GRAND FORMAT — Tenue de feu : de la conception à la confection

Tenue de feu de feu des sapeurs-pompiers de Paris

Grands formats — Veste, sous-vêtement d’intervention et surpantalon, voici ce qui compose aujourd’hui la tenue de feu du sapeur-pompier de Paris. Parfois pointée du doigt pour sa couleur rouge, la nouvelle tenue de feu de la Brigade est aujourd’hui devenue incontournable chez les pompiers de Paris. Allo Dix-Huit vous fait découvrir comment ce nouvel ange gardien est né, de sa conception à sa confection.

La rédac­tion Allo18 —  — Modi­fiée le 21 juillet 2024 à 09 h 49 

Jouer avec le feu

« Nous avons remar­qué, avec le der­nier acci­dent, que les brû­lures repé­rées sur le pom­pier n’étaient pas aus­si pro­fondes que nous aurions pu le craindre. Sa tenue l’a sau­vé. » Avec des flammes attei­gnant plus de 1 000°C et une expo­si­tion au feu d’environ douze secondes, le doc­teur Briche, cheffe de la sec­tion médi­cale secours à vic­time du bureau médi­cal d’urgence, en est convain­cue. Le drame aurait dû être bien plus lourd sans cette nou­velle tenue de feu. Alors d’où vient ce pro­tec­teur contre les cha­leurs extrêmes ?
Tout com­mence en 2015 quand le bureau sou­tien de l’homme (BSH) cherche à renou­ve­ler le parc des tenues tex­tiles et lance un appel d’offres. Autre­fois géré par la socié­té ita­lienne Gras­si, c’est aujourd’hui le groupe SIOEN, une entre­prise basée à Graul­het dans le Tarn, filiale d’un groupe belge, qui rem­porte le lot. Le mar­ché est consé­quent. Au sein de la Bri­gade, le parc tex­tile repré­sente 10 000 tenues de feu, pour un coût d’environ 1,7 mil­lions d’euros pour un seul grou­pe­ment.
« Le cahier des charges était à la base plu­tôt clas­sique. Il n’y avait pas un désir de tout chan­ger de la part de la BSPP, l’idée prin­ci­pale étant d’améliorer la pro­tec­tion et l’image du pom­pier », raconte Jean-Luc Sar­lat, res­pon­sable du mar­ché pom­pier chez SIOEN.
Seule­ment voi­là, SIOEN a dans son sac des nou­veau­tés que la Bri­gade est prête à adopter.

Tenue de feu de feu des sapeurs-pompiers de Paris
75 rue Bousquet

« Un des pro­blèmes ren­con­trés est la cha­leur à l’intérieur de la tenue »

Dr Briche (BSPP)

Pour conce­voir la tenue de feu la plus effi­cace, il faut avant tout connaître ses points de fai­blesse. À l’aide des retours d’expériences (RETEX), le BSH iden­ti­fie les zones les plus tou­chées en inter­ven­tion. « D’abord nous allon­geons la tenue de feu endom­ma­gée sur le sol , explique le com­man­dant Cap­mar­ty, chef du BSH, puis nous obser­vons les par­ties endom­ma­gées. Par exemple pour l’ancienne tenue de feu, on s’est ren­du compte que les genoux étaient trop sou­vent expo­sés ». Avec ces infor­ma­tions pré­cieuses, le BSH cen­tra­lise toutes les remarques et obser­va­tions réa­li­sées sur chaque inter­ven­tion pour éta­blir une liste de points à amé­lio­rer.
Mais ce n’est pas tout. À cela s’ajoute les consta­ta­tions des méde­cins en poste à la Bri­gade : « Nous avons l’épidémiologie de nos brû­lés sur feu et nous repé­rons les zones tou­chées. En regrou­pant les ana­lyses anté­rieures, nous consta­tons par­fois que ce n’est pas la pre­mière fois et qu’il faut peut-être revoir des détails sur les tenues de feu », pré­cise le doc­teur Briche. De son côté, le bureau de san­té et de pré­ven­tion (BSP) va cen­tra­li­ser toutes ses remarques pour les adres­ser au BSH. Une base de don­nées sup­plé­men­taire et cru­ciale pour iden­ti­fier les points de fai­blesse de la tenue de feu des sapeurs-pom­piers de Paris.
Avec toutes ces infor­ma­tions, l’entreprise SIOEN doit être capable de pro­po­ser des solu­tions. Un défis à double tran­chant pour Jean-Luc Sar­lat. « Il faut bien com­prendre que la tenue de feu doit être une pro­tec­tion contre les flammes mais aus­si contre soi-même. Si elle est trop lourde ou trop chaude, on expose les pom­piers à une autre menace “le coup de chaud”. »
« Un des pro­blèmes ren­con­trés est la cha­leur à l’intérieur de la tenue », ajoute le doc­teur Briche. « Quand ils partent à l’attaque pour une durée res­pec­tée, entre l’effort phy­sique, l’ambiance très chaude et la pro­tec­tion de la tenue, la tem­pé­ra­ture du corps aug­mente. Avec la déshy­dra­ta­tion, arrivent les coups de cha­leur. C’est un évé­ne­ment grave avec une mor­ta­li­té impor­tante, c’est pour cela qu’il faut agir vite. Ain­si pré­ven­tion et vigi­lance en inter­ven­tion sont pri­mor­diales. » Le bien-être du pom­pier ne concerne pas seule­ment l’aisance du mou­ve­ment, il concerne aus­si et sur­tout la res­pi­ra­bi­li­té de la tenue.

Tenue de feu de feu des sapeurs-pompiers de Paris
17 rue Pas­teur Nanterre

Des bases solides

Trois points impor­tants sont fina­le­ment ciblés en plus des modi­fi­ca­tions pré­vues.
« Quand nous avons vou­lu chan­ger la cou­leur de la tenue, en pas­sant du bleu au rouge, cela en a sur­pris plus d’un », raconte le res­pon­sable de SIOEN. Au-delà d’une meilleure visi­bi­li­té, la cou­leur rouge assure une meilleure pro­tec­tion face à la cha­leur et notam­ment aux rayon­ne­ments.
« Il ne faut pas négli­ger que cette cou­leur nous a aus­si per­mis de créer une iden­ti­té visuelle forte. Aujourd’hui on nous recon­naît au pre­mier regard », confirme le com­man­dant Cap­mar­ty.
Recon­naître le com­bat­tant du feu par sa cou­leur, mais aus­si par ses bandes réflé­chis­santes. Ini­tia­le­ment com­po­sées de billes de verre, SIOEN pro­pose une alter­na­tive plus effi­cace, des prismes en verre, per­met­tant une réflec­tion de la lumière plus impor­tante. Les bandes rétro-réflé­chis­santes sont désor­mais plus visibles mais légè­re­ment fra­giles. Un par­ti pris assu­mé qui mise avant tout sur la visi­bi­li­té.
Même logique avec le deuxième point éta­bli par SIOEN : l’hygiène de la tenue. La cou­leur rouge a aus­si pour voca­tion de repé­rer plus faci­le­ment une tenue de feu sale. « Avec la cou­leur bleue, on ne remarque pas for­cé­ment la sale­té » éclaire le chef du BSH. « Si cette der­nière, n’est ni iden­ti­fiée, ni trai­tée, cela impacte les capa­ci­tés de la tenue de feu. Avec ce chan­ge­ment de cou­leur, on influe sur l’hygiène et la pro­tec­tion. »
Coup double pour SIOEN qui va plus loin avec son der­nier point à savoir la volon­té de pro­po­ser des tenues de feu aux volumes plus impo­sants. « Nous nous sommes ren­dus compte que les pom­piers de Paris étaient de véri­tables spor­tifs. Alors par­fois, la tenue était trop ser­rée », affirme Jean-Luc Sar­lat.
La tenue de feu com­mence alors à se dis­tin­guer plus clai­re­ment. Trois cou­leurs sont rete­nues, sablée pour le per­son­nel d’exploration longue durée (ELD) et les for­ma­teurs incen­die, rouge pour les grou­pe­ments d’incendie et le tra­di­tion­nel bleu pour le per­son­nel en for­ma­tion et les popu­la­tions par­ti­cu­lières (réser­vistes, volon­taires au ser­vice civique). Pour amé­lio­rer l’ergonomie et le confort, la forme du col est modi­fiée, la taille du pan­ta­lon est rehaus­sée et la veste rac­cour­cie. Des bre­telles amo­vibles sont ajou­tées ain­si que des bour­re­lets espa­ceurs épaule-poi­trine. Quant aux ren­forts rigides du coude, ils sont sup­pri­més. Atten­dues, des genouillères ren­for­cées avec mousse de 9 mm pré­for­mée sont ajou­tées.
Sur le plan fonc­tion­nel, le cein­tu­ron dis­pa­raît avec l’ajout d’une poche tri­coise sur veste ou pan­ta­lon et de poches basses avec souf­flet et acces­sibles avec port ARI. Enfin, des anneaux d’accrochage sont inté­grés sous rabat de poche. Le cein­tu­ron reste dis­po­nible en dota­tion indi­vi­duelle mais ne fait plus par­tie inté­grante de la tenue de feu.
Sur le papier, la tenue de feu paraît opé­ra­tion­nelle. Pour­tant des zones d’ombres en ce qui concerne notam­ment les matières du com­plexage per­durent. Asso­cia­tion de trois couches de maté­riaux dif­fé­rents, le com­plexage consti­tue la matière tex­tile. Sur ces trois couches, seul le tis­su exté­rieur n’est pas encore tota­le­ment défi­ni. Deux solu­tions sont pro­po­sées : le Nomex®3DP et le TWIN SYSTEM®. C’est là que l’expérimentation rentre en jeu.

Tenue de feu de feu des sapeurs-pompiers de Paris

Avec ce chan­ge­ment de cou­leur, on influe sur l’hygiène et la protection.

Jean-Luc Sar­lat (SIOEN)

EXPÉRIMENTATION : La voix de la science

« Avec ces tests auprès des sapeurs-pom­piers de Paris, nous vou­lons avant tout déter­mi­ner si le pom­pier est à l’aise avec la tenue », expose Jean-Luc Sar­lat, « Un pom­pier gêné par sa tenue risque d’être décon­cen­tré et être en dan­ger ».
Après des tests réa­li­sés en labo­ra­toires où sont étu­diées les réac­tions des dif­fé­rentes couches du com­plexage, l’expérimentation sur le ter­rain est pri­mor­diale pour affi­ner cer­tains élé­ments de la tenue de feu. Au sein de la Bri­gade, l’expérimentation a pour objec­tifs prin­ci­paux d’une part d’apprécier les deux dif­fé­rents com­plexages et d’autre part de déter­mi­ner quel niveau de pro­tec­tion ther­mique et méca­nique les deux types de tis­sus iden­ti­fiés peuvent offrir. À cela s’ajoutent les attentes et les retours sur les empla­ce­ments de poches et acces­soires ain­si que les qua­li­tés de confort, d’aisance au por­ter et de mise en lavage.
« Par rap­port aux anciennes tenues, nous avons gar­dé ce qui était ergo­no­mique notam­ment les souf­flets au niveau des genoux. De plus, la veste est plus courte pour pou­voir mieux se tour­ner et le pan­ta­lon, en remon­tant un peu sur le haut du corps, per­met à la veste de moins des­cendre sur les cuisses. » L’adjudant Espe­jo, aujourd’hui rem­pla­cé par l’adjudant Jauze, a cha­peau­té toute la phase d’expérimentation au sein du centre de for­ma­tion de Vil­le­neuve-Saint-Georges. À par­tir d’octobre 2016, plu­sieurs com­pa­gnies d’incendie et de secours (Ivry, Mon­treuil et Issy-les-Mou­li­neaux) et le centre de for­ma­tion de Vil­le­neuve-Saint-Georges ont été mobi­li­sés pour tes­ter dif­fé­rentes tenues aux cou­leurs dif­fé­rentes.
« Pour nous, ce sont de vrais petits labo­ra­toires, pré­cise Jean-Luc Sar­lat. Après leurs RETEX, nous avons com­men­cé à mettre en place toutes nos idées et nos amé­lio­ra­tions. Cela nous a per­mis d’être très exi­geants avec nos four­nis­seurs, au point d’améliorer le rouge pour par­ve­nir à cette teinte écar­late, cou­leur qui n’existait pas à la base. »

Sur place, les repré­sen­tants du BSH et de SIOEN apportent les tenues de feu à tes­ter. Avec des objec­tifs pré­cis, les for­ma­teurs se lancent dans le cais­son. « Nous nous expo­sons aux rayon­ne­ments d’un incen­die pour livrer nos impres­sions. Res­sen­ti de la cha­leur ou pas, à quel moment appa­raissent les pico­te­ments et cela, sur­tout par rap­port à l’ancienne tenue de feu. » Pour l’adjudant Espe­jo, il n’y a pas de doute, cette nou­velle tenue est plus effi­cace que la pré­cé­dente. Au centre de for­ma­tion, deux exer­cices en cais­son sont mis en place, l’un sta­tique, l’autre en réa­li­sant un petit effort avant inser­tion. « En for­ma­tion, nous n’avons pas l’effort avant inter­ven­tion, nous avons donc sur­tout tra­vaillé sur les effets de la chaleur. »

Tenue de feu de feu des sapeurs-pompiers de Paris
59 rue Sadi Car­not — Aubervillers

Nous nous expo­sons aux rayon­ne­ments d’un incen­die pour livrer nos impressions.

ADJ Espe­jo (BSPP)

Une tenue trouée

« Quand les for­ma­teurs sont sor­tis du cais­son, nous avons remar­qué que les escar­billes for­mées par le feu avaient troué la tenue » raconte le com­man­dant Cap­mar­ty. Le pro­blème concerne l’un des tis­sus tes­tés : orga­ni­sé en nid d’abeilles, il était cen­sé pro­té­ger davan­tage. Fina­le­ment, il a été rapi­de­ment écar­té, per­met­tant aux obser­va­teurs de se concen­trer sur d’autres points.
« Nous notons tous les res­sen­tis de chaque for­ma­teur, nous pre­nons des pho­tos, rele­vons les tem­pé­ra­tures des par­ties de la tenue et pesons même les sous-vête­ments d’intervention, avant et après le test pour contrô­ler le niveau de suda­tion », ajoute le com­man­dant du BSH. Sur une grille d’évaluation, les remarques et résul­tats de ces expé­ri­men­ta­tions sont sys­té­ma­ti­que­ment rele­vés. Pour tra­vailler plus effi­ca­ce­ment, cer­taines tenues avaient par exemple des bras au com­plexage dif­fé­rent. « Ils étaient très atten­tifs à nos obser­va­tions, mais sur­tout à notre confort » conclut l’adjudant Espe­jo.
Au fil des tests, la tenue de feu s’oriente vers un idéal réa­li­sable. Arrive alors la fin des expé­ri­men­ta­tions. « La Bri­gade a réa­li­sé un véri­table effort finan­cier. Choi­sir les bons équi­pe­ments pour la meilleure pro­tec­tion, c’était leur objec­tif », explique Jean-Luc Sar­lat. « Le pro­duit final est plus que satis­fai­sant. Nos résul­tats sont hors norme. »
Nou­veau départ pour la Bri­gade, qui compte bien conti­nuer à inno­ver en matière de tenue de feu.

LE SUIVI : Le retour au foyer

Dans sa ver­sion finale, la tenue de feu regroupe les inno­va­tions sou­hai­tées telles que les bour­re­lets espa­ceurs sur la veste, au niveau des épaules et de la poi­trine, et sur le pan­ta­lon, juste au niveau des cuisses. Ther­mi­que­ment stable jusqu’à 250°C avec la créa­tion d’une couche d’air sup­plé­men­taire, la véri­table prouesse tech­nique repose sur le com­plexage en trois couches de la veste, le tis­su exté­rieur, la mem­brane et la dou­blure ther­mique.
Son tis­su exté­rieur, en assem­blage 830 TWIN SQUARE Nomex® com­plexage trois couches 100 % en ara­mide, dis­pose d’une face exté­rieure en ara­mide (Nomex) de cou­leur rouge et une face inté­rieure en para-ara­mide (Twa­ron) de cou­leur jaune. Il peut se modi­fier sous l’effet de la cha­leur en créant une iso­la­tion sup­plé­men­taire d’air recon­nais­sable par la for­ma­tion de petits losanges, don­nant un effet gau­fré. Une pro­tec­tion accrue contre les déchi­rures et les par­ti­cules incan­des­centes est appor­tée avec 85 % de matière face avant ren­for­cé par 15 % de para-amide. Pour mesu­rer l’efficacité du tis­su, il faut huit secondes avec une tem­pé­ra­ture entre 800°C et 1 000°C dans la flamme pour que le Nomex se car­bo­nise et dix à quinze minutes si la tem­pé­ra­ture atteint 427°C.
Une mem­brane en PTFE (Poly­té­tra­fluo­roé­thy­lène) pré­cède le tis­su exté­rieur. Lami­née sur un feutre 3D uni­que­ment en ara­mide, cette bar­rière ther­mique et d’étanchéité limite la péné­tra­tion des liquides et offre une meilleure res­pi­ra­bi­li­té. De plus, elle résiste seule à des tem­pé­ra­tures de 280°C. Asso­ciée au com­plexage, elle peut fondre sous une expo­si­tion de 800°C à 1 000°C pen­dant une durée au moins supé­rieure à douze secondes.

Enfin, une dou­blure ther­mique en ara­mide 3D inno­vante com­plète la pro­tec­tion de la veste. Sous la forme de canaux, elle apporte un gain de confort, amé­liore la sécu­ri­té et réduit le poids de la veste. La dou­blure offre avant tout une iso­la­tion en limi­tant le contact avec la peau et en main­te­nant une couche d’air tout en mini­mi­sant l’accumulation d’humidité.
Le sous-vête­ment d’intervention contri­bue à retar­der le coup de cha­leur et à pro­té­ger d’un contact direct avec la flamme. Il n’a pas subi de modi­fi­ca­tion impor­tante, contrai­re­ment au sur­pan­ta­lon. Tou­jours asso­cié au pan­ta­lon Ker­mel SPF1, il se com­pose d’un tis­su exté­rieur Nomex et d’une bar­rière d’étanchéité lami­née sur dou­blure inté­rieure, consti­tuée de canaux d’air.

C’est une néces­si­té de four­nir à nos pom­piers la meilleure pro­tec­tion possible.

CDT Cap­mar­ty (BSPP)

Une tenue opti­male, effi­cace, mais qui peut encore être amé­lio­rée pour Jean-Luc Sar­lat. « Nous sommes en train de mettre au point une nou­velle ver­sion du tis­su, nous avons aus­si réso­lu un pro­blème sur­ve­nu sur des cas de brû­lures au fes­sier. Et puis, il y a tou­jours cet objec­tif de bien-être ». Cette constante évo­lu­tion et recherche du meilleur pro­duit, l’adjudant Espe­jo le confirme. Il raconte qu’encore aujourd’hui, de nou­velles vestes et sur­pan­ta­lons viennent être tes­tés au centre de for­ma­tion. « Une nou­veau­té par rap­port au début du pro­ces­sus d’expérimentation, ce sont les obser­va­tions phy­sio­lo­giques. Le BSH relève des don­nées car­diaques et res­pi­ra­toires pour amé­lio­rer la res­pi­ra­bi­li­té de la tenue et com­prendre com­ment elle s’adapte à la suda­tion. Les rap­ports de ces tests nous per­mettent aus­si de com­prendre ce que subissent nos corps et ça, c’est un réel plus pour nous. »

Dans la suite de cette évo­lu­tion, le BSH déve­loppe aus­si une tenue de feu adap­tée au per­son­nel fémi­nin, déjà tes­tée au centre d’incendie et de secours de Mon­treuil. Pour le com­man­dant Cap­mar­ty, « nous devrions avoir une idée pré­cise vers la fin de 2019. » Une conti­nui­té qui satis­fait SIOEN et le BSH, mais aus­si les for­ma­teurs. « Les for­ma­teurs sont contents de ce pro­ces­sus d’expérimentation parce que nous nous ren­dons compte que le BSH va jusqu’à la base du pro­blème » expliquent les adju­dants Espe­jo et Jauze. « Ache­ter des tenues de feu sur cata­logue si elles n’ont pas été tes­tées au moins dans une caserne ou sou­mises aux effets d’un incen­die serait com­plè­te­ment aber­rant. Aujourd’hui nous avons la chance d’avoir un BSH proche du ter­rain et c’est en allant vers ces hommes de ter­rain que la Bri­gade va amé­lio­rer leurs équi­pe­ments. »
Mais la tenue de feu n’est pas le seul équi­pe­ment que les pom­piers de Paris uti­lisent. « Nous tra­vaillons sur les autres équi­pe­ments de pro­tec­tion indi­vi­duelle (EPI), confirme le com­man­dant Cap­mar­ty. C’est une néces­si­té de four­nir à nos pom­piers la meilleure pro­tec­tion pos­sible ». Si le BSH a été réel­le­ment le moteur en interne BSPP et auprès des confec­tion­neurs, les résul­tats obte­nus sont issus de l’implication de tous : SIOEN, bureau pla­ni­fi­ca­tion opé­ra­tion­nelle, for­ma­teurs des cais­sons du grou­pe­ment for­ma­tion, divi­sion san­té et bureau pla­ni­fi­ca­tion finances bud­get). Un effort col­lec­tif vers un objec­tif com­mun : pro­té­ger nos sol­dats du feu.

Tenue de feu de feu des sapeurs-pompiers de Paris
ave­nue Kle­ber à Paris

La couleur des tenues

Sablée, rouge ou bleue, les cou­leurs choi­sies par le BSH pour les nou­velles tenues de feu ne sont en aucun cas des effets de mode. Tou­jours dans la recherche d’une meilleure pro­tec­tion, les tests réa­li­sés en labo­ra­toire ont prou­vé que ce chan­ge­ment de cou­leur était néces­saire.
En fonc­tion du type de trans­fert de cha­leur et dans le temps. SIOEN mesure alors le HTI, le temps de mon­tée en tem­pé­ra­ture, de 12°C (HTI 12) ou de 24°C (HTI 24) au niveau de la peau. Pour un trans­fert de cha­leur par flamme, la norme est de treize secondes pour un HTI 24. Les tenues tes­tées atteignent des temps allant de dix-sept secondes (tenue de feu rouge) à vingt secondes maxi­mum (tenue de feu sablée). En ce qui concerne les trans­ferts de cha­leur par rayon­ne­ment, la norme de dix-huit secondes est lar­ge­ment dépas­sée avec des tenues allant de vingt-et-une secondes (tenue de feu bleue) à vingt-trois secondes (tenue de feu rouge). De plus, au fur et à mesure des lavages, le tis­su exté­rieur voit son HTI légè­re­ment aug­men­ter par réac­tion chi­mique. Cela pou­vant aller jusqu’à un gain de deux secondes après vingt-cinq lavages.
Les dif­fé­rences de temps mesu­rées sont de l’ordre de quelques secondes entre la sable, la rouge et la bleue. Mais ces quelques secondes sont impor­tantes car elles aug­mentent le temps de réac­tion du por­teur pour se sous­traire au rayon­ne­ment (temps de fuite). Après obser­va­tion, on sait que la cou­leur sable résiste plus au rayon­ne­ment, sui­vie de près par la cou­leur rouge. La cou­leur bleue est net­te­ment en des­sous des deux autres couleurs.

Tenue de feu de feu des sapeurs-pompiers de Paris
fort de vil­le­neuve saint georges

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Credits

Photos : BSPP

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