
#BrigadeInside — À travers cette nouvelle série d’interviews, plongez au cœur des centres de secours de la BSPP grâce aux témoignages de ceux qui les font vivre au quotidien. De tout grade, ces pompiers partagent leur expérience et leur engagement sur le terrain.
Bonjour Romain, pourrais-tu te présenter ?
Bonjour, je suis le caporal-chef Romain Payet, j’ai 22 ans. Je suis entré à la Brigade en décembre 2021 et je suis affecté au PC Blanche (7e compagnie) depuis le début de mon contrat, soit trois ans et demi. Je suis originaire de l’Ain, où je vis toujours.
Mon parcours a été rapide puisque j’ai été assez vite à l’avancement. : j’ai été nommé caporal après un an de service, puis, à deux ans et dix mois, j’ai suivi le PECCH. Depuis quatre mois, je suis chef d’agrès VSAV, une fonction incroyable du fait du niveau de responsabilité accordé, malgré mon jeune âge. Je comprends mieux aujourd’hui quand on parle à la Brigade d’ascenseur social. À la base, j’ai seulement un bac STI2D. Aujourd’hui, j’ai la responsabilité de deux hommes, des victimes et d’un camion.
Quel est le premier aspect positif qui te vient en tête en pensant à ce CS ?
Je pense en premier à l’implantation de la caserne, juste en face du théâtre de Paris, dans un lieu historique de la capitale. Travailler dans un endroit comme celui-ci n’a pas de prix. Le bâtiment a plus d’un siècle, et nous décalons depuis une caserne empreinte d’histoire, notamment connue pour sa fresque présente dans la remise, rénovée l’été dernier au pinceau fin.
Quels spécificité ou type d’inter’ pour ce secteur ?
La particularité du CS, c’est son implantation géographique. On est dans un quartier très animé, qui attire une forte affluence touristique avec de nombreux sites incontournables comme l’Opéra Garnier, les Galeries Lafayette ou encore le Sacré-Cœur, bien qu’il ne soit pas sur notre secteur, mais très proche. Cette concentration de visiteurs implique naturellement de nombreux risques, notamment une vigilance accrue face au risque d’attentat. Le secteur de Blanche, c’est 90 000 habitants et 500 000 personnes en transit chaque jour.
Le caractère unique de Blanche, c’est aussi la présence du célèbre quartier de Pigalle, connu pour ses nombreux bars, boîtes de nuit et salles de spectacle, notamment La Cigale et le Moulin Rouge. Inévitablement, le monde de la nuit apporte son lot de problèmes avec l’alcool, les vols et les agressions, entre autres.
Un autre atout du secteur, c’est la présence de nombreuses personnalités importantes ou connus, nous intervenons quand même régulièrement sur des personnalités « VIP ». C’est une chance d’avoir cette particularité-là sur le secteur car ça rend une intervention « classique » plus dimensionnante.
Le secteur compte également de nombreux bureaux et bâtiments en rénovation. Certes, nous n’intervenons pas souvent sur des incendies, mais lorsque cela arrive, ce sont généralement des feux d’ampleur, comme dernièrement le feu rue de la Pépinière, près de la gare Saint-Lazare.
Quelle est l’intervention qui t’a le plus marqué dans ce CS ?
Une intervention m’a particulièrement marqué. C’est un incendie dans le secteur de Sévigné, l’été dernier, avec tout le départ normal de Blanche. Pendant la reconnaissance ou la phase d’attaque – je ne me souviens plus exactement – j’ai appris qu’un pompier de Paris avait été électrisé et retrouvé inconscient dans la cage d’escalier.
À ce moment-là, je sais qu’une équipe de Blanche était engagée dans cette cage, mais j’ignore qui était au sol. Ce genre de situation fait basculer une intervention, car on ne sait pas encore comment on va retrouver la personne. Cet événement, au-delà de connaître les risques, m’a fait prendre conscience de la dangerosité d’un incendie, malgré notre passion pour ce métier. Heureusement, ce pompier s’en est bien sorti.

Un souvenir personnel ou une cohésion qui t’as marqué à Montmartre ?
Sans hésitation, le marathon de Paris ! C’est une cohésion financée par le capitaine que nous avons couru l’année dernière. C’est l’un de mes meilleurs souvenirs. Nous étions nombreux à représenter la 7e compagnie et l’expérience du dépassement de soi est incroyable.
Le moment le plus marquant a été de traverser les nombreux monuments du secteur de Blanche et de croiser nos camarades de garde venus nous encourager. Le marathon c’est un défi mental exceptionnel : je voulais expérimenter le fameux « mur » et lutter contre mes jambes et ma tête qui me demandaient d’arrêter. C’est chose faite… mais honnêtement, ça fait mal !