WEB-SÉRIE JOP 2024 — Les athlètes de la Brigade (ép. 4) : Mathilde Gros

You­na Lan­dron —  — Modi­fiée le 25 juillet 2024 à 09 h 20 

Web-série — Mathilde est l’une des rares athlètes à avoir exercé deux sports à haut niveau : le basket et le cyclisme sur piste. Un changement soudain et inattendu, survenu à l’âge de 14 ans.

à 14 ans, Mathilde était bas­ket­teuse de haut niveau au Pôle Espoirs d’Aix-en-Provence. À 15 ans, elle était en équipe de France de cyclisme sur piste à l’INSEP, à Paris. Com­ment s’est pas­sé le pas­sage du bas­ket au cyclisme ? J’ai pra­ti­qué le bas­ket pen­dant dix ans, de mes quatre à mes qua­torze ans pour deve­nir bas­ket­teuse pro­fes­sion­nelle. Mais, tout ne s’est pas pas­sé comme prévu…

Lors d’un entraî­ne­ment de bas­ket en avril 2014, je suis mon­tée sur un Watt­bike pour m’amuser. Les don­nées étaient impres­sion­nantes pour mon âge, d’autant plus que je ne fai­sais pas de vélo. Mon entraî­neur m’a envoyée à Paris pas­ser les tests de sélec­tion pour l’INSEP puis tout s’est enchaî­né très vite. J’ai ter­mi­né ma sai­son de bas­ket en juin et j’ai inté­gré l’INSEP le 31 août 2014 en cyclisme. Pour moi, l’INSEP, c’était vrai­ment le graal ! Au bas­ket, j’avais du mal à l’atteindre. En cyclisme, on m’a pro­po­sé d’y entrer alors même que je n’avais fait aucun entraî­ne­ment, aucune course. Pour moi, c’était une immense oppor­tu­ni­té de réa­li­ser mon rêve de petite fille : deve­nir cham­pionne olympique.

Com­ment vit-on un tel chan­ge­ment ? C’était com­pli­qué. L’éloignement avec ma famille a été dif­fi­cile à gérer. Par­tir d’Aix-en-Provence pour arri­ver à Paris, c’est bru­tal. L’apprentissage d’un nou­veau sport demande aus­si énor­mé­ment d’efforts. J’ai eu du mal à pas­ser d’un sport col­lec­tif à un sport indi­vi­duel, d’autant plus que j’étais capi­taine de mon équipe de bas­ket. En arri­vant à l’INSEP, j’avais l’impression de ne pas être à ma place. À cela se sont ajou­tées les études. J’ai déci­dé d’entrer en école de com­merce afin d’avoir un bagage pour rebon­dir à la fin de ma car­rière sportive.

Quelle a été ta pre­mière émo­tion lorsque tu es deve­nue cham­pionne du monde en 2022 ? Dès mes débuts, on m’attendait comme la future Féli­cia Bal­lan­ger (ndlr : sprin­teuse fran­çaise triple cham­pionne olym­pique et dix fois cham­pionne du monde de vitesse et du 500 m sur piste entre 1995 et 2000). J’ai reçu tel­le­ment de pres­sion que je ne cou­rais plus pour le plai­sir mais pour la gagne. Les Jeux de Tokyo ont été la plus grande dés­illu­sion de ma car­rière. Je me suis fait éli­mi­ner très tôt. J’ai mis du temps à me relever.

Ce titre de cham­pionne du monde en vitesse indi­vi­duelle a été mon pre­mier titre. À 23 ans, je suis allée le cher­cher, ici, à la mai­son. C’était incroyable. J’en ai encore les larmes aux yeux. Ça a été un sou­la­ge­ment. Ça res­te­ra le plus beau sou­ve­nir de ma vie.

Com­ment ima­gines-tu ta par­ti­ci­pa­tion aux Jeux de Paris ? J’ai des papillons dans le ventre. Je vais me battre jusqu’au bout. Chaque manche. Chaque coup de pédale. Je sais que je vais être por­tée par le public. Lors des cham­pion­nats du monde à la mai­son en 2022, j’avais l’impression de voler sur la piste. J’étais intou­chable grâce au public.

Ma famille sera éga­le­ment pré­sente, comme pour toute com­pé­ti­tion natio­nale et euro­péenne. Mes proches sont mes pre­miers sup­por­ters. Lors des com­pé­ti­tions, ils mettent des cha­peaux blancs, ce qui me per­met de les repé­rer en un clin d’œil. C’est grâce à eux que je peux vivre de ma pas­sion. Ils la méritent bien cette médaille d’or ! Je veux la gagner pour eux.

J’ai aus­si envie de mon­trer aux jeunes qu’ils doivent suivre leurs rêves et croire en eux car per­sonne ne le fera à leur place. Récem­ment, une petite fille m’a dit qu’elle fai­sait du cyclisme sur piste et qu’elle ado­rait. Si mon expé­rience peut don­ner envie à des jeunes filles ou à des jeunes femmes d’essayer, de vaincre leurs peurs, alors j’aurais tout gagné.

Pour­quoi as-tu déci­dé d’entrer dans l’armée de cham­pions ? Depuis mes 17 ans, j’ai envie d’intégrer cette grande famille qu’est l’armée de cham­pions. L’armée est la meilleure école pour apprendre la dis­ci­pline et se nour­rir des expé­riences de cha­cun. Par­ti­ci­per aux Jeux olym­piques de Paris sous les cou­leurs de la BSPP est un hon­neur ! En tant que spor­tifs de haut niveau, on est vrai­ment dans un cocon. Des kinés sont à notre dis­po­si­tion, nos agents sont aux petits soins… Par­fois, on en oublie­rait la réa­li­té. L’armée nous ramène aux valeurs fon­da­men­tales : le res­pect, l’humilité, l’entraide. Nous sommes tous sur un pied d’égalité et avons tous les mêmes dif­fi­cul­tés. La cohé­sion se crée dans ces moments-là !

Photos : SCH Nicholas Bady et CCH Soline Laplace


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