
Web-série — Au cœur du 12e arrondissement, la caserne Nativité est l’une des plus anciennes de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris. Marquée par son histoire et la cohésion qui s’y vit au quotidien, elle reste une maison emblématique pour ceux qui y servent. Le caporal-chef Thomas Fuzier, fidèle à cette caserne depuis ses débuts, raconte son parcours et son attachement à ce lieu.
Bonjour Thomas, pourrais-tu te présenter ?
Salut, je suis Thomas Fuzier, caporal-chef au CS Nativité. J’ai 26 ans et quatre ans et demi de service. Depuis mes débuts à la Brigade, je n’ai connu que cette caserne. Rapidement après mon arrivée, j’ai intégré la remise où je suis resté deux ans. J’ai ensuite décidé d’aller au PEC pour devenir caporal. Par chance – et un peu de travail quand même – j’ai terminé major de ma promo, ce qui m’a permis d’enchaîner directement sur le PECCH, à l’issue duquel j’ai été nommé caporal-chef.
En parallèle de la BSPP, je suis pacsé et je vis en Isère, ma région d’origine. En bon Isérois, je profite des montagnes : ski l’hiver, randonnée l’été, la nature nous offre un terrain de jeu incroyable. Et il valait mieux que je n’oublie pas de le préciser : je suis aussi pompier volontaire là-bas, où j’ai tissé de très bonnes relations. Comme à la Brigade, certains collègues sont devenus de véritables amis.
Quel est le premier aspect positif qui te vient en tête en pensant à ce CS ?
Si je devais résumer notre CS en un mot, ce serait la cohésion. On a la chance d’être une petite caserne : peu nombreux, ce qui facilite la vie en communauté et entretient une atmosphère familiale. Un exemple marquant : notre évaluation à la préparation opérationnelle (EPO) s’est déroulée récemment. C’est souvent un moment stressant qui peut peser sur l’ambiance des mois avant l’examen. À Nativité, on ne l’a pas ressenti. Bien sûr, on s’est préparés, on a manœuvré, corrigé nos manières de faire, mais la convivialité et la bonne humeur sont restées intactes. Résultat : tout s’est bien passé et l’esprit de caserne n’a jamais faibli.






Quelles spécificités ou type d’inter’ pour ce secteur ?
Notre secteur est particulier, avec des risques bien identifiés. Le risque ferroviaire est important : une partie de la gare de Lyon nous concerne, ainsi que les ateliers de maintenance et de longues voies ferrées qui traversent notre secteur.
On peut aussi citer la Seine, qui longe une grande partie de Nativité. Les interventions sur les quais sont fréquentes, souvent avec le renfort rapide des plongeurs de La Monnaie.
Côté routes, c’est tout aussi varié : périphérique, portion de l’A4, quais où la circulation est rapide… sans oublier une partie du bois de Vincennes, propice à des inter’ de toutes sortes.
Quelle est l’intervention qui t’a le plus marqué dans ce CS ?
Une me revient immédiatement : j’étais jeune chef d’agrès VSAV lorsqu’on est appelés sur un stade de foot pour un joueur de 23 ans en arrêt cardio-respiratoire après un effort. Nous arrivons seuls au départ, mais rapidement une équipe d’ECMO (oxygénation par membrane extracorporelle) est annoncée en renfort.
Ce que je veux souligner, c’est justement cette technique impressionnante et peu connue. Elle consiste à apporter une assistance circulatoire et respiratoire grâce à une machine, lorsque le cœur et/ou les poumons ne peuvent plus assurer un échange gazeux compatible avec la vie.
C’est une opération délicate, car elle nécessite de recréer presque un bloc opératoire dans un lieu public et non stérile, en l’occurrence un stade. L’équipe médicale sélectionne les patients avec des critères précis (âge, antécédents, terrain médical) pour savoir si l’intervention peut réellement leur donner une chance.
Notre rôle à nous, pompiers, est resté limité : premiers gestes, massage, éloigner le public, organiser une escorte motorisée pour un transport ultra rapide. Ensuite, tout relevait du savoir-faire chirurgical et du matériel spécialisé.
C’est une intervention marquante, car elle montre jusqu’où peut aller la médecine d’urgence pour tenter de sauver une vie, même loin d’un bloc opératoire.
Souvenir personnel/cohésion le plus marquant dans ce CS ?
Ce qui me marque le plus, ce sont les amitiés créées ici. N’ayant connu que Nativité, je commence à faire partie, entre guillemets, des « anciens ». Avec le temps, j’ai vu beaucoup d’amis partir vers d’autres casernes ou quitter la Brigade. C’est sûrement le plus dur : voir la caserne évoluer. Mais c’est aussi essentiel. Cela permet aux plus jeunes de former leur propre groupe, comme je l’ai fait il y a quelques années, et de s’épanouir dans cette vie de caserne.