Web-série – Situé au cœur d’un secteur très sollicité du 93, le centre de secours Bondy repose sur une cohésion quotidienne et une solidarité bien ancrée. Romain nous décrit un fonctionnement simple, humain, fait de petits gestes et d’habitudes qui soudent tout le CS.
Bonjour Romain, pourrais-tu te présenter ?
Bonjour, je suis le caporal-chef Condi Romain. J’ai actuellement 11 ans et demi de service à la BSPP. J’ai commencé ma carrière au centre de secours Pantin, où je suis resté huit ans. J’y ai débuté comme sapeur, avant de passer trois ans à la remise, puis d’évoluer au grade de caporal et enfin caporal-chef. Je suis désormais affecté au CS Bondy depuis trois ans et demi.
Côté personnel, cela fait maintenant quatre ans que je me suis installé en région parisienne. C’est un vrai plus, car je suis originaire du plus petit département de France, la Lozère, et les allers-retours étaient à chaque fois un vrai périple.
Je suis passionné de rugby — même si je n’en fais plus — et je suis également le football, avec un soutien particulier pour le Paris Saint-Germain.
Quel est le premier aspect positif qui te vient en tête en pensant à ce CS ?
Je pense immédiatement à l’entraide : ici, tous grades confondus, on s’aide les uns les autres. Ce sont plein de petites choses que l’on a mises en place. On fait les TIG ensemble, la plonge aussi, et ce tous les jours. Ce sont des détails, mais cela permet à nos plus jeunes d’être moins épuisés, d’avoir plus de temps pour réviser et manœuvrer.
On a aussi nos habitudes : le rassemblement est à 7h, mais on prend le petit déjeuner tous ensemble juste après. Pour la vérification des ARI, elle est supervisée par le garde remise qui, chaque matin, demande aux pompiers affectés aux engins-pompes de se mettre en arc de cercle. On vérifie tous ensemble : ça entretient les bons gestes, évite les mauvaises habitudes et renforce nos connaissances.
Je viens de citer quelques petites habitudes, mais mises bout à bout, elles créent une vraie solidarité.
Quelles spécificités ou type d’inter’ pour ce secteur ?
Le secteur de Bondy défend plusieurs communes : Bondy, Pavillon-sous-Bois, Noisy-le-Sec, une partie d’Aulnay-sous-Bois et de Livry-Gargan. Nous sommes enclavés dans le 93, sur un secteur populaire, marqué par la précarité et la détresse sociale.
Les risques y sont variés : autoroutes, voies ferrées, fleuve, cités sensibles… L’activité opérationnelle est intense, avec une moyenne de 31 interventions par jour. On est également très exposés aux incendies de natures diverses : feux de voiture, de poubelles, de contenants, d’appartements.
J’ai envie d’ajouter que nous avons la chance de disposer d’un camion de désincarcération, l’un des trois de la Brigade. Sa zone de compétence est conséquente et nous amène à intervenir loin sur le secteur Brigade, sur un large panel d’interventions.
Quelle est l’intervention qui t’a le plus marqué dans ce CS ?
Je n’ai pas envie de parler d’une intervention en particulier. On est formatés pour intervenir, prendre en charge les victimes rapidement et efficacement, quelle que soit la situation.
Ce qui me marque le plus, c’est l’environnement : la famille, les cris, les pleurs, la détresse, le contexte, les enfants parfois… Tout cela, c’est souvent plus marquant que l’action elle-même. Comment rester insensible face à un couple marié depuis soixante ans dont l’un des deux vient de décéder ?
Souvenir personnel le plus marquant dans ce CS ?
Bondy n’est pas ma première caserne, et quand on mute, il faut tout reconstruire. Ce n’est jamais simple, mais avec le temps les collègues deviennent des amis et on crée de nouveaux liens.
Ce qui me marque le plus, ce n’est pas un souvenir précis, mais un ressenti global. En caserne, on rencontre des personnes qu’on n’aurait jamais croisées ailleurs. On est réunis par la même passion : l’opérationnel. Et autour de ça, on tisse des liens forts.
Dans une caserne, il y a toujours quelqu’un pour discuter, pour refaire le monde, quelle que soit l’heure.
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