UN POMPIER, UN CS — Romain au CS Bondy

Raphaël Orlando
30 novembre 2025
Raphaël Orlan­do —  — Modi­fiée le 27 novembre 2025 à 11 h 42 

Web-série – Situé au cœur d’un secteur très sollicité du 93, le centre de secours Bondy repose sur une cohésion quotidienne et une solidarité bien ancrée. Romain nous décrit un fonctionnement simple, humain, fait de petits gestes et d’habitudes qui soudent tout le CS.

Bon­jour Romain, pour­rais-tu te présenter ?

Bon­jour, je suis le capo­ral-chef Condi Romain. J’ai actuel­le­ment 11 ans et demi de ser­vice à la BSPP. J’ai com­men­cé ma car­rière au centre de secours Pan­tin, où je suis res­té huit ans. J’y ai débu­té comme sapeur, avant de pas­ser trois ans à la remise, puis d’évoluer au grade de capo­ral et enfin capo­ral-chef. Je suis désor­mais affec­té au CS Bon­dy depuis trois ans et demi.

Côté per­son­nel, cela fait main­te­nant quatre ans que je me suis ins­tal­lé en région pari­sienne. C’est un vrai plus, car je suis ori­gi­naire du plus petit dépar­te­ment de France, la Lozère, et les allers-retours étaient à chaque fois un vrai périple.

Je suis pas­sion­né de rug­by — même si je n’en fais plus — et je suis éga­le­ment le foot­ball, avec un sou­tien par­ti­cu­lier pour le Paris Saint-Germain.

Quel est le pre­mier aspect posi­tif qui te vient en tête en pen­sant à ce CS ?

Je pense immé­dia­te­ment à l’entraide : ici, tous grades confon­dus, on s’aide les uns les autres. Ce sont plein de petites choses que l’on a mises en place. On fait les TIG ensemble, la plonge aus­si, et ce tous les jours. Ce sont des détails, mais cela per­met à nos plus jeunes d’être moins épui­sés, d’avoir plus de temps pour révi­ser et manœuvrer.

On a aus­si nos habi­tudes : le ras­sem­ble­ment est à 7h, mais on prend le petit déjeu­ner tous ensemble juste après. Pour la véri­fi­ca­tion des ARI, elle est super­vi­sée par le garde remise qui, chaque matin, demande aux pom­piers affec­tés aux engins-pompes de se mettre en arc de cercle. On véri­fie tous ensemble : ça entre­tient les bons gestes, évite les mau­vaises habi­tudes et ren­force nos connaissances.

Je viens de citer quelques petites habi­tudes, mais mises bout à bout, elles créent une vraie solidarité.

Quelles spé­ci­fi­ci­tés ou type d’inter’ pour ce secteur ?

Le sec­teur de Bon­dy défend plu­sieurs com­munes : Bon­dy, Pavillon-sous-Bois, Noi­sy-le-Sec, une par­tie d’Aulnay-sous-Bois et de Livry-Gar­gan. Nous sommes encla­vés dans le 93, sur un sec­teur popu­laire, mar­qué par la pré­ca­ri­té et la détresse sociale.

Les risques y sont variés : auto­routes, voies fer­rées, fleuve, cités sen­sibles… L’activité opé­ra­tion­nelle est intense, avec une moyenne de 31 inter­ven­tions par jour. On est éga­le­ment très expo­sés aux incen­dies de natures diverses : feux de voi­ture, de pou­belles, de conte­nants, d’appartements.

J’ai envie d’ajouter que nous avons la chance de dis­po­ser d’un camion de dés­in­car­cé­ra­tion, l’un des trois de la Bri­gade. Sa zone de com­pé­tence est consé­quente et nous amène à inter­ve­nir loin sur le sec­teur Bri­gade, sur un large panel d’interventions.

Quelle est l’intervention qui t’a le plus mar­qué dans ce CS ?

Je n’ai pas envie de par­ler d’une inter­ven­tion en par­ti­cu­lier. On est for­ma­tés pour inter­ve­nir, prendre en charge les vic­times rapi­de­ment et effi­ca­ce­ment, quelle que soit la situation.

Ce qui me marque le plus, c’est l’environnement : la famille, les cris, les pleurs, la détresse, le contexte, les enfants par­fois… Tout cela, c’est sou­vent plus mar­quant que l’action elle-même. Com­ment res­ter insen­sible face à un couple marié depuis soixante ans dont l’un des deux vient de décéder ?

Sou­ve­nir per­son­nel le plus mar­quant dans ce CS ?

Bon­dy n’est pas ma pre­mière caserne, et quand on mute, il faut tout recons­truire. Ce n’est jamais simple, mais avec le temps les col­lègues deviennent des amis et on crée de nou­veaux liens.

Ce qui me marque le plus, ce n’est pas un sou­ve­nir pré­cis, mais un res­sen­ti glo­bal. En caserne, on ren­contre des per­sonnes qu’on n’aurait jamais croi­sées ailleurs. On est réunis par la même pas­sion : l’opérationnel. Et autour de ça, on tisse des liens forts.

Dans une caserne, il y a tou­jours quelqu’un pour dis­cu­ter, pour refaire le monde, quelle que soit l’heure.


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