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#BrigadeInside — En poussant les portes du CS Saint-Ouen, difficile de ne pas être frappé par son atmosphère si particulière. En effet, la caserne est installée sous la vaste charpente métallique d’un ancien mûrrissoir de bananes. Le CS cohabite avec le musée des pompiers de Paris, où reposent d’anciens véhicules d’intervention. Ambiance…
Bonjour Pierre, pourrais-tu te présenter ?
Bonjour Raphaël, je suis le caporal Pierre Collignon, j’ai 20 ans. J’ai deux ans et demi de service et je suis, depuis mes débuts, au CS Saint-Ouen. Je fais pas mal de sport, principalement de la musculation et du poids de corps pour le travail. Sur mon temps de repos, je suis passionné de trail et je commence à me mettre à l’ultra-trail (ndr : environ 100 km), donc plutôt de la longue distance. L’année dernière, avec certains pompiers de Saint-Ouen, nous avons participé à la SaintéLyon, et cette année, je prévois la Maxi-Race : 100 km autour du lac d’Annecy.
Quel est le premier aspect positif qui te vient en tête en pensant à ce CS ?
C’est ma première caserne, mais je pense qu’il y règne une réelle bonne entente entre les gars. Pour tout le monde, l’intégration se fait assez vite, bien que cela reste un cadre militaire. Je trouve que Saint-Ouen est une bonne caserne pour débuter, mais aussi pour progresser par la suite.
Quelle spécificité ou type d’inter’ pour ce secteur ?
L’implantation géographique du CS nous offre une belle diversité d’interventions. Nous sommes situés en dehors de Paris. Sur le carré des neufs, on retrouve notamment Saint-Denis et Aubervilliers, ce qui nous permet de travailler en extra-muros pur. À l’inverse, nous avons Montmartre à proximité, ce qui nous amène régulièrement à intervenir dans Paris.
Saint-Ouen est une ville très diversifiée. La Seine est proche, et les puces de Saint-Ouen se trouvent à seulement 1 km de la caserne. À titre d’information, c’est le 5e site le plus visité de France avec environ 5 millions de visiteurs annuels – la série Lupin y a d’ailleurs été tournée. C’est un véritable labyrinthe dans lequel il faut savoir se repérer en intervention.
En 2024, nous avons eu la chance d’être situés à proximité du village olympique. Bien que la caserne Deglane assurait les interventions sur le site, celui-ci se trouvait sur notre secteur territorialement compétent. Ils géraient les interventions sur place, tandis que nous étions en charge des transports. D’une certaine manière, cela nous a permis de vivre, en quelque sorte, au cœur des Jeux Olympiques.
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Quelle est l’intervention qui t’a le plus marqué dans ce CS ?
Oui, et je me souviens même de la date : le 17 novembre 2024. C’était au 165 boulevard Anatole France, tout près de la caserne. Cela faisait un an que j’étais chef d’équipe. Il était 17h, un dimanche, lorsque nous avons été sonnés pour un feu d’appartement.
Lorsque l’on se présente à l’adresse, une personne se trouve à la fenêtre du 4e étage. Le sauvetage est alors réalisé au moyen du MEA. Mon chef d’agrès et moi sommes ensuite allés en cour intérieure, de l’autre côté du bâtiment, où nous avons aperçu trois autres personnes bloquées à leur fenêtre, également au 4e étage. À ce moment-là, ma mission est alors d’effectuer leur sauvetage à l’aide de l’échelle à crochets. J’en garde un bon souvenir. Sur le moment, l’adrénaline est telle que les gestes deviennent automatiques. C’est après coup que l’on réalise l’intensité de l’engagement et la beauté de cette intervention.
Pierre, as-tu un souvenir, une anecdote à nous partager sur Saint-Ouen ?
Ce que j’aimerais mettre en avant, c’est le parrain que l’on m’a désigné à mon intégration. C’est amusant, mais avec le temps, nous sommes devenus amis, car nous avons beaucoup de points communs. Nous partageons la même passion du sport, nous courons nos trails ensemble, et il m’a énormément fait progresser à la caserne, sur tous les plans. Nous avons développé une forme de fraternité qui se retrouve même une fois sortis de la caserne. Je lui suis très reconnaissant pour tout cela.