Web-série — Mathilde est l’une des rares athlètes à avoir exercé deux sports à haut niveau : le basket et le cyclisme sur piste. Un changement soudain et inattendu, survenu à l’âge de 14 ans.
à 14 ans, Mathilde était basketteuse de haut niveau au Pôle Espoirs d’Aix-en-Provence. À 15 ans, elle était en équipe de France de cyclisme sur piste à l’INSEP, à Paris. Comment s’est passé le passage du basket au cyclisme ? J’ai pratiqué le basket pendant dix ans, de mes quatre à mes quatorze ans pour devenir basketteuse professionnelle. Mais, tout ne s’est pas passé comme prévu…
Lors d’un entraînement de basket en avril 2014, je suis montée sur un Wattbike pour m’amuser. Les données étaient impressionnantes pour mon âge, d’autant plus que je ne faisais pas de vélo. Mon entraîneur m’a envoyée à Paris passer les tests de sélection pour l’INSEP puis tout s’est enchaîné très vite. J’ai terminé ma saison de basket en juin et j’ai intégré l’INSEP le 31 août 2014 en cyclisme. Pour moi, l’INSEP, c’était vraiment le graal ! Au basket, j’avais du mal à l’atteindre. En cyclisme, on m’a proposé d’y entrer alors même que je n’avais fait aucun entraînement, aucune course. Pour moi, c’était une immense opportunité de réaliser mon rêve de petite fille : devenir championne olympique.
Comment vit-on un tel changement ? C’était compliqué. L’éloignement avec ma famille a été difficile à gérer. Partir d’Aix-en-Provence pour arriver à Paris, c’est brutal. L’apprentissage d’un nouveau sport demande aussi énormément d’efforts. J’ai eu du mal à passer d’un sport collectif à un sport individuel, d’autant plus que j’étais capitaine de mon équipe de basket. En arrivant à l’INSEP, j’avais l’impression de ne pas être à ma place. À cela se sont ajoutées les études. J’ai décidé d’entrer en école de commerce afin d’avoir un bagage pour rebondir à la fin de ma carrière sportive.
Quelle a été ta première émotion lorsque tu es devenue championne du monde en 2022 ? Dès mes débuts, on m’attendait comme la future Félicia Ballanger (ndlr : sprinteuse française triple championne olympique et dix fois championne du monde de vitesse et du 500 m sur piste entre 1995 et 2000). J’ai reçu tellement de pression que je ne courais plus pour le plaisir mais pour la gagne. Les Jeux de Tokyo ont été la plus grande désillusion de ma carrière. Je me suis fait éliminer très tôt. J’ai mis du temps à me relever.
Ce titre de championne du monde en vitesse individuelle a été mon premier titre. À 23 ans, je suis allée le chercher, ici, à la maison. C’était incroyable. J’en ai encore les larmes aux yeux. Ça a été un soulagement. Ça restera le plus beau souvenir de ma vie.
Comment imagines-tu ta participation aux Jeux de Paris ? J’ai des papillons dans le ventre. Je vais me battre jusqu’au bout. Chaque manche. Chaque coup de pédale. Je sais que je vais être portée par le public. Lors des championnats du monde à la maison en 2022, j’avais l’impression de voler sur la piste. J’étais intouchable grâce au public.
Ma famille sera également présente, comme pour toute compétition nationale et européenne. Mes proches sont mes premiers supporters. Lors des compétitions, ils mettent des chapeaux blancs, ce qui me permet de les repérer en un clin d’œil. C’est grâce à eux que je peux vivre de ma passion. Ils la méritent bien cette médaille d’or ! Je veux la gagner pour eux.
J’ai aussi envie de montrer aux jeunes qu’ils doivent suivre leurs rêves et croire en eux car personne ne le fera à leur place. Récemment, une petite fille m’a dit qu’elle faisait du cyclisme sur piste et qu’elle adorait. Si mon expérience peut donner envie à des jeunes filles ou à des jeunes femmes d’essayer, de vaincre leurs peurs, alors j’aurais tout gagné.
Pourquoi as-tu décidé d’entrer dans l’armée de champions ? Depuis mes 17 ans, j’ai envie d’intégrer cette grande famille qu’est l’armée de champions. L’armée est la meilleure école pour apprendre la discipline et se nourrir des expériences de chacun. Participer aux Jeux olympiques de Paris sous les couleurs de la BSPP est un honneur ! En tant que sportifs de haut niveau, on est vraiment dans un cocon. Des kinés sont à notre disposition, nos agents sont aux petits soins… Parfois, on en oublierait la réalité. L’armée nous ramène aux valeurs fondamentales : le respect, l’humilité, l’entraide. Nous sommes tous sur un pied d’égalité et avons tous les mêmes difficultés. La cohésion se crée dans ces moments-là !