PORTRAIT - L'homme du pète au casque

Raphaël Orlando
3 février 2025
Har­ry Cou­vin —  — Modi­fiée le 13 février 2025 à 15 h 30 

#BrigadeInside – À la Brigade, il y a beaucoup de fonctions rares et originales, celle du caporal Saint-Chely est parmi les plus méconnues. Découvrons ensemble de quoi il s’agit.

Le capo­ral Sébas­tien Saint-Che­ly est un sapeur-pom­pier heu­reux. Ça se voit au pre­mier coup d’œil. Il est très fier de nous accueillir dans son nou­vel antre situé dans une alcôve du bâti­ment du GSS de l’école des sapeurs-pom­piers de Paris à Limeil. Le capo­ral Sébas­tien Saint-Che­ly est un pom­pier indis­pen­sable, car quand il y a un pète au casque, il inter­vient. S’il y en a qui bossent, Sébas­tien débosse. Il débosse les casques de tra­di­tion, qui servent lors de toutes les céré­mo­nies de la Bri­gade. Il est d’ailleurs pré­sent à cha­cune d’entre elles pour équi­per les pom­piers en parade. « Je prends tou­jours quelques casques sup­plé­men­taires, car je sais qu’au der­nier moment, il peut y avoir soit un casque qui se dété­riore, soit du per­son­nel sup­plé­men­taire non pré­vu au départ. »

Casques, haches et plas­trons. Le capo­ral est arri­vé dans cette fonc­tion un peu par hasard après avoir rou­lé sa « bosse » de la 14e à la 7e com­pa­gnie et de Vil­le­neuve à Limeil en pas­sant par Mas­sé­na. Après avoir com­men­cé dans un bureau, assez peu adap­té au manie­ment des outils, il a enfin un lieu « digne de ce nom » pour entretenir les vieux casques, qui souffrent autant du maniement par­fois peu scru­pu­leux que tout sim­ple­ment de l’usure du temps. Dans ce bureau où flottent quelques notes de jazz et de soul music, il conserve 360 casques « non-refaits » et 120 en état de « ser­vice ». Mais pas seule­ment, car il doit gérer, éga­le­ment, tous les effets de tra­di­tion, les cein­tu­rons, les haches et les plastrons.

S’IL Y EN A QUI BOSSENT, SÉBASTIEN DÉBOSSE…

« Chaque casque est dif­fé­rent. La forme n’est jamais tout à fait la même. Il faut savoir impro­vi­ser. » Pour par­ve­nir à un tel degré de pré­ci­sion, il a com­men­cé par un stage d’une semaine aux ate­liers de la Garde répu­bli­caine, nec plus ultra en la matière. « En regar­dant leurs casques où tous les élé­ments sont confec­tion­nés à la main, on com­prend tout de suite que l’on a à faire à des orfèvres du métier. J’ai tout appris à leur contact. »

La com­mande du géné­ral. S’il confesse son côté bri­co­leur, la minu­tie et la patience sont de mise dans cette fonc­tion peu connue, mais ultra-impor­tante dans le rayon­ne­ment de la Bri­gade lors des grandes céré­mo­nies comme le défi­lé du 14 juillet. D’ailleurs, le commandement a pris la mesure de l’impact, puisque le géné­ral a lui-même fait accé­lé­rer la com­mande d’une machine spé­ciale pour faci­li­ter le tra­vail du capo­ral Saint-Che­ly.
Mais la car­rière du débos­se­leur à la Bri­gade touche à sa fin et il sou­haite par­tir en pro­vince pour pour­suivre de nou­velles aven­tures pro­fes­sion­nelles. « C’est un poste très sym­pa, nous confie-t-il. En ce moment, je suis en train de le struc­tu­rer pour que ceux qui vont me suc­cé­der bien­tôt soient dans les meilleures condi­tions de travail. »

Éta­bli du capo­ral Saint-Chely

Il ne manque plus grand-chose pour que cette petite enti­té soit au top. Le maté­riel et l’outillage sont en place, le local va bien­tôt dis­po­ser de nou­velles éta­gères lumineuses pour mettre les casques en valeur, reste maintenant à accueillir de nou­veaux débos­se­leurs. « C’est un job qui demande, outre de l’adresse manuelle, d’avoir un bon sens de l’organisation pour pré­pa­rer les céré­mo­nies. Il faut aus­si savoir impro­vi­ser par­fois… » Il avoue que lors des
céré­mo­nies, il peut par­fois être un peu diri­giste dans le manie­ment de ses « pro­té­gés ». « Cer­tains ne se rendent pas compte qu’un casque endom­ma­gé peut me deman­der plus de 20 heures de tra­vail pour le récu­pé­rer. » Pour retrou­ver son calme, notre débos­se­leur a l’habitude de mettre ses chaus­sures de ran­don­née et de par­tir seul dans la cam­pagne ou battre les sen­tiers de mon­tagne. « C’est vrai­ment comme ça que je décom­presse, nous dit l’artiste. Seul au milieu de la nature, je retrouve toute ma sérénité. »

LORS DES CÉRÉMONIES, IL PEUT PARFOIS ÊTRE UN PEU DIRIGISTE DANS LE MANIEMENT DE SES « PROTÉGÉS »

Le capo­ral Saint-Che­ly est un pom­pier heu­reux et ça se voit encore plus lorsqu’il nous raconte qu’il a deman­dé sa femme en mariage, lors d’un défi­lé du 14 juillet au milieu de ses casques préférés.

Photos : CCH Francois-Julien Léonetti


À LIRE AUSSI…


share Partager

0 réaction

Votre réaction
Nom
Adresse de messagerie
Site internet

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.