
Web-série — Caporal-chef à Courbevoie depuis 14 ans, Antoine Renault a bâti l’essentiel de sa carrière dans cette petite caserne du département 92. Entre vie de famille, souvenirs marquants et un secteur d’intervention unique marqué par le quartier de La Défense, il partage son expérience au sein de la Brigade.
Bonjour Antoine, pourrais-tu te présenter ?
Salut, je suis le caporal-chef Antoine Renault. J’ai 36 ans, je suis papa d’une petite fille et je vis avec ma femme dans la Sarthe, tout près du Mans.
Côté Brigade, j’ai seize ans de service. J’ai commencé par deux ans en tant que spécialiste secours à victime car j’étais inapte incendie à l’époque. J’ai ensuite obtenu mon aptitude, ce qui m’a permis de décaler sur feu. J’ai été affecté au CS Courbevoie et je n’ai plus jamais changé : cela fait maintenant quatorze ans que j’y suis, et j’en suis très heureux.
Quel est le premier aspect positif qui te vient en tête en pensant à ce CS ?
Courbevoie, c’est quasiment toute ma carrière. Ici, j’ai rencontré des collègues qui sont aujourd’hui devenus des amis. C’est une petite caserne, on vit les uns avec les autres au quotidien, ce qui crée des liens très forts.
Quelles spécificités ou type d’inter’ pour ce secteur ?
Notre secteur est marqué par le quartier de La Défense, qui concentre le plus grand nombre d’immeubles de grande hauteur de la plaque parisienne. La dalle en particulier nécessite une approche tactique particulière en cas d’évènement majeur. Elle est construite comme un millefeuille : en dessous, l’autoroute ; au-dessus, les transports (métro, RER, tram, bus) ; puis le centre commercial Les 4 Temps, et enfin la dalle avec ses bureaux, lieux de spectacle et flux constants de population. C’est un espace unique qui concentre chaque jour entre 600 000 et 800 000 personnes.
Quelle est l’intervention qui t’a le plus marqué dans ce CS ?
En seize ans de service, il y en aurait beaucoup, mais deux me viennent en tête.
La première, côté incendie, c’est la période des émeutes à Nanterre après la mort de Nahel. Le départ des tensions étant tout proche de notre secteur, nous avons été très sollicités. C’était intense, avec un vrai risque pour nous lors des interventions.
La seconde, côté secours à victime, est une intervention particulièrement difficile qui a eu lieu le jour de mon anniversaire. En pleine nuit, nous décalons pour une personne menaçant de se jeter dans le vide. À l’arrivée, nous découvrons un drame : un père a noyé sa fille de 3 ans avant de s’égorger et de se jeter du deuxième étage à notre arrivée. Notre chef d’agrès du PSE a découvert l’enfant lors de la reconnaissance. L’atmosphère dans le camion au retour était très lourde. Personne n’a trouvé le sommeil cette nuit-là, on a préféré parler jusqu’au matin. Le lendemain, le psychologue de la Brigade est venu pour un échange collectif, avec la possibilité de s’entretenir individuellement. Cette prise en charge a été essentielle, car dans ce type d’intervention, l’ancienneté ne protège pas : chacun peut être touché.
Souvenir personnel le plus marquant dans ce CS ?
Quand je partirai, je garderai en mémoire tous ces moments passés au PVO : des nuits entières à discuter, à refaire le monde. Ce sont des souvenirs simples mais inestimables, que je n’oublierai jamais.