UN POMPIER, UN CS — Jériel au CS Noisy-le-Grand

Raphaël Orlan­do —  — Modi­fiée le 8 octobre 2025 à 12 h 01 

Web-série — Avant d’intégrer la Brigade, Jériel avait déjà fait ses armes comme réserviste à Nogent-sur-Marne. Aujourd’hui caporal-chef à Noisy-le-Grand, il n’a jamais quitté la 15e compagnie et s’épanouit pleinement dans le seul centre de secours du 2e groupement implanté dans le 93.

Bon­jour Jériel, pour­rais-tu te présenter ?

Bon­jour, je suis le capo­ral-chef Matun­du, Jériel de mon pré­nom. J’appartiens au 2e grou­pe­ment d’incendie et de secours, plus pré­ci­sé­ment à la 15e com­pa­gnie, au centre de secours de Noi­sy-le-Grand. J’ai six ans et demi de ser­vice et Noi­sy est mon pre­mier CS… entre guille­mets, car avant d’intégrer plei­ne­ment la BSPP, j’ai réa­li­sé un ser­vice civique à la caserne de Nogent-sur-Marne. Ces dix mois m’ont per­mis de véri­fier que le métier me conve­nait, que je pou­vais m’y épa­nouir, mais aus­si de me confor­ter dans l’idée que j’étais capable de deve­nir pom­pier de Paris.

Côté per­son­nel, avant d’entrer à la Bri­gade, j’ai obte­nu un bac pro­fes­sion­nel en élec­tro­nique. Je suis logé à Cli­chy-sous-Bois, marié et père d’un tout jeune enfant. J’ai deux frères — dont l’un est éga­le­ment pom­pier de Paris — ain­si qu’une petite sœur. Mon choix pour l’armée s’inscrit dans une conti­nui­té fami­liale : je vou­lais deve­nir pom­pier et, mon père étant légion­naire, j’ai choi­si de lier les deux.

Mes pas­sions ? Les sports de com­bat avant tout. J’en pra­tique depuis petit : la lutte prin­ci­pa­le­ment, mais aus­si le grap­pling et le MMA. J’aime aus­si la musique : je ne suis pas Bee­tho­ven, mais je joue du pia­no et j’ai appris en autodidacte.

Quel est le pre­mier aspect posi­tif qui te vient en tête en pen­sant à ce CS ?

La par­ti­cu­la­ri­té de Noi­sy-le-Grand est d’être la seule caserne du 2e grou­pe­ment implan­tée en Seine-Saint-Denis, alors que ce dépar­te­ment relève habi­tuel­le­ment du 1er grou­pe­ment. Sinon, sur l’aspect humain, notre caserne est toute petite ce qui nous oblige, dans le bon sens du terme, à pas­ser notre temps tous ensemble. Cette confi­gu­ra­tion nous amène à tis­ser des liens assez forts et ren­force notre cohé­sion. D’ailleurs, j’ai oublié de pré­ci­ser mais notre caserne est en recons­truc­tion, donc nous pour­rons à l’avenir dire que nous pos­sé­dons un CS tout neuf.

Quelles spé­ci­fi­ci­tés ou type d’inter’ pour ce secteur ?

Notre CS compte 61 pom­piers. Nous fai­sons par­tie du 2e grou­pe­ment et de la 15e com­pa­gnie. Nous avons la chance de dis­po­ser d’un Départ nor­mal (DN), ce qui n’est pas tou­jours le cas pour les CS.

Nous défen­dons cinq com­munes : Gour­nay-sur-Marne, Noi­sy-le-Grand, Vil­liers-sur-Marne, Bry-sur-Marne et Le Ples­sis-Tré­vise. Cela repré­sente un sec­teur assez vaste et donc un volume d’interventions conséquent.

Les risques sont variés : fores­tier, flu­vial, rou­tier, aérien, fermes, quar­tiers pavillon­naires, cités sen­sibles… On a même les Espaces d’Abraxas, connus pour avoir ser­vi de décor au film “Hun­ger Games”, ce qui attire chaque année un petit flux de touristes.

Quelle est l’intervention qui t’a le plus mar­qué dans ce CS ?

C’était lors de ma toute pre­mière garde. Comme sou­vent lors d’un pre­mier jour, j’avais beau­coup d’administratif à gérer et j’ai été rem­pla­cé la mati­née. Après le déjeu­ner, je reprends mon piquet au Pre­mier-secours éva­cua­tion (PSE). Vers 14 h, nous sommes son­nés pour un feu de véhi­cule au niveau du drive d’un restaurant.

À notre arri­vée, la situa­tion avait évo­lué : l’incendie du véhi­cule s’était pro­pa­gé au res­tau­rant. Nous avons dû deman­der un ren­fort incen­die, le feu s’étant lar­ge­ment amplifié.

Cette inter­ven­tion m’a mar­qué, car c’était ma toute pre­mière inter’, et direc­te­ment un feu d’ampleur. Après dix mois pas­sés en ser­vice civique à Nogent-sur-Marne, sou­vent au VSAV, c’était un peu comme une récom­pense de com­men­cer ainsi.

Sou­ve­nir per­son­nel le plus mar­quant dans ce CS ?

Je retiens sur­tout l’ambiance de Noi­sy-le-Grand. Sans doute qu’on retrouve ça ailleurs, mais je ne peux par­ler que de ma caserne, là où j’ai gran­di en tant que pom­pier. Le fait d’être dans un petit CS, un peu rus­tique — douches com­munes, chambres par­ta­gées, pas de mess — crée du lien, faci­lite l’intégration et soude vrai­ment les équipes, nous deve­nons rapi­de­ment frères d’armes. Le jour où je quit­te­rai ce centre, c’est cet esprit de famille que je gar­de­rai en mémoire.


À LIRE AUSSI…


Retour en haut