Perspectives – Quinze ans après leur sortie d’école, des saint-cyriens témoignent pour la jeunesse. Parmi eux, le chef de bataillon Nicolas Belain des sapeurs-pompier de Paris.

« La confron­ta­tion tra­gique à la mort rythme, à inten­si­té variable, la vie de nos sol­dats du feu, qui sont avant tout sol­dats de la vie » : le contexte éta­bli par le chef du bataillon Nico­las Belain des sapeurs-pom­piers de Paris est uni­voque, le constat clair­voyant. Dans le cha­pitre inti­tu­lé « Confron­ta­tion à la mort : se pré­pa­rer à toutes les hypo­thèses pour assu­rer plei­ne­ment son rôle de chef », in Du sens et de l’action, « paroles de saint-cyriens » (édi­tions Pierre de Taillac — 2023 — 22,90 €), cet offi­cier du génie nous révèle son expé­rience du deuil et plus géné­ri­que­ment de la mort, aléas du métier de sapeur-pompier.

Chaque inter­ven­tion qui touche à la vie humaine, même si elle se déroule par­fai­te­ment d’un point de vue tech­nique, est lourde de consé­quences d’un point de vue psy­cho­lo­gique pour les pom­piers. Per­sonne ne peut y échap­per, même les plus aguer­ris. Les réac­tions peuvent revê­tir dif­fé­rentes formes : ten­sion, culpa­bi­li­té, stress, choc, chan­ge­ment d’attitude voire indif­fé­rence totale. Cha­cun réagit per­son­nel­le­ment en fonc­tion de sa sen­si­bi­li­té et de son his­toire per­son­nelle. Le rôle du chef — en qui ses hommes placent indé­fec­ti­ble­ment confiance et témé­ri­té — est d’adapter son dis­cours afin d’assurer un retour à l’équilibre et de dépas­ser ce sen­ti­ment d’échec. Ces deux élé­ments sont déci­sifs car garants de l’efficacité opérationnelle.

Affron­ter la mort pour sau­ver des vies, tel est le quo­ti­dien des sapeurs-pom­piers de Paris qui ont à cœur d’honorer leur émi­nente devise « sau­ver ou périr »…