UN POMPIER, UN CS — Romain au CS Blanche

Raphaël Orlan­do —  — Modi­fiée le 12 mars 2025 à 05 h 29 

#BrigadeInside — À travers cette nouvelle série d’interviews, plongez au cœur des centres de secours de la BSPP grâce aux témoignages de ceux qui les font vivre au quotidien. De tout grade, ces pompiers partagent leur expérience et leur engagement sur le terrain.

Bon­jour Romain, pour­rais-tu te présenter ?

Bon­jour, je suis le capo­ral-chef Romain Payet, j’ai 22 ans. Je suis entré à la Bri­gade en décembre 2021 et je suis affec­té au PC Blanche (7e com­pa­gnie) depuis le début de mon contrat, soit trois ans et demi. Je suis ori­gi­naire de l’Ain, où je vis toujours.

Mon par­cours a été rapide puisque j’ai été assez vite à l’avancement. : j’ai été nom­mé capo­ral après un an de ser­vice, puis, à deux ans et dix mois, j’ai sui­vi le PECCH. Depuis quatre mois, je suis chef d’agrès VSAV, une fonc­tion incroyable du fait du niveau de res­pon­sa­bi­li­té accor­dé, mal­gré mon jeune âge. Je com­prends mieux aujourd’hui quand on parle à la Bri­gade d’ascenseur social. À la base, j’ai seule­ment un bac STI2D. Aujourd’hui, j’ai la res­pon­sa­bi­li­té de deux hommes, des vic­times et d’un camion.

Quel est le pre­mier aspect posi­tif qui te vient en tête en pen­sant à ce CS ?

Je pense en pre­mier à l’implantation de la caserne, juste en face du théâtre de Paris, dans un lieu his­to­rique de la capi­tale. Tra­vailler dans un endroit comme celui-ci n’a pas de prix. Le bâti­ment a plus d’un siècle, et nous déca­lons depuis une caserne empreinte d’histoire, notam­ment connue pour sa fresque pré­sente dans la remise, réno­vée l’été der­nier au pin­ceau fin.

Quels spé­ci­fi­ci­té ou type d’inter’ pour ce secteur ?

La par­ti­cu­la­ri­té du CS, c’est son implan­ta­tion géo­gra­phique. On est dans un quar­tier très ani­mé, qui attire une forte affluence tou­ris­tique avec de nom­breux sites incon­tour­nables comme l’Opéra Gar­nier, les Gale­ries Lafayette ou encore le Sacré-Cœur, bien qu’il ne soit pas sur notre sec­teur, mais très proche. Cette concen­tra­tion de visi­teurs implique natu­rel­le­ment de nom­breux risques, notam­ment une vigi­lance accrue face au risque d’attentat. Le sec­teur de Blanche, c’est 90 000 habi­tants et 500 000 per­sonnes en tran­sit chaque jour.

Le carac­tère unique de Blanche, c’est aus­si la pré­sence du célèbre quar­tier de Pigalle, connu pour ses nom­breux bars, boîtes de nuit et salles de spec­tacle, notam­ment La Cigale et le Mou­lin Rouge. Inévi­ta­ble­ment, le monde de la nuit apporte son lot de pro­blèmes avec l’alcool, les vols et les agres­sions, entre autres.

Un autre atout du sec­teur, c’est la pré­sence de nom­breuses per­son­na­li­tés impor­tantes ou connus, nous inter­ve­nons quand même régu­liè­re­ment sur des per­son­na­li­tés « VIP ». C’est une chance d’avoir cette par­ti­cu­la­ri­té-là sur le sec­teur car ça rend une inter­ven­tion « clas­sique » plus dimensionnante.

Le sec­teur compte éga­le­ment de nom­breux bureaux et bâti­ments en réno­va­tion. Certes, nous n’intervenons pas sou­vent sur des incen­dies, mais lorsque cela arrive, ce sont géné­ra­le­ment des feux d’ampleur, comme der­niè­re­ment le feu rue de la Pépi­nière, près de la gare Saint-Lazare.

Quelle est l’intervention qui t’a le plus mar­qué dans ce CS ?

Une inter­ven­tion m’a par­ti­cu­liè­re­ment mar­qué. C’est un incen­die dans le sec­teur de Sévi­gné, l’été der­nier, avec tout le départ nor­mal de Blanche. Pen­dant la recon­nais­sance ou la phase d’attaque – je ne me sou­viens plus exac­te­ment – j’ai appris qu’un pom­pier de Paris avait été élec­tri­sé et retrou­vé incons­cient dans la cage d’escalier.

À ce moment-là, je sais qu’une équipe de Blanche était enga­gée dans cette cage, mais j’ignore qui était au sol. Ce genre de situa­tion fait bas­cu­ler une inter­ven­tion, car on ne sait pas encore com­ment on va retrou­ver la per­sonne. Cet évé­ne­ment, au-delà de connaître les risques, m’a fait prendre conscience de la dan­ge­ro­si­té d’un incen­die, mal­gré notre pas­sion pour ce métier. Heu­reu­se­ment, ce pom­pier s’en est bien sorti.

Un sou­ve­nir per­son­nel ou une cohé­sion qui t’as mar­qué à Montmartre ?

Sans hési­ta­tion, le mara­thon de Paris ! C’est une cohé­sion finan­cée par le capi­taine que nous avons cou­ru l’année der­nière. C’est l’un de mes meilleurs sou­ve­nirs. Nous étions nom­breux à repré­sen­ter la 7e com­pa­gnie et l’expérience du dépas­se­ment de soi est incroyable.

Le moment le plus mar­quant a été de tra­ver­ser les nom­breux monu­ments du sec­teur de Blanche et de croi­ser nos cama­rades de garde venus nous encou­ra­ger. Le mara­thon c’est un défi men­tal excep­tion­nel : je vou­lais expé­ri­men­ter le fameux « mur » et lut­ter contre mes jambes et ma tête qui me deman­daient d’arrêter. C’est chose faite… mais hon­nê­te­ment, ça fait mal !


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