UN GRADE, UNE FONCTION (12) — officier supérieur de garde

Harry Couvin
3 février 2022
Maxime Gri­maud —  — Modi­fiée le 25 juillet 2024 à 08 h 45 

[tag-adh] Au plus haut niveau du Commandant des Opérations de Secours (COS), l’Officier Supérieur de Garde (OSG) constitue un des derniers acteurs du commandement face aux situations d’exception. Le lieutenant-colonel Frédéric Leborgne nous dévoile les rouages de cette fonction. Rendez-vous au sommet de la pyramide !

Force tran­quille et sens aigu des res­pon­sa­bi­li­tés se dégagent natu­rel­le­ment du lieu­te­nant-colo­nel Fré­dé­ric Leborgne. Pour lui, la Bri­gade était une évi­dence ! « J’ai tou­jours été pas­sion­né par le métier et ses valeurs. De nom­breux membres de ma famille sont pas­sés par la BSPP ou sont deve­nus pom­piers pro­fes­sion­nels » raconte-t-il avec enthousiasme.

En bon fils de mili­taire, Fré­dé­ric intègre l’école mili­taire de Saint-Cyr en 2001 après ses années d’hypokhâgne et de khâgne. Son objec­tif est déjà très clair : obte­nir les meilleurs résul­tats afin d’intégrer la BSPP. S’il doit rejoindre dans un pre­mier temps le 1er régi­ment du génie, son rêve se réa­lise enfin en 2006 après ses tests de sélec­tion. Une fois la for­ma­tion ini­tiale des offi­ciers (FIO) réus­sie, le jeune lieu­te­nant entame son par­cours de pom­pier à Saint-Maur-des-Fos­sés (94) puis à Cré­teil où il reste cinq ans en qua­li­té d’adjoint, puis de com­man­dant d’unité. Déjà un bel accom­plis­se­ment ! Pour­tant, le mili­taire ne s’arrête pas en si bon che­min. Après son temps de com­man­de­ment au cours duquel il prend dix-sept fois le com­man­de­ment des opé­ra­tions de secours (COS) sur inter­ven­tion, il rejoint le centre opé­ra­tion­nel de ges­tion inter­mi­nis­té­rielle des crises (COGIC). Paral­lè­le­ment, il réus­sit le concours de l’École de Guerre. Ce suc­cès lui per­met d’occuper la fonc­tion de chef de la pla­ni­fi­ca­tion et des opé­ra­tions et celle de chef CO au COGIC. « Ce poste, en prise directe avec les plus hautes auto­ri­tés de l’Etat, m’a per­mis de conduire ou de coor­don­ner plus de 300 crises majeures de sécu­ri­té civile au niveau natio­nal, euro­péen et inter­na­tio­nal. Avec le recul, je mesure aujourd’hui la richesse de notre sys­tème de sécu­ri­té civile que beau­coup nous envient. » Ses inter­ven­tions les plus mar­quantes ? L’ouragan Irma, les crashs de la Ger­man­wings et d’Air Algé­rie, le séisme de 2015 au Népal ou les cam­pagnes « feux » de forêts esti­vales par­ti­cu­liè­re­ment com­plexes, notam­ment sur l’année 2017. Après cinq années pas­sées au COGIC, le lieu­te­nant-colo­nel Leborgne intègre l’École de Guerre Terre puis l’École de Guerre et devient, à sa sor­tie, le chef du bureau opé­ra­tions ins­truc­tion (BOI) au deuxième grou­pe­ment d’incendies et de secours.

LE STAGE COS/​DSM, UN ABOUTISSEMENT
En 2020, le lieu­te­nant-colo­nel réa­lise le stage COS pour deve­nir offi­cier supé­rieur de garde grou­pe­ment (OSG). En d’autres termes, atteindre l’ultime éche­lon de com­man­de­ment sur inter­ven­tion. « Cette qua­li­fi­ca­tion repose sur cinq semaines de for­ma­tion au cours des­quelles les offi­ciers se pré­parent à com­man­der dans des situa­tions d’exception ou à faire face à des cas non-conformes. Celle-ci n’offre pas de solu­tions toutes faites ou de sché­mas pré-éta­blis mais elle force le rai­son­ne­ment tac­tique, impo­sant des prises de déci­sion dans l’urgence fon­dées sur une stra­té­gie opé­ra­tion­nelle ». À ce stade, les sta­giaires déjà expé­ri­men­tés enri­chissent leurs capa­ci­tés d’adaptation au tra­vers de RETEX, d’expertises ou d’échanges à haut niveau. Sur­tout, ils s’exercent sur de nom­breux cas concrets recen­sés en France ou à l’international à par­tir d’exercices sur table ou réa­li­sés en réel au cœur de Paris. Bien évi­dem­ment, la richesse de cette for­ma­tion repose sur l’intégration des direc­teurs des secours médi­caux (DSM), d’officiers sapeurs-pom­piers en pro­ve­nance de pays étran­gers et de ser­vices publics. Notam­ment la police, le SAMU, les asso­cia­tions agréées de sécu­ri­té civile, les struc­tures hos­pi­ta­lières, le labo­ra­toire cen­tral de la pré­fec­ture de police, etc. Depuis sa réus­site au stage COS, le lieu­te­nant-colo­nel assure des gardes en qua­li­té d’OSG au 2e grou­pe­ment. Aux côtés du chef de corps et de son adjoint, il prend à son compte cinq gardes par mois en plus des remplacements.

COMMANDANT DES OPÉRATIONS DE SECOURS SUR INTERVENTION
Les rai­sons pous­sant l’OSG à se rendre sur inter­ven­tion sont variables : volumes d’engins deman­dé, nature des mes­sages radio lais­sant pré­sa­ger une situa­tion com­plexe ou encore contact direct avec l’OGC. « Dans un pre­mier temps, nous pou­vons agir en qua­li­té de conseiller auprès du COS. Dès lors que l’OSG com­mence à prendre beau­coup d’initiatives, c’est signe qu’il doit prendre le com­man­de­ment des opé­ra­tions de secours » détaille l’officier supérieur.

Ce pas­sage de relais s’exécute bien sou­vent pour assu­rer la prise en compte de situa­tions com­plexes dont les enjeux et impacts dépassent l’événement. Concrè­te­ment, l’OGC est for­mé pour assu­rer la lutte directe d’un sinistre. Il est en revanche plus dif­fi­cile pour lui d’intégrer dans sa manœuvre l’ensemble des consé­quences directes et indi­rectes en résul­tant. En endos­sant la fonc­tion de COS, l’OSG prend alors davan­tage de recul et construit une idée de manœuvre qui intègre de nom­breux acteurs civils et mili­taires agis­sant simul­ta­né­ment sous un com­man­de­ment unique. Il place alors l’OGC dans la fonc­tion de direc­teur des secours incen­die et sau­ve­tage (DSIS) pour coor­don­ner les actions de lutte contre le sinistre. Le DSM assure, quant à lui, la prise en charge des nom­breuses vic­times. Enfin, en fonc­tion des besoins et de la manœuvre sou­hai­tée, des sec­teurs plus spé­cia­li­sés, des­ti­nés à faci­li­ter l’action des secours, peuvent être envi­sa­gés. La force de l’OSG repose donc essen­tiel­le­ment sur sa capa­ci­té à englo­ber, dans une manœuvre d’ensemble, les forces vives du secours et les acteurs agis­sant en par­faite syner­gie dans des délais contraints.

En atten­dant de prendre le COS sur une inter­ven­tion majeure, le lieu­te­nant-colo­nel Leborgne assure la pré­pa­ra­tion opé­ra­tion­nelle et l’évaluation des 24 centres de secours dont il a la res­pon­sa­bi­li­té. Fait ori­gi­nal, ce père de deux enfants est aus­si marié à une offi­cier sapeur-pom­pier pro­fes­sion­nelle affec­tée à la DGSCGC. « Nos dis­cus­sions tournent effec­ti­ve­ment par­fois autour du tra­vail. C’est ce qui me per­met de gar­der les pieds sur terre et d’être meilleur au quo­ti­dien, confie-il avec humour. C’est une pas­sion en com­mun qui ne nous quit­te­ra sans doute jamais ! »

L’INFO EN PLUS

L’École de Guerre pré­pare les meilleurs offi­ciers supé­rieurs des armées fran­çaises, amies et alliées à deve­nir les chefs mili­taires de demain. Chaque année 150 à 200 offi­ciers supé­rieurs la rejoignent au terme d’un pro­ces­sus par­ti­cu­liè­re­ment sélectif.

Lors des inter­ven­tions impor­tantes, l’of­fi­cier supé­rieur de garde (OSG) “prend alors davan­tage de recul et construit une idée de manœuvre qui intègre de nom­breux acteurs civils et mili­taires”.

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