Un pompier, un CS — CS Saint-Ouen

Raphaël Orlan­do —  — Modi­fiée le 3 mars 2025 à 09 h 06 

#BrigadeInside — En poussant les portes du CS Saint-Ouen, difficile de ne pas être frappé par son atmosphère si particulière. En effet, la caserne est installée sous la vaste charpente métallique d’un ancien mûrrissoir de bananes. Le CS cohabite avec le musée des pompiers de Paris, où reposent d’anciens véhicules d’intervention. Ambiance…

Bon­jour Pierre, pour­rais-tu te présenter ?

Bon­jour Raphaël, je suis le capo­ral Pierre Col­li­gnon, j’ai 20 ans. J’ai deux ans et demi de ser­vice et je suis, depuis mes débuts, au CS Saint-Ouen. Je fais pas mal de sport, prin­ci­pa­le­ment de la mus­cu­la­tion et du poids de corps pour le tra­vail. Sur mon temps de repos, je suis pas­sion­né de trail et je com­mence à me mettre à l’ultra-trail (ndr : envi­ron 100 km), donc plu­tôt de la longue dis­tance. L’année der­nière, avec cer­tains pom­piers de Saint-Ouen, nous avons par­ti­ci­pé à la Sain­té­Lyon, et cette année, je pré­vois la Maxi-Race : 100 km autour du lac d’Annecy.

Quel est le pre­mier aspect posi­tif qui te vient en tête en pen­sant à ce CS ?

C’est ma pre­mière caserne, mais je pense qu’il y règne une réelle bonne entente entre les gars. Pour tout le monde, l’intégration se fait assez vite, bien que cela reste un cadre mili­taire. Je trouve que Saint-Ouen est une bonne caserne pour débu­ter, mais aus­si pour pro­gres­ser par la suite.

Quelle spé­ci­fi­ci­té ou type d’inter’ pour ce secteur ?

L’implantation géo­gra­phique du CS nous offre une belle diver­si­té d’in­ter­ven­tions. Nous sommes situés en dehors de Paris. Sur le car­ré des neufs, on retrouve notam­ment Saint-Denis et Auber­vil­liers, ce qui nous per­met de tra­vailler en extra-muros pur. À l’inverse, nous avons Mont­martre à proxi­mi­té, ce qui nous amène régu­liè­re­ment à inter­ve­nir dans Paris.

Saint-Ouen est une ville très diver­si­fiée. La Seine est proche, et les puces de Saint-Ouen se trouvent à seule­ment 1 km de la caserne. À titre d’information, c’est le 5e site le plus visi­té de France avec envi­ron 5 mil­lions de visi­teurs annuels – la série Lupin y a d’ailleurs été tour­née. C’est un véri­table laby­rinthe dans lequel il faut savoir se repé­rer en intervention.

En 2024, nous avons eu la chance d’être situés à proxi­mi­té du vil­lage olym­pique. Bien que la caserne Deglane assu­rait les inter­ven­tions sur le site, celui-ci se trou­vait sur notre sec­teur ter­ri­to­ria­le­ment com­pé­tent. Ils géraient les inter­ven­tions sur place, tan­dis que nous étions en charge des trans­ports. D’une cer­taine manière, cela nous a per­mis de vivre, en quelque sorte, au cœur des Jeux Olympiques.

Quelle est l’intervention qui t’a le plus mar­qué dans ce CS ?

Oui, et je me sou­viens même de la date : le 17 novembre 2024. C’était au 165 bou­le­vard Ana­tole France, tout près de la caserne. Cela fai­sait un an que j’étais chef d’équipe. Il était 17h, un dimanche, lorsque nous avons été son­nés pour un feu d’appartement.

Lorsque l’on se pré­sente à l’adresse, une per­sonne se trouve à la fenêtre du 4e étage. Le sau­ve­tage est alors réa­li­sé au moyen du MEA. Mon chef d’agrès et moi sommes ensuite allés en cour inté­rieure, de l’autre côté du bâti­ment, où nous avons aper­çu trois autres per­sonnes blo­quées à leur fenêtre, éga­le­ment au 4e étage. À ce moment-là, ma mis­sion est alors d’effectuer leur sau­ve­tage à l’aide de l’échelle à cro­chets. J’en garde un bon sou­ve­nir. Sur le moment, l’adrénaline est telle que les gestes deviennent auto­ma­tiques. C’est après coup que l’on réa­lise l’intensité de l’engagement et la beau­té de cette intervention.

Pierre, as-tu un sou­ve­nir, une anec­dote à nous par­ta­ger sur Saint-Ouen ?

Ce que j’aimerais mettre en avant, c’est le par­rain que l’on m’a dési­gné à mon inté­gra­tion. C’est amu­sant, mais avec le temps, nous sommes deve­nus amis, car nous avons beau­coup de points com­muns. Nous par­ta­geons la même pas­sion du sport, nous cou­rons nos trails ensemble, et il m’a énor­mé­ment fait pro­gres­ser à la caserne, sur tous les plans. Nous avons déve­lop­pé une forme de fra­ter­ni­té qui se retrouve même une fois sor­tis de la caserne. Je lui suis très recon­nais­sant pour tout cela.


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