JOP — ROGER FRANÇOIS, pompier et champion olympique

Damien Gre­nèche —  — Modi­fiée le 25 juillet 2024 à 06 h 11 

Histoire — Originaire de Romans-sur-Isère (26), le jeune Roger décide de partir à Paris pour faire son service militaire. Il intègre le Régiment de sapeurs-pompiers le 4 janvier 1919 et se voit affecté à la 7ᵉ compagnie. Haltérophile, il va briller dans ce sport dans les années 20 et être sacré champion olympique en 1928. Un récit inédit d’un champion olympique oublié, mais également celui d’une longue carrière de 30 années de bottes.

Petit (1m68), mais doté d’une mus­cu­la­ture excep­tion­nelle, Roger Fran­çois impres­sionne déjà ses cama­rades de la rue Blanche par sa puis­sance phy­sique. Nom­mé moni­teur de gym­nas­tique en 1920, il ter­mine onzième au chal­lenge Lebrun, attes­tant éga­le­ment d’une redou­table sou­plesse. Ath­lète aty­pique, il rejoint la Socié­té ath­lé­tique Mont­mar­troise (SAM), le club pari­sien dédié aux sports de force depuis 1898. Dans cette pépi­nière de cham­pions, il pra­tique l’haltérophilie et fré­quente les plus grands colosses fran­çais comme Ernest Cadine, Charles Rigou­lot ou encore Hen­ri Gance, tous cham­pions olympiques.

En 1922, alors jeune capo­ral de 20 ans, il devient cham­pion du monde, puis il confisque le titre de cham­pion de France pen­dant cinq années (1922 à 1926) dans la caté­go­rie des poids moyens. Mal­gré sa déce­vante sixième place aux olym­piades pari­siennes de 1924, il entame une pro­gres­sion ful­gu­rante. En 1927, il bat le record du monde du “déve­lop­pé à deux bras” (87 kg 500), puis en février 1928, lors du cham­pion­nat de Paris, il sou­lève 103 kg 500 et pul­vé­rise son propre record. C’est donc natu­rel­le­ment qu’il arrache la vic­toire aux Jeux olym­piques d’Amsterdam, la même année. Au som­met de sa forme, il ajoute à son pal­ma­rès la troi­sième place du prix d’honneur des sous-offi­ciers au chal­lenge Lebrun.

Pom­pier avant tout. Son ascen­sion est à double sens puisqu’il grimpe vite à l’avancement : capo­ral en 1920, capo­ral-chef en 1921, ser­gent en 1922 puis ser­gent-chef en 1928. Muté à la 2e com­pa­gnie, il occupe la fonc­tion de sous-chef de poste au CS Natio­nale. Le 31 juillet 1929,
il s’illustre en tant que chef de garde lors de l’incendie du chan­tier du métro de la place d’Italie. Roger est féli­ci­té pour son effi­ca­ci­té et son exem­pla­ri­té par l’attribution d’une médaille d’honneur bronze pour acte de courage.

Déci­dé d’aller à l’avancement, il est nom­mé adju­dant d’unité à la 9ᵉ com­pa­gnie en 1932 tout en menant sa vie spor­tive en paral­lèle. Après avoir échoué au pied des marches du podium des JO de 1932 (4ᵉ), il bat deux records de France l’année sui­vante : “déve­lop­pé droite” (52 kg) et “déve­lop­pé gauche” (46 kg 500) sous les yeux du lieu­te­nant-colo­nel Bar­rière et des capi­taines Char­rat (9e cie) et Ragaine (offi­cier des sports). Pour l’ensemble des titres et records rem­por­tés, il se voit décer­ner la médaille argent de l’éducation phy­sique (1933) puis la médaille or (1936).

Pom­pier et mili­taire expé­ri­men­té, il est pro­mu au grade d’adjudant-chef en 1937. Cette même année, la médaille mili­taire est agra­fée sur sa poi­trine. Pen­dant la guerre, il occupe la fonc­tion de chef du caser­ne­ment au sein de la com­pa­gnie hors-rang (CHR). Carac­té­ri­sé de « vieux ser­vi­teur, droit et loyal » par le colo­nel Féger lors de sa nota­tion en 1945, Roger Fran­çois intègre le corps des offi­ciers et achève sa car­rière en tant que lieu­te­nant, adjoint au chef des ser­vices tech­niques jusqu’à son décès pré­ma­tu­ré, le 15 février 1949, à l’âge de 48 ans à la caserne Cham­per­ret. Il repose au cime­tière pari­sien de Saint-Ouen (93)

Texte : LTN Damien Grenèche, photos : BSPP


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