Les experts BSPP — La section scientifique du Bureau de médecine d’urgence est chargée d’assurer le bon déroulement des recherches cliniques et épidémiologiques au sein de la BSPP, pour le bénéfice des patients de l’appel au 18 – 112 jusqu’à l’hôpital. Découverte.
La section scientifique intégrée au Bureau de médecine d’urgence (BMU) est placée sous l’autorité du Médecin-chef Brigade. Elle constitue une équipe multidisciplinaire qui comprend deux médecins, un infirmier attaché de recherche clinique, un attaché de recherche clinique, une cheffe de projet responsable des affaires règlementaires, un data-ingénieur et un précieux réseau de médecins et infirmiers correspondants au sein des antennes médicales de groupement. Elle participe très largement aux travaux du Centre d’expertise de la mort subite (CEMS) et de son unité d’INSERM (1) collabore avec l’Institut de recherche biomédicale des armées, réalise des études avec le Centre de transfusion sanguine des armées (CTSA) et initie des projets de recherche avec des industriels spécialisés dans les dispositifs médicaux. (2)
Sa mission principale est d’assurer le bon déroulement des recherches cliniques et épidémiologiques au sein de la BSPP, pour le bénéfice des patients. Elle donne un avis technique et scientifique sur la faisabilité des études, élabore les documents nécessaires, fait l’interface entre les différents acteurs de la recherche, veille à l’authenticité des données scientifiques recueillies, s’assure des bonnes pratiques cliniques et soutient la rédaction des rapports d’étude.
Les études réalisées couvrent différents niveaux de prise en charge, allant de la réception de l’appel au 18 – 112, à l’intervention des véhicules de secours et d’assistance aux victimes (VSAV) et des ambulances de réanimation (AR). Outre la traumatologie grave et la régulation médicale, un des principaux thèmes de ces recherches est l’arrêt cardiaque extra-hospitalier, pour lequel la section scientifique contribue à évaluer les différents maillons de la chaîne des secours. La détection de l’arrêt cardiaque au 18 – 112 fait l’objet de recherche depuis 2011, date de mise en route du centre des appels encore actuellement opérationnel. La recherche en collaboration avec d’autres services, notamment, le Bureau opération, a permis de doubler le taux de reconnaissance des arrêts cardiaques en travaillant sur un algorithme de détection des ACR pour les opérateurs.(3) L’évaluation des consignes téléphoniques pour le massage cardiaque externe a également permis une prise en charge plus rapide et efficace des patients en attendant l’arrivée des secours associant depuis plusieurs années massage cardiaque guidé par téléphone, recherche de défibrillateur et envoi de « bons samaritains » en précurseurs des équipes de secours.(4)
Concernant les VSAV, la section scientifique a historiquement géré les données enregistrées par les DSA. L’objectif initial était d’instaurer une « DSA-vigilance » pour identifier et prendre en compte les problèmes liés à l’interface homme-machine. L’algorithme de reconnaissance de la fibrillation ventriculaire, ainsi que les messages délivrés par les DSA, ont été améliorés et raccourcis, réduisant d’autant les temps d’interruption de massage cardiaque externe.(5)
Une autre innovation a été la mise en place d’un nouveau dispositif, “la valve d’impédance thoracique (Resqpod)” sur le masque facial au cours des ACR. L’objectif de ce dispositif est d’améliorer le flux sanguin lors de la réanimation en modulant la pression thoracique et en optimisant le retour veineux vers le cœur, augmentant ainsi les chances de survie du patient.
La section scientifique a également intensifié ses efforts au cours de la pandémie de COVID-19, et sa collaboration avec le CEMS a permis de quantifier le pic d’arrêts cardiaques extra-hospitaliers du printemps 2020 et de fournir les données aux autorités publiques concernées.(6)
L’ensemble des résultats élaborés par la section scientifique sont essentiels pour améliorer les procédures des différents intervenants. Les congrès nationaux et internationaux, tels que le SFMU (Société française de médecine d’urgence), la SFAR (Société française d’anesthésie et de réanimation) et l’ERC (European resuscitation council), offrent une plateforme précieuse pour partager les expériences, débattre des avancées scientifiques et définir les meilleures pratiques. Les publications dans des revues scientifiques telles que Resuscitation et Circulation sont également essentielles pour partager les résultats des études, qui mènent à l’adoption de nouvelles procédures de soins et à la mise à disposition de nouveaux dispositifs médicaux.
De nombreuses perspectives de recherche sur l’arrêt cardiaque restent à explorer. Ainsi, la section participe à la mise en place de tableaux de bord au centre d’appel pour optimiser la prise en charge des arrêts cardiaques. Les tableaux de bord intègrent des indicateurs tels que le temps de détection de l’arrêt cardiaque, la durée du massage cardiaque externe ou le taux de retour de circulation spontanée (RACS) chez les patients. Les technologies d’intelligence artificielle et de reconnaissance vocale seront également explorées prochainement en collaboration avec les autres services de la Brigade. Ces outils pourraient aider les opérateurs à mieux analyser les informations recueillies et à optimiser leurs prises de décision. Enfin, la section scientifique vient d’obtenir la validation d’un protocole scientifique visant à évaluer les pratiques de ventilation au masque facial chez les victimes d’arrêt cardiaque. L’étude devrait être lancée avant l’été dans un certain nombre de centres de secours de la BSPP.
Tous ces projets illustrent l’engagement de la section scientifique et son souci constant d’améliorer la prise en charge des victimes en optimisant les procédures diagnostiques et thérapeutiques pour maximiser les chances de survie et de récupération des patients concernés.
Références bibliographiques
- Marijon E, Bougouin W, Cariou A, Jost D, Carli P, Combes A, et al. Sudden death expertise centre : A multi disciplinary approach for sudden death. Arch Cardiovasc Dis. 2011 Nov;104(11):555 – 7.
- Jost D, Lemoine S, Lemoine F, Derkenne C, Beaume S, Lanoë V, et al. Prehospital Lyophilized Plasma Transfusion for Trauma-Induced Coagulopathy in Patients at Risk for Hemorrhagic Shock : A Randomized Clinical Trial. JAMA Netw Open. 2022 Jul 26;5(7):e2223619 – e2223619.
- Travers S, Jost D, Franchin M, LanoA V, Gillard Y, Lemoine S, et al. Detection of out-of-hospital cardiac arrest and telephone-cardiopulmonary resuscitation advice in a call centre : How to improve our practices ? Resuscitation. 2015 Nov;96:84.
- Derkenne C., Jost D., Thabouillot O., Briche F., Travers S., Frattini B., et al. Improving emergency call detection of Out-of-Hospital Cardiac Arrests in the Greater Paris area : Efficiency of a global system with a new method of detection. Resuscitation. 2020;146:34 – 42.
- Jost D, Degrange H, Verret C, Hersan O, Banville IL, Chapman FW, et al. DEFI 2005 : A Randomized Controlled Trial of the Effect of Automated External Defibrillator Cardiopulmonary Resuscitation Protocol on Outcome From Out-of-Hospital Cardiac Arrest. Circulation. 2010 Apr 13;121(14):1614 – 22.
- Marijon E, Karam N, Jost D, Perrot D, Frattini B, Derkenne C, et al. Out-of-hospital cardiac arrest during the COVID-19 pandemic in Paris, France : a population-based, observational study. Lancet Public Health. 2020 Aug;5(8):e437 – 43.