UN POMPIER, UN CS — Antoine au CS Courbevoie

Raphaël Orlan­do —  — Modi­fiée le 28 août 2025 à 02 h 58 

Web-série — Caporal-chef à Courbevoie depuis 14 ans, Antoine Renault a bâti l’essentiel de sa carrière dans cette petite caserne du département 92. Entre vie de famille, souvenirs marquants et un secteur d’intervention unique marqué par le quartier de La Défense, il partage son expérience au sein de la Brigade.

Bon­jour Antoine, pour­rais-tu te présenter ?

Salut, je suis le capo­ral-chef Antoine Renault. J’ai 36 ans, je suis papa d’une petite fille et je vis avec ma femme dans la Sarthe, tout près du Mans.

Côté Bri­gade, j’ai seize ans de ser­vice. J’ai com­men­cé par deux ans en tant que spé­cia­liste secours à vic­time car j’étais inapte incen­die à l’époque. J’ai ensuite obte­nu mon apti­tude, ce qui m’a per­mis de déca­ler sur feu. J’ai été affec­té au CS Cour­be­voie et je n’ai plus jamais chan­gé : cela fait main­te­nant qua­torze ans que j’y suis, et j’en suis très heureux.

Quel est le pre­mier aspect posi­tif qui te vient en tête en pen­sant à ce CS ?

Cour­be­voie, c’est qua­si­ment toute ma car­rière. Ici, j’ai ren­con­tré des col­lègues qui sont aujourd’hui deve­nus des amis. C’est une petite caserne, on vit les uns avec les autres au quo­ti­dien, ce qui crée des liens très forts.

Quelles spé­ci­fi­ci­tés ou type d’inter’ pour ce secteur ?

Notre sec­teur est mar­qué par le quar­tier de La Défense, qui concentre le plus grand nombre d’immeubles de grande hau­teur de la plaque pari­sienne. La dalle en par­ti­cu­lier néces­site une approche tac­tique par­ti­cu­lière en cas d’évènement majeur. Elle est construite comme un mil­le­feuille : en des­sous, l’autoroute ; au-des­sus, les trans­ports (métro, RER, tram, bus) ; puis le centre com­mer­cial Les 4 Temps, et enfin la dalle avec ses bureaux, lieux de spec­tacle et flux constants de popu­la­tion. C’est un espace unique qui concentre chaque jour entre 600 000 et 800 000 personnes.

Quelle est l’intervention qui t’a le plus mar­qué dans ce CS ?

En seize ans de ser­vice, il y en aurait beau­coup, mais deux me viennent en tête.

La pre­mière, côté incen­die, c’est la période des émeutes à Nan­terre après la mort de Nahel. Le départ des ten­sions étant tout proche de notre sec­teur, nous avons été très sol­li­ci­tés. C’était intense, avec un vrai risque pour nous lors des interventions.

La seconde, côté secours à vic­time, est une inter­ven­tion par­ti­cu­liè­re­ment dif­fi­cile qui a eu lieu le jour de mon anni­ver­saire. En pleine nuit, nous déca­lons pour une per­sonne mena­çant de se jeter dans le vide. À l’arrivée, nous décou­vrons un drame : un père a noyé sa fille de 3 ans avant de s’égorger et de se jeter du deuxième étage à notre arri­vée. Notre chef d’agrès du PSE a décou­vert l’enfant lors de la recon­nais­sance. L’atmosphère dans le camion au retour était très lourde. Per­sonne n’a trou­vé le som­meil cette nuit-là, on a pré­fé­ré par­ler jusqu’au matin. Le len­de­main, le psy­cho­logue de la Bri­gade est venu pour un échange col­lec­tif, avec la pos­si­bi­li­té de s’entretenir indi­vi­duel­le­ment. Cette prise en charge a été essen­tielle, car dans ce type d’intervention, l’ancienneté ne pro­tège pas : cha­cun peut être touché.

Sou­ve­nir per­son­nel le plus mar­quant dans ce CS ?

Quand je par­ti­rai, je gar­de­rai en mémoire tous ces moments pas­sés au PVO : des nuits entières à dis­cu­ter, à refaire le monde. Ce sont des sou­ve­nirs simples mais ines­ti­mables, que je n’oublierai jamais.


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