ADOSSPP et BCP-EH - Des pompiers bien dans leurs vies, bien dans leurs bottes !

allo dix-huit
28 février 2020
sapeur-pompier assis sur intervention

#BrigadeInside – Le métier de sapeur-pompier est une tâche exigeante qui demande une grande disponibilité. Mais parfois les aléas de la vie viennent bouleverser cet équilibre. Le bureau condition du personnel — environnement humain (BCP-EH) est l’un des quatre bureaux de la division des ressources humaines de la Brigade. Dans les moments les plus beaux d’une vie jusqu’aux périodes les plus difficiles à surmonter, le BCP-EH avec l’ADOSSPP représentent le lien indéfectible entre l’institution et le militaire qui sollicite son aide. Une main tendue quelle que soit sa situation…

Myriam Jabal­lah —  — Modi­fiée le 21 juillet 2024 à 21 h 54 

Altruisme, effi­cience, dis­cré­tion. Ces trois mots résonnent dans la tête de chaque sapeur-pom­pier de Paris qui part de chez lui pour enfi­ler l’uniforme avec lequel il vien­dra en aide à la popu­la­tion fran­ci­lienne. Mais com­ment les conser­ver à l’esprit quand lui-même est tour­men­té, inquiet, par­fois anéan­ti par ses propres maux ? Pour le com­man­dant Pierre-Oli­vier Ade­not, chef du BCP-EH, la devise est simple : « Bien dans ta vie, bien dans tes bottes ! ».

Com­po­sé de 30 per­son­nels ayant tous la fibre sociale, ce bureau œuvre chaque jour pour venir en aide à tous les sapeurs-pom­piers de Paris dans le besoin. Mariés, céli­ba­taires, en concu­bi­nage, parents, pro­prié­taires de biens, gra­dés ou non, tous sont poten­tiel­le­ment, un jour, confron­tés aux dif­fi­cul­tés de la vie. Pour les mili­taires du BCP-EH, il est incon­ce­vable qu’un autre mili­taire de la BSPP n’ait pas de quoi faire ses courses en ren­trant à la mai­son ou se retrouve iso­lé après un divorce dou­lou­reux. « Nous sommes pré­sents pour ce qu’il y a de plus cher dans la vie de nos mili­taires : leurs vies d’hommes, de femmes, de citoyens, d’époux, de parents et ce avec toutes les com­plexi­tés qu’une vie de famille peut par­fois com­por­ter » confie avec sin­cé­ri­té le com­man­dant. Dans le contexte d’engagement mas­sif, com­plexe et exi­geant de nos per­son­nels, les familles rem­plissent, il en est convain­cu, un rôle cen­tral en consti­tuant le socle de la vie des sapeurs-pom­piers de Paris. Mal­heu­reu­se­ment, c’est dans sa sphère conju­gale et fami­liale que le sol­dat du feu d’aujourd’hui est le plus tou­ché. Tout comme pour nos cama­rades de l’armée de Terre, la recru­des­cence de divorces et de sépa­ra­tions impacte signi­fi­ca­ti­ve­ment le moral des troupes, avec des pro­cé­dures sou­vent longues et com­pli­quées, notam­ment lorsqu’il y a de jeunes enfants. Pour­tant, il suf­fit par­fois d’une aide finan­cière ou d’un accom­pa­gne­ment juri­dique, voire sim­ple­ment d’une pré­sence bien­veillante, pour remon­ter la pente. A l’écoute, les per­son­nels du BCP-EH sont pour cela à la dis­po­si­tion de tous les pom­piers de Paris afin de trou­ver des solu­tions à des situa­tions sou­vent impac­tantes dans leur quotidien.

22 rue saint mar­tin paris

De nombreuses aides humaines et financières envisageables

Dès l’acceptation de la dif­fi­cul­té ren­con­trée, la pre­mière étape, et non des moindres, est de deman­der de l’aide. Il est par­fois bien dif­fi­cile dans une culture de la dis­cré­tion, très ancrée à la Bri­gade, de pas­ser par sa hié­rar­chie de proxi­mi­té, par­fois même d’en par­ler à ses propres col­lègues. Pour ces rai­sons, il est pos­sible de prendre direc­te­ment ren­dez-vous avec une assis­tante sociale ou encore avec le conseiller fac­teur humain (CFH) de son grou­pe­ment, qui tra­vaillent tous les jours avec le BCP-EH. Les dos­siers sont ensuite étu­diés en toute dis­cré­tion, au cas par cas, par la com­mis­sion de l’action sociale de l’ADOSSPP dont deux membres per­ma­nents appar­tiennent à la sec­tion de l’entraide sociale du bureau. L’ADOSSPP est indé­nia­ble­ment ins­crite dans l’ADN de la BSPP et est le véri­table bras armé social de la Bri­gade (voir page 70). Avec ce sou­tien, cha­cun peut se voir attri­buer l’aide finan­cière, juri­dique ou maté­rielle dont il peut avoir besoin. Des pres­ta­tions aujourd’hui ren­dues pos­sibles à 67 % grâce à l’offrande des

calen­driers, mais éga­le­ment aux coti­sa­tions annuelles des adhé­rents ain­si qu’aux dons faits aux oeuvres sociales. Vient s’ajouter à ce grand panel de prises en charge des « acci­dents de la vie », la sec­tion recon­ver­sion pour tous les mili­taires en droit de béné­fi­cier de ce dis­po­si­tif à la Bri­gade. Cette sec­tion impor­tante au BCP-EH œuvre afin de trou­ver une seconde vie pro­fes­sion­nelle aux sapeurs- pom­piers de Paris qui quittent l’institution. Elle pos­sède des rami­fi­ca­tions dans les grou­pe­ments grâce aux conseillers en tran­si­tion pro­fes­sion­nelle (CTP).

Deux autres sec­tions com­plètent le BCP-EH. La sec­tion envi­ron­ne­ment humain, avec sa cel­lule de sui­vi des bles­sés et des malades (CSBM), suit au jour le jour tous les bles­sés et les malades hos­pi­ta­li­sés ou à domi­cile. La sec­tion concer­ta­tion, ani­mée par le capi­taine Oli­vier Cler­bout, offi­cier concer­ta­tion de la Bri­gade et adjoint au chef du BCP-EH, tra­vaille quant à elle sur le moral et ses indi­ca­teurs. Elle est en contact per­ma­nent avec les conseillers caté­go­riels, les pré­si­dents de caté­go­rie dans les grou­pe­ments, les membres du conseil de la fonc­tion mili­taire Terre (CFMT) ou les membres du conseil supé­rieur de la fonc­tion mili­taire (CSFM). Ensemble, ils ont la volon­té de défendre au mieux les inté­rêts de tous les per­son­nels de la Bri­gade dans un contexte en per­pé­tuelle effer­ves­cence (pen­sions mili­taires de retraites, mutuelles, nou­velles poli­tique de rému­né­ra­tion des mili­taires, plan familles, situa­tions fami­liales à accom­pa­gner, etc.).

sapeur-pompiers de Paris seul
20 rue André Antoine, Paris 18

ITW : Commandant Valérie Lossignol

Soutenir pour « mieux vivre son métier »

Depuis le 1er juillet 2023, le commandant Valérie Lossignol est à la tête du bureau condition du personnel – environnement humain (BCP-EH). Une entité importante dans la vie du sapeur-pompier de Paris. Nous sommes allés à sa rencontre.

Quel est votre regard sur le BCP-EH et va-t-il contri­buer à modi­fier l’orientation du bureau ?
Après avoir été chef du bureau loge­ment pen­dant 3 ans, mon affec­ta­tion à la tête du bureau condi­tion du per­son­nel-envi­ron­ne­ment humain (BCP-EH) était escomp­tée, tant j’ai exer­cé diverses fonc­tions rat­ta­chées à l’environnement humain et dédiées à l’accompagnement des familles. Le regard que je porte sur le BCP-EH est un regard que je qua­li­fie­rais de spé­cia­liste.
Ceci étant, c’est avec beau­coup d’humilité que je prends ce poste tant le bureau est en charge d’un péri­mètre large (condi­tion du per­son­nel, envi­ron­ne­ment humain, concer­ta­tion, accom­pa­gne­ment social et reli­gieux ain­si que de la recon­ver­sion) et les acteurs sont mul­tiples. Mon rôle sera, tel un chef d’orchestre, de mettre en musique tous ces acteurs de l’accompagnement et de mettre en place la meilleure des coor­di­na­tions pour une plus grande efficacité.

Pho­to SCH Nicho­las Bady

Avec une réor­ga­ni­sa­tion au menu ?
Oui, cet été 2023, dans le cadre de la réor­ga­ni­sa­tion de la DIV ORH, la sec­tion recon­ver­sion du BCP-EH se réar­ti­cule. Déjà en charge de la recon­ver­sion dans le sec­teur pri­vé, elle prend éga­le­ment en compte la recon­ver­sion publique. Les conseillers en tran­si­tion pro­fes­sion­nelle (CTP) sont affec­tés dans les grou­pe­ments et l’état-major, contri­buant ain­si à la décen­tra­li­sa­tion des actes de recon­ver­sion. Ma réflexion porte main­te­nant sur la ratio­na­li­sa­tion des mis­sions par sec­teur et le néces­saire par­tage d’expertises des conseillers (fonc­tion publique, emploi des conjoints, VAE, accom­pa­gne­ment des bles­sés, entreprises…).

Quelles vont être vos prio­ri­tés dans cette nou­velle affec­ta­tion ?
Le BCP-EH doit dans cha­cune de ses actions gar­der à l’esprit un objec­tif majeur : per­mettre aux sapeurs-pom­piers de Paris de « mieux vivre son métier ». Mieux vivre son métier, c’est pour­suivre l’amélioration du cadre de vie et offrir des espaces d’échange au tra­vers de la concer­ta­tion. C’est aus­si être à l’écoute du sapeur-pom­pier et sa famille en limi­tant les impacts sur la vie per­son­nelle de l’engagement opé­ra­tion­nel et des muta­tions fré­quentes. C’est éga­le­ment iden­ti­fier, flé­cher et conseiller de la manière la plus adap­tée par le biais des tra­vailleurs sociaux, des aumô­niers, des conseillers fac­teurs humains et des pro­fes­sion­nels de la tran­si­tion pro­fes­sion­nelle. Notre rôle est de per­mettre au sapeur-pom­pier de se libé­rer des contraintes péri­phé­riques qui pour­raient le ralen­tir ou le fra­gi­li­ser dans sa mis­sion prin­ci­pale.
De manière ima­gée, c’est l’aider à « enle­ver le caillou dans la chaus­sure qui l’empêche d’avancer ».

Depuis quelques années, les aspi­ra­tions pro­fes­sion­nelles des jeunes gens ont réel­le­ment évo­lué. Com­ment le BCP-EH peut-il s’adapter ?
Les aspi­ra­tions des jeunes ne cessent d’évoluer et res­ter au plus près de leurs attentes et de leurs besoins, c’est mieux les sou­te­nir. Pour cela, toute la chaîne de concer­ta­tion et les repré­sen­tants caté­go­riels tiennent un rôle pri­mor­dial dans la remon­tée d’informations.
En paral­lèle, plu­sieurs outils sont mis en place : rap­ports sur le moral, enquête socio­lo­gique, ques­tion­naire ADOSSPP… Il est impor­tant que le sapeur-pom­pier y réponde avec le plus grand intérêt.

Vous allez tra­vailler direc­te­ment avec l’ADOSSPP. Quelle est votre per­cep­tion de l’association ?
Il y a quelques années, j’apportais mon exper­tise à l’association sur cer­tains aspects juri­diques. Depuis, l’ADOSSPP s’est déve­lop­pée avec beau­coup de pro­fes­sion­na­lisme tout en gar­dant sa sou­plesse dans l’action. C’est pour moi un levier social per­for­mant et un com­plé­ment indis­pen­sable à l’action du BCP-EH et aux mis­sions des assis­tants sociaux. Nous avons aus­si la chance d’avoir au BCP-EH trois per­sonnes qui sont éga­le­ment admi­nis­tra­teurs de l’association. Si, moi-même, j’ai été nom­mée depuis le 1er juin 2023 secré­taire géné­rale et res­pon­sable de la com­mis­sion d’action sociale, deux autres membres du BCP-EH (capi­taine Le Palec et adju­dant-chef Denoyelle) font éga­le­ment par­tie de cette com­mis­sion. C’est aus­si une force de pou­voir comp­ter sur cette syner­gie. J’ai, à la fois, le regard du ter­rain en étant au cœur de l’institution, au cœur de nos ser­vices et j’ai donc, cette pos­si­bi­li­té, cette chance d’être une force de pro­po­si­tion auprès de l’association.
En tant que relais, il nous appar­tient d’éclairer les membres sur les sujets nou­veaux et pour­quoi pas, de pro­po­ser de nou­velles pres­ta­tions sociales et cultu­relles.
L’ADOSSPP porte une atten­tion sur mesure à ses adhé­rents et per­met ain­si un pro­lon­ge­ment de la poli­tique sociale défi­nie par la Bri­gade. Au tra­vers son sou­tien, elle par­ti­cipe tout comme le BCP-EH au main­tien en condi­tion opé­ra­tion­nelle du per­son­nel et à notre capa­ci­té de résilience.

Pou­vez-vous nous don­ner un exemple ?
En ce moment, nous menons une réflexion sur la paren­ta­li­té de A à Z. En englo­bant les modes de garde d’enfants, en par­tant des crèches, des assis­tantes mater­nelles, de tous les dis­po­si­tifs autour de la petite enfance, mais aus­si l’aide à la ren­trée sco­laire… La paren­ta­li­té, c’est aus­si sou­la­ger le parent face aux besoins de l’enfant et donc lui per­mettre de pra­ti­quer des acti­vi­tés péri­sco­laires, spor­tives et cultu­relles. C’est aus­si per­mettre aux enfants le départ en colo­nies ou en vacances, et la par­ti­ci­pa­tion à des stages scolaires.

Et sur les acci­dents de la vie ?
Le BCP-EH et l’ADOSSPP sont, bien sûr, très atten­tifs à la ges­tion des évè­ne­ments graves. Après une éva­lua­tion sociale et médi­cale, nous pro­po­sons une aide adap­tée au sapeur-pom­pier fai­sant face au décès, à l’accident, à la mala­die ou au han­di­cap. Il s’agit là de la voca­tion même de l’ADOSSPP.

En tant que nou­velle direc­trice délé­guée, quel est votre point de vue sur notre maga­zine ?
Notre maga­zine ALLO 18 est très agréable à lire et il plaît au plus grand nombre. On ima­gine les jeunes pré­fé­rer lire les brèves sur le net ou en numé­rique, mais, pour nombre d’entre eux, ils res­tent très atta­chés au maga­zine de l’association, à ce for­mat papier deve­nu emblé­ma­tique.
Toutes les rubriques apportent quelque chose. ALLO 18 nous informe sur les inno­va­tions, les actions du moment et nous rap­pelle notre patri­moine his­to­rique, notre devoir de mémoire.
C’est un moyen de créer du lien entre les jeunes et les anciens et fina­le­ment de res­ter connec­té à la réa­li­té opérationnelle.

Pro­pos recueillis par Har­ry Couvin

Sur le même sujet : Qu’est ce que l’A­DOSSPP https://allo18.fr/ladosspp-quest-cest/

Pour faire un don à l’A­DOSSPP : https://oeuvresocialepompiersparis.fr/

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1 réaction

Cdt Sébastien LACROIX
7 mars 2020

Bon­jour,

Inter­ven­tion d’ampleur qui force le res­pect et un article qui s’approche du retour d’expérience de par sa pro­fon­deur et sa trans­pa­rence. Mer­ci pour cela.

Tou­te­fois il n’est pas fait spé­ci­fi­que­ment men­tion de maté­riaux en façade qui pro­pa­ge­raient le sinistre comme de l’ITE (iso­la­tion ther­mique par l’extérieur) ou les bal­cons alors que ce point semble fon­da­men­tal en ayant pro­pa­gé le sinistre sur plu­sieurs niveaux et donc géné­ré plu­sieurs feux d’appartement simultanés ?

Mer­ci de votre précision.

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