CHEF D’AGRÈS VSAV (3/​4)— De l’ordre de départ à l’arrivée sur les lieux…

 — Modi­fiée le 22 octobre 2025 à 02 h 37 

Grands formats — Pour que le travail du chef d’agrès VSAV et de son équipe soit efficace, il faut que les indications de l’ordre de départ soient précises et que le stress sur place ne soit pas trop important.

Si le chef d’agrès (CA) VSAV est le COS de la plu­part des inter­ven­tions SSUAP, il y a en réa­li­té avant sa pré­sen­ta­tion un « pre­mier COS ». Celui-ci a déjà pro­cé­dé à une ana­lyse de situa­tion, a déci­dé d’engager des secours d’urgence selon un code motif adap­té avec un volume d’engins pré­dé­ter­mi­né, et a par­fois fait réa­li­ser des gestes d’urgence avec sau­ve­tage de la vic­time avant l’arrivée des secours. Il s’agit de l’opérateur de la salle de trai­te­ment des appels. Une par­tie de ses actions se tra­duit par l’ordre de départ (ODE).

L’ODE consti­tue pour le CA l’ébauche du bilan cir­cons­tan­ciel. Tou­te­fois, il peut com­por­ter un degré impor­tant d’incertitude, car il résulte d’un entre­tien télé­pho­nique entre un requé­rant plus ou moins fiable et com­pré­hen­sible, par­fois pani­qué, et un opé­ra­teur qui enchaine des appels et prend une ving­taine de déci­sions par heure. Le BSP 200.2 pré­cise que le CA véri­fie et com­plète les ren­sei­gne­ments de l’ODE.

Une mission fondamentale du CO :
la détection des détresses vitales

Il est 17h40, quand le CCH Amkhaou décroche un appel en pro­ve­nance d’un bou­lo­drome. Un homme d’environ 50 ans vient de perdre connais­sance et a été mis en PLS. Il pré­sente encore des mou­ve­ments res­pi­ra­toires. Après avoir enga­gé un VSAV, l’opérateur débute une détec­tion d’ACR en appli­quant l’algorithme de détec­tion. En quelques minutes, l’hypothèse d’un ACR est confir­mée et le mas­sage car­diaque est débu­té, gui­dé par l’opérateur. Le chef de table l’informe qu’un DAE est pré­sent sur le site. Un témoin va le cher­cher. Une pre­mière ana­lyse entraine l’administration d’un choc élec­trique externe. Le MCE est repris puis rapi­de­ment stop­pé car la vic­time se réveille à 17h49. C’est un réel sau­ve­tage qui a été effec­tué à dis­tance par le CCH, avant la pré­sen­ta­tion du VSAV arri­vé auprès de la vic­time deux minutes après son réveil.

Mai­tri­ser le stress du requé­rant. Il est impor­tant que l’ODE indique les élé­ments essen­tiels de la situa­tion ou des plaintes du requé­rant car, depuis la mise en place du sac modu­lable, le CA prend le maté­riel néces­saire en fonc­tion des don­nées de l’ODE.
Trai­ter un appel, c’est obéir à une « MGO » : ALLOSEC. Cette stan­dar­di­sa­tion de la prise d’appel, quel que soit le degré d’urgence, en garan­tit l’efficacité. Il s’agit d’Accueillir le requé­rant, de le Lais­ser par­ler suc­cinc­te­ment, avant de le LOca­li­ser, de trou­ver une Solu­tion adap­tée en Envoyant éven­tuel­le­ment les secours s’il s’agit d’une situa­tion urgente ou grave et de Clô­tu­rer l’appel par une véri­fi­ca­tion des infor­ma­tions et par des consignes. Ces dif­fé­rentes étapes s’appuient sur des outils tech­niques spé­ci­fiques (logi­ciels SGA/​SGO et outils de loca­li­sa­tion, arbre d’aide à la déci­sion) mais aus­si sur des connais­sances et des com­pé­tences tech­niques (recher­cher les détresses vitales par télé­phone, gui­der les gestes de sau­ve­garde) et non tech­niques (mai­tri­ser la com­mu­ni­ca­tion, mai­tri­ser le stress du requérant).

Si cet opé­ra­teur est chef d’agrès, il a déjà une mai­trise des connais­sances, ce qui, avec son expé­rience, faci­lite une bonne conscience de situa­tion. Son expé­rience ter­rain lui a déjà don­né des habi­le­tés pour com­mu­ni­quer et par­fois gérer le stress des requé­rants. Il a aus­si un savoir faire dans la prise en charge de vic­times en crise, faci­li­tant son ana­lyse des situa­tions à risque pour les inter­ve­nants et per­met­tant ain­si d’engager le bon niveau de réponse.

texte : médecin de classe exceptionnelle Frédérique Briche, avec le capitaine Pierre Le Pape
photos : sap. de première classe Urvan Carbonnier

QUAND TU M’APPELLES, J’ACCOURS !

Après un passage en compagnie à Nanterre, le caporal-chef Maxence Marais occupe maintenant les fonctions d’opérateur et de chef de table. À la coordination médicale, comme au centre opérationnel, il répond à l’appel !

« Ne quit­tez pas, un opé­ra­teur va vous répondre. » cette douce voix qui rai­sonne dans la tête des chefs d’agrès lorsqu’ils veulent trans­mettre un bilan à la coor­di­na­tion médi­cale. Qui prend le relais ? C’est par­fois le capo­ral-chef Marais !

En poste depuis deux ans à Cham­per­ret, il s’épanouit au quo­ti­dien, jon­glant entre les prises d’appels du centre opé­ra­tion­nel (18/​112) et la coor­di­na­tion médi­cale (prise de bilans).

Contact per­ma­nent. Du côté du centre opé­ra­tion­nel, il assure deux fonc­tions. Celle d’opérateur et celle de chef de table. « Ce n’est pas parce que l’on prend un appel en tant que chef de table que l’on ne doit pas être à l’écoute de nos opé­ra­teurs, » explique le mili­taire du rang. Une double cas­quette qui néces­site d’être par­ti­cu­liè­re­ment concen­tré. Mais ne vous y trom­pez pas : le chef de table prend aus­si des appels. En plus de ça, il conseille les opé­ra­teurs qui répondent au télé­phone à sa table. Quand il est en com­mu­ni­ca­tion avec un requé­rant, à n’importe quel moment, un opé­ra­teur peut le sol­li­ci­ter pour un conseil. Par ailleurs, en cas de déclen­che­ment de l’état-major opé­ra­tion­nel pour une inter­ven­tion d’envergure, le jeune Nor­mand est de la partie.

Non loin de là, à la coor­di­na­tion médi­cale, il occupe la fonc­tion d’opérateur. En contact per­ma­nent avec des chefs d’agrès, son but est de col­lec­ter les infor­ma­tions recueillies lors du bilan. Par la suite, il aguille le chef d’agrès dans la conduite à tenir et en fonc­tion de la gra­vi­té fait appel à un méde­cin. « Si tous les méde­cins sont occu­pés, on peut par­fois, à notre niveau, prendre cer­taines ini­tia­tives dic­tées par l’urgence, puis rendre compte, » confie Maxence. Des res­pon­sa­bi­li­tés de taille, quand on connaît l’importance de l’appel dans la chaîne des secours. Les opé­ra­teurs passent de situa­tions banales à des situa­tions dra­ma­tiques, mais tou­jours avec le même sang-froid.

La ten­sion est pal­pable. Pour en arri­ver là, une for­ma­tion est néces­saire. « La for­ma­tion SIC 4 est très inté­res­sante. Au-delà de deve­nir opé­ra­teur, elle nous amène à prendre une déci­sion toutes les trois minutes et nous place à l’origine de la plu­part des inter­ven­tions de la BSPP » sou­ligne le capo­ral-chef de 25 ans. Des com­pé­tences aux­quelles, selon lui, doivent s’ajouter trois qua­li­tés : « l’empathie, le calme et la rigueur. »

Il faut éga­le­ment faire preuve d’une ima­gi­na­tion sans faille. « On ne voit pas réel­le­ment les situa­tions dans les­quelles se trouvent les vic­times. Que ce soit pour un mas­sage car­diaque ou un feu, la ten­sion est pal­pable. À nous de faire en sorte que la situa­tion n’évolue pas défa­vo­ra­ble­ment et d’accompagner les gens jusqu’à l’arrivée de nos cama­rades sur le ter­rain » poursuit-il.

Ils ne sont pas sur le ter­rain, mais c’est tout comme. Les opé­ra­teurs sont le pre­mier maillon de la chaîne des secours. Face à des situa­tions d’urgences, ce sont eux qui guident les vic­times avant l’arrivée des secours, puis les chefs d’agrès dans la conduite à tenir. « Assure-toi de m’avoir aler­té par les voies les plus rapides et les plus sûres » disait le Géné­ral Casso.


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