Web-série — A la Brigade, chaque grade correspond à une fonction bien précise. Nous allons, une fois par mois, les explorer au travers de portraits des femmes et des hommes qui les occupent. Pour débuter cette série direction Villeneuve-Saint-Georges à la CCL6.
Expérience et bienveillance à LA CCL6
Le grade d’adjudant-chef impose de réelles capacités managériales. Cette vérité s’éprouve notamment en compagnie de commandement et de logistique (CCL). Pour en découvrir les coulisses, l’adjudant-chef Johnny H. nous ouvre les portes du fort. Rencontre.
Avec son allure volontaire et son regard rieur, l’adjudant-chef Johnny H. arpente l’allée du fort de Villeneuve-Saint-Georges en direction de son bureau. Sur le chemin, plusieurs militaires du rang se pressent vers lui, cherchant conseils et instructions auprès de leur adjudant de compagnie. Pour chacun de ses hommes, le sous-officier garde la même attitude : un mélange bien dosé d’humanité et de fermeté. « C’est ça mon état d’esprit », atteste-t-il.
« J’ai incorporé la brigade de sapeur-pompier en 1995, à l’âge de vingt ans, se remémore Johnny H. Après ma formation initiale, je suis entré au premier groupement d’incendie et de secours dans lequel je suis resté jusqu’en 2012. Depuis 2013, j’évolue au groupement de formation d’instruction et de secours (GFIS). » Pour lui, le grade d’adjudant-chef symbolise un certain aboutissement de sa carrière de pompier de Paris. « Lorsqu’on commence jeune sapeur, gravir les échelons, commander des hommes et atteindre des postes à responsabilité, c’est notre principale ambition, analyse-t-il. Ce grade est l’attestation, la preuve, que certains d’entre nous ont réalisé cet objectif ! Au prix de nombreux efforts et sacrifices, certes, mais en ayant accumulé une riche expérience humaine et professionnelle. »
Les grades d’adjudant et d’adjudant-chef marquent un passage dans le rôle du militaire. « Quand nous sommes chef de garde, nous gérons nos hommes dans une optique principalement opérationnelle, explique-t-il. En devenant chef de centre, nous devons surtout gérer des hommes dans leur globalité. Pour organiser efficacement le service de garde et faire adhérer tous les hommes, le sous-officier supérieur doit les connaître, chacun individuellement. Que ce soit au niveau des contraintes professionnelles ou personnelles. »
UN COORDINATEUR POUR LE FORT
Depuis septembre 2018, l’adjudant-chef Harmance est affecté à la 31e compagnie de commandement et de logistique, au fort de Villeneuve-Saint-Georges. « Mon rôle est un peu particulier puisqu’il est complémentaire de ceux des deux autres adjudants d’unité. Il y a l’adjudant-chef de la première compagnie de formation (CDF1), en charge des jeunes recrues et de leurs formateurs, et l’adjudant-chef de la deuxième compagnie de formation (CDF2), détaille le sous-officier. Ce dernier gère les centres de formation spécialisés : CFSAV, CFI, CFRT et CFEPMS. »
Une grande partie du travail de l’adjudant-chef H. consiste à organiser le service de garde. « J’ai à ma disposition l’ensemble des personnels du fort à l’exception des formateurs et des jeunes recrues, développe-t-il. Au quotidien je dois fournir trois militaires dont un sous-officier pour le poste de veille opérationnelle (PVO). Je prévois cinq personnels d’astreinte pour le véhicule poste de commandement-tactique (PC-TAC) et j’établis le service de garde pour les quinze militaires du rang du groupe ordinaire. Pour les hommes du foyer et de la remise, je laisse aux chefs de groupe le soin d’organiser eux-mêmes leurs équipes. »
La deuxième grande partie du travail d’adjudant-chef de la CCL6 consiste à superviser le service intérieur et ses échéances. « Qu’il s’agisse de l’avancement, du contrôle de la condition physique du militaire (CCPM), de la visite médicale systématique ou des nombreuses cérémonies à assurer au sein du fort, insiste Johnny H. Je gère le service intérieur de toute la compagnie, soit 140 militaires chaque mois, dont l’état-major du GFIS et le service médical. » Certains groupes atypiques comme la Musique de la Brigade dépendent également de l’ADU de la CCL6.
« Bien sûr, les missions propres aux chefs de groupe dans le cadre de la formation sont prioritaires, explique l’adjudant-chef. Mon rôle consiste à remplir mes objectifs tout en laissant une bonne marge de manœuvre pour les autres chefs de groupe. Selon moi, tout est une question de pédagogie et de communication. » À l’avenir, l’adjudant-chef H. souhaite continuer sa carrière dans les ressources humaines « Le contact humain c’est la partie préférée de mon travail et je ne vais pas m’arrêter en si bon chemin ! »
SON ACTION MARQUANTE
Durant la première vague de la Covid-19, toutes les jeunes recrues sont renvoyées chez elles ou ventilées en compagnie. L’adjudant-chef H. doit réorganiser entièrement son service de garde ainsi que le service intérieur, notamment en ce qui concerne l’entretien du fort pour palier ce brutal manque d’effectif.
En parallèle, il arme pendant deux semaines, et quotidiennement, deux VSAV en renfort pour les GIS.
L’INFO EN PLUS
Dans la Marine, le grade d’adjudant-chef n’existe pas. Il est remplacé par celui de maître principal (MP). L’appellation couramment utilisée est « cipal », plus rapide à prononcer !