UN POMPIER, UN CS — Thomas au CS Nativité

Raphaël Orlan­do —  — Modi­fiée le 18 sep­tembre 2025 à 04 h 38 

Web-série — Au cœur du 12e arrondissement, la caserne Nativité est l’une des plus anciennes de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris. Marquée par son histoire et la cohésion qui s’y vit au quotidien, elle reste une maison emblématique pour ceux qui y servent. Le caporal-chef Thomas Fuzier, fidèle à cette caserne depuis ses débuts, raconte son parcours et son attachement à ce lieu.

Bon­jour Tho­mas, pour­rais-tu te présenter ?

Salut, je suis Tho­mas Fuzier, capo­ral-chef au CS Nati­vi­té. J’ai 26 ans et quatre ans et demi de ser­vice. Depuis mes débuts à la Bri­gade, je n’ai connu que cette caserne. Rapi­de­ment après mon arri­vée, j’ai inté­gré la remise où je suis res­té deux ans. J’ai ensuite déci­dé d’aller au PEC pour deve­nir capo­ral. Par chance – et un peu de tra­vail quand même – j’ai ter­mi­né major de ma pro­mo, ce qui m’a per­mis d’enchaîner direc­te­ment sur le PECCH, à l’issue duquel j’ai été nom­mé caporal-chef.

En paral­lèle de la BSPP, je suis pac­sé et je vis en Isère, ma région d’origine. En bon Isé­rois, je pro­fite des mon­tagnes : ski l’hiver, ran­don­née l’été, la nature nous offre un ter­rain de jeu incroyable. Et il valait mieux que je n’oublie pas de le pré­ci­ser : je suis aus­si pom­pier volon­taire là-bas, où j’ai tis­sé de très bonnes rela­tions. Comme à la Bri­gade, cer­tains col­lègues sont deve­nus de véri­tables amis.

Quel est le pre­mier aspect posi­tif qui te vient en tête en pen­sant à ce CS ?

Si je devais résu­mer notre CS en un mot, ce serait la cohé­sion. On a la chance d’être une petite caserne : peu nom­breux, ce qui faci­lite la vie en com­mu­nau­té et entre­tient une atmo­sphère fami­liale. Un exemple mar­quant : notre éva­lua­tion à la pré­pa­ra­tion opé­ra­tion­nelle (EPO) s’est dérou­lée récem­ment. C’est sou­vent un moment stres­sant qui peut peser sur l’ambiance des mois avant l’examen. À Nati­vi­té, on ne l’a pas res­sen­ti. Bien sûr, on s’est pré­pa­rés, on a manœu­vré, cor­ri­gé nos manières de faire, mais la convi­via­li­té et la bonne humeur sont res­tées intactes. Résul­tat : tout s’est bien pas­sé et l’esprit de caserne n’a jamais faibli.

Quelles spé­ci­fi­ci­tés ou type d’inter’ pour ce secteur ?

Notre sec­teur est par­ti­cu­lier, avec des risques bien iden­ti­fiés. Le risque fer­ro­viaire est impor­tant : une par­tie de la gare de Lyon nous concerne, ain­si que les ate­liers de main­te­nance et de longues voies fer­rées qui tra­versent notre secteur.

On peut aus­si citer la Seine, qui longe une grande par­tie de Nati­vi­té. Les inter­ven­tions sur les quais sont fré­quentes, sou­vent avec le ren­fort rapide des plon­geurs de La Monnaie.

Côté routes, c’est tout aus­si varié : péri­phé­rique, por­tion de l’A4, quais où la cir­cu­la­tion est rapide… sans oublier une par­tie du bois de Vin­cennes, pro­pice à des inter’ de toutes sortes.

Quelle est l’intervention qui t’a le plus mar­qué dans ce CS ?

Une me revient immé­dia­te­ment : j’étais jeune chef d’agrès VSAV lorsqu’on est appe­lés sur un stade de foot pour un joueur de 23 ans en arrêt car­dio-res­pi­ra­toire après un effort. Nous arri­vons seuls au départ, mais rapi­de­ment une équipe d’ECMO (oxy­gé­na­tion par mem­brane extracor­po­relle) est annon­cée en renfort.

Ce que je veux sou­li­gner, c’est jus­te­ment cette tech­nique impres­sion­nante et peu connue. Elle consiste à appor­ter une assis­tance cir­cu­la­toire et res­pi­ra­toire grâce à une machine, lorsque le cœur et/​ou les pou­mons ne peuvent plus assu­rer un échange gazeux com­pa­tible avec la vie.

C’est une opé­ra­tion déli­cate, car elle néces­site de recréer presque un bloc opé­ra­toire dans un lieu public et non sté­rile, en l’occurrence un stade. L’équipe médi­cale sélec­tionne les patients avec des cri­tères pré­cis (âge, anté­cé­dents, ter­rain médi­cal) pour savoir si l’intervention peut réel­le­ment leur don­ner une chance.

Notre rôle à nous, pom­piers, est res­té limi­té : pre­miers gestes, mas­sage, éloi­gner le public, orga­ni­ser une escorte moto­ri­sée pour un trans­port ultra rapide. Ensuite, tout rele­vait du savoir-faire chi­rur­gi­cal et du maté­riel spécialisé.

C’est une inter­ven­tion mar­quante, car elle montre jusqu’où peut aller la méde­cine d’urgence pour ten­ter de sau­ver une vie, même loin d’un bloc opératoire.

Sou­ve­nir personnel/​cohésion le plus mar­quant dans ce CS ?

Ce qui me marque le plus, ce sont les ami­tiés créées ici. N’ayant connu que Nati­vi­té, je com­mence à faire par­tie, entre guille­mets, des « anciens ». Avec le temps, j’ai vu beau­coup d’amis par­tir vers d’autres casernes ou quit­ter la Bri­gade. C’est sûre­ment le plus dur : voir la caserne évo­luer. Mais c’est aus­si essen­tiel. Cela per­met aux plus jeunes de for­mer leur propre groupe, comme je l’ai fait il y a quelques années, et de s’épanouir dans cette vie de caserne.


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