du tuyau aug­mente ; indé­pen­dantes de la pres­sion ; fonc­tion de la rugo­si­té du tuyau. »


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Pho­tos Nicho­las Bady

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