HOMMAGE - Colonel Legendre, père du casque F1

Harry Couvin
10 avril 2020
Colonel Legendre, père du casque F1

[tag-adh] La brigade de sapeurs-pompiers de Paris a appris le décès, ce mardi 31 mars, à 86 ans, du colonel Legendre, ancien chef du bureau études et prospectives (BEP) puis chef de corps du 3e groupement d’incendie et de secours. Il a marqué brillamment de son sceau la Brigade notamment dans le rôle prépondérant qu’il a joué dans la création du désormais légendaire casque F1.

La rédac­tion Allo18 —  — Modi­fiée le 21 juillet 2024 à 09 h 52 

Arri­vé en 1975 à la BSPP, il est griè­ve­ment bles­sé à la tête le 7 mars 1979, lors d’une inter­ven­tion pour fuite de gaz sous trot­toir, dans le XVIIe arron­dis­se­ment de Paris. Il y perd un œil et ses bles­sures l’accompagnent jusqu’à ses der­niers ins­tants. De ce trau­ma­tisme est né une véri­table obses­sion : pro­té­ger de manière plus effi­cace la tête des sapeurs-pom­piers de Paris sur intervention.

De cette idée tenace sur­gi­ra cinq ans plus tard une révo­lu­tion : le casque F1 est né. On connaît aujourd’­hui l’im­por­tance que ce for­mi­dable maté­riel de pro­tec­tion a pris dans le quo­ti­dien des sapeurs-pom­piers, tant dans le tra­vail que dans le sym­bole. Désor­mais, le fameux casque F1 est une réfé­rence en France et dans 80 pays dans le monde.

Aujourd’hui, c’est toute la BSPP qui rend hom­mage à l’engagement d’un offi­cier qui a tant don­né pour son pays et la Bri­gade. Toutes nos pen­sées vont vers sa famille.

L’explosion de la place Saint-Ferdinand

Le 7 mars 1979, le LCL Legendre est gra­ve­ment bles­sé sur inter­ven­tion lors d’une explo­sion. Allo 18 relate ce moment fort de l’his­toire de la Brigade.

L’aventure du casque F1

En 1975, le géné­ral Ferauge, com­man­dant la Bri­gade entre­prend de pro­fondes réformes et s’appuie dans ce des­sein, sur une équipe d’officiers dont le lieu­te­nant-colo­nel Legendre, ingé­nieur civil des Mines. Ils sont char­gés en par­ti­cu­lier de trou­ver des solu­tions à cer­tains pro­blèmes de matériel.

Outre cer­taines modi­fi­ca­tions appor­tées dans les équi­pe­ments, le lieu­te­nant-colo­nel Legendre œuvre sur une nou­velle doc­trine d’emploi des lances à mousse pour l’extinction des grands feux d’hydrocarbures. Il éta­blit à ce titre un constat par­ti­cu­liè­re­ment affli­geant sur les équi­pe­ments de pro­tec­tion de tête. Pour lui le casque modèle 33 est loin d’être adap­té. Le pare-feu en grillage dit « Vidal » qui se fixe sur le casque est insuf­fi­sant et d’un usage très com­pli­qué avec l’appareil res­pi­ra­toire. Le lieu­te­nant-colo­nel Legendre sou­haite alors lan­cer une étude sur un nou­veau casque mais la période n’est pas pro­pice à la prise d’une telle déci­sion. Nom­breux sont ceux qui à la Bri­gade res­tent atta­chés au casque modèle 33. L’affaire est, un temps, « enter­rée ».
Gra­ve­ment bles­sé le 7 mars 1979 lors d’une explo­sion de gaz, place Saint Fer­di­nand (XVIIe arron.) le lieu­te­nant-colo­nel Legendre expé­ri­mente dou­lou­reu­se­ment la faible pro­tec­tion qu’offre le casque modèle 33. Pre­nant la direc­tion du Bureau d’Etudes Géné­rales (BEG) en 1981, il relance son pro­jet de conce­voir un nou­veau casque. Il est secon­dé par le capi­taine Ber­si­hand, qui effec­tue­ra la recherche de toutes les normes, les notices, les cahiers des charges ain­si que les infor­ma­tions diverses por­tant sur les pro­tec­tions de têtes quelque soient leur ori­gine ou nationalité.

Le Bureau d’Etudes Géné­rales (BEG) en 1978 avec le LCL Legendre à l’ex­trême gauche

Début 1982, il ren­contre for­tui­te­ment dans les cou­loirs de l’intendance de l’armée de Terre, Adrien Gal­let, ingé­nieur des Arts et Métiers et direc­teur des éta­blis­se­ments Gal­let. Cette ren­contre va don­ner l’essor tant atten­du à son pro­jet et l’étude sera lan­cée la même année. A ce titre, les pre­miers pro­to­types, sur les­quels sera effec­tuée une bat­te­rie d’essais, sont réa­li­sés en poly­uré­thane. Il y aura sept séries de pro­to­types, comp­tant cha­cune plu­sieurs modèles dédiés à dif­fé­rents tests. Fina­le­ment le casque F1 sera mis en ser­vice pro­gres­si­ve­ment dans les uni­tés opé­ra­tion­nelles à par­tir de la fin de l’an­née 1985.
Pour le lieu­te­nant-colo­nel Legendre, le casque F1 « est beau parce que ses fonc­tions appa­raissent, parce que tout n’est que conti­nui­té et uti­li­té dans ses formes, parce qu’il est un outil par­fait de pro­tec­tion au ser­vice de l’homme et que cela se voit ». Il ajoute même que « C’est le pre­mier équi­pe­ment de tête véri­ta­ble­ment réa­li­sé sur des bases scien­ti­fiques, inté­grant toutes les pro­tec­tions ». En effet, le casque F1 est une révo­lu­tion. Seul casque de pom­pier semi-inté­gral, il repré­sente le nec plus ultra en matière de pro­tec­tion contre les chocs, le rayon­ne­ment et les pro­jec­tions. De plus, l’équipement res­pi­ra­toire adap­table au casque est une inno­va­tion per­met­tant une grande faci­li­té d’utilisation, tout en assu­rant une meilleure étanchéité.

Des­sin tech­nique de A.Gallet (23 juillet 1982) © BSPP — BCOM

Le colonel Legendre avant la Brigade

Voi­ci quelques grandes dates de la vie du colo­nel pré­ci­sées par sa fille Caroline.

7 février 1934.Nais­sance de Jacques Legendre à Rouen

8 mai 1945.A 11 ans, il vit la libé­ra­tion de la France et débute alors une sco­la­ri­té normale.

7 octobre 1953. Après son Bac, il prend la direc­tion de Nîmes pour l’école des sous-offi­ciers de l’artillerie anti-aérienne.

1954. Il rentre au pelo­ton des élèves offi­ciers de réserve (EOR).

2 décembre 1954. Il est affec­té au 6e régi­ment d’artillerie colo­niale (6e RAC) en Afrique

Occi­den­tale Fran­çaise (AOF), débarque à Dakar.

Octobre 1956. Il rentre à l’école de Stras­bourg en pré­pa­ra­tion au concours de Saint Cyr.

Juin 1958.Il sort de Saint Cyr et est affec­té à Châ­lons-sur-Marne à l’école d’application de l’artillerie.

21 jan­vier 1960. Il embarque à Mar­seille, direc­tion Oran,

2 novembre 1961. Il doit rejoindre Offen­burg en Alle­magne aux FFA, il for­me­ra le 11e RAB (Régi­ment d’Artillerie de Brigade).

1965 – 1966. Il pas­se­ra par l’école supé­rieure du Génie à Ver­sailles et obtien­dra son diplôme d’ingénieur des tra­vaux publics. 2e de sa pro­mo d’ingénieur de l’école supé­rieure du Génie. Il est admis direc­te­ment en 2e année à l’école des Mines de Nancy.

Le capi­taine Legendre est muté à Angers (EAG) pour com­man­der la divi­sion de for­ma­tion des élèves sous-offi­ciers d’active.

Été 1970. Direc­tion Paris où il ter­mi­ne­ra son Bre­vet tech­nique, en sui­vant les cours à l’école d’état-major et de l’école de Guerre.

1971. Il est affec­té à la direc­tion des tra­vaux du Génie de Paris pour occu­per un poste d’Architecte. Il tra­vaille alors sur les tra­vaux de réno­va­tion de l’hôpital Bégin et sur le pro­jet du nou­vel hôpi­tal du Val-de-Grâce.

1er sep­tembre 1975. Il rejoint la bri­gade de sapeurs-pom­piers de Paris.

Prise de com­man­de­ment du 3e Grou­pe­ment dans Allo 18

Dans quelques semaines, vous pour­rez retrou­ver un grand for­mat sur le casque F1, de sa concep­tion à sa fabrication.

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Credits

Photos et illustrations : BSPP et DR

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6 réactions

VIEL
10 avril 2020

Un sol­dat d honneur

Paulin Vagny
11 avril 2020

Res­pect pour cet homme qui consa­cre­ra sa pro­fes­sion à son pays et qui a réa­li­sé un des plus grand maté­riel à l’i­mage du pom­pier moderne, bra­vo Monsieur.

Paulin Vagny
11 avril 2020

Res­pect pour cet homme qui consa­cre­ra sa pro­fes­sion à son pays et qui a réa­li­sé un des plus grand maté­riel à l’i­mage du pom­pier moderne, bra­vo Monsieur.

Mat 59836 bertrand
11 avril 2020

Bra­vo à ce grand per­son­nage qui a sau­ver et sau­ve­ra encore des vies grâce au f1 pour sa pro­tec­tion de ses hommes et femmes qui partent au fronds chaque jour merci

LIDON georges
17 avril 2020

L’é­ga­li­té pour tous est de mou­rir, pour­tant cer­tains font plus de peine à voir partir.
Mer­ci mon Colo­nel pour votre cou­rage et votre enga­ge­ment dans la pro­tec­tion des Pom­piers de Paris que nous étions. Condo­léances à votre famille.

APEL 32671
14 mai 2020

Mer­ci mon colo­nel fai­sant par­ti des J1 en1978 vous nous avez fait tou­jours confiance résul­tat :une grande place a res­pon­sa­bi­li­té apres mes années de bri­gade auprés d’une com­pa­gnie pétroliere.

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